XXXV

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Faith

Le temps semble s'étirer infiniment depuis que j'ai quitté l'appartement d'Alban. Devant le Dunkin', je demeure immobile, scrutant les ombres dans le café désert, vidé de toute animation à cette heure avancée de la nuit. Les échos des conversations animées qui emplissaient autrefois cet endroit résonnent encore dans ma mémoire, mais maintenant, il n'est que silence et désolation. Ethan, que je rejoignais souvent avant les cours, n'est plus là pour partager ces moments. Son absence laisse un vide palpable, un vide qui semble aspirer toute énergie et toute joie. Je sens une douleur sourde m'envahir, m'engloutissant dans un tourbillon d'émotions sombres. Si même Ethan m'a abandonnée, alors qui pourrait jamais le remplacer dans ma vie ?

Je détourne le regard vers le sol et me mets en route. Chaque pas semble peser une tonne alors que je me dirige vers le bâtiment, pénétrant dans l'obscurité de la nuit. Je consulte brièvement l'horloge qui indique minuit dix. Je m'avance avec précaution, glissant à travers le couloir dans un silence presque complet, par crainte de déranger mon père et Sara.

J'ouvre la porte de ma chambre. Un frisson me traverse. J'avais oublié de fermer la fenêtre avant de partir... Mes pensées étaient ailleurs, bien loin de ce détail. J'allume la lumière avant de refermer la fenêtre, puis je m'effondre sur mon lit. Je n'ai même pas pris le temps de me doucher. Mais je sais que mon père ne tolérera pas d'être réveillé. Je vais devoir faire une exception ce soir... Je saisis mon pyjama sous mon oreiller et l'enfile rapidement. En relevant ma manche, je contemple mon bras avec une certaine répugnance.

- Faith ? chuchote une voix.

Je rabats rapidement ma manche et lève les yeux. C'est Sara, vêtue d'un pyjama en satin noir.

- Est-ce que je vous ai réveillée ? demandé-je, feignant l'inquiétude.

- Non, ne t'en fais pas, je n'étais pas encore endormie.

- À cette heure-ci ?

- J'avais peur que tu ne rentres pas.

Je fronce les sourcils.

- Pourquoi ne serais-je pas rentré ?

Elle hausse les épaules.

- Ton père est-il au courant ? demande-t-elle.

- De quoi devrait-il être au courant ?

- Que tu fumes.

Je secoue la tête.

- Je ne fume pas. D'où sortez-vous ça ?

- C'est moi qui ai ouvert la fenêtre, l'odeur de la fumée était encore présente.

Mes lèvres se pincent. Je n'avais donc pas oublié...

- Je ne fume pas habituellement, c'est juste que...

Elle m'adresse un sourire réconfortant.

- Faith, je peux le voir. Ces derniers jours, quelque chose ne va pas.

- Comment le savez-vous ? Vous me connaissez à peine depuis un mois.

- Tu ne descends jamais pour manger.

- Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien vous faire ? Vous êtes là pour mon père, n'est-ce pas ? Vous vous fichez bien de moi.

Elle s'assoit à côté de moi.

- Pas du tout, je me soucie de toi, assure-t-elle.

- Pourquoi ?

- Même si je te connais peu, il est évident que quelque chose cloche.

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