Forgotten Memory

XVI

Alban

Faith ne s'est pas présentée en cours, ni hier, ni aujourd'hui. Je lui ai envoyé un message, qu'elle n'a pas vu, ou peut-être ignoré. Je me tiens devant mon téléphone, me demandant si je ferais mieux de contacter son père ou pas, conscient que Faith reste mon élève et que tout traitement différent des autres me serait interdit.

Finalement, je saisis un crayon, le dépose avec précaution sur le rebord d'une trousse.

S'il penche vers la gauche, j'appelle; dans le cas contraire, je m'abstiens.

Le lâchant, il demeure immobile, puis se penche vers la gauche. Je compose le numéro et appelle, j'appelle celui qui l'a conduite à de telles atrocités.

— Allô ? résonne une voix après trois vibrations.

— Bonjour, je suis Alban Johnson, le professeur principal de Faith. Je vous appelle car elle ne s'est présentée ni à la réunion parents-professeurs ni en cours ces deux derniers jours.

Un silence persiste avant qu'il ne soupire longuement.

— Faith ne dis jamais rien, se plaint-il.

Je laisse le silence s'étendre.

— Mais j'aimerais vous rencontrer, souligné-je, c'est important.

— J'arrive.

— Faith avec vous, précisé-je.

— Oui.

Je raccroche, déposant le téléphone sur mon bureau. La conversation fut brève. Mon stylo presse contre le bureau, montrant le peu de patience qui m'anime en fin de journée. Mes inquiétudes pour Faith se mêlent à la peur de sa réaction face à l'annonce de devoir se rendre au lycée.

***

Vingt minutes plus tard, des doigts frappent à la porte.

— Entrez, articulé-je.

La porte s'entrouvre, révélant les silhouettes de Faith et de son père. Un sourire arbore mon visage, mais tout se déroule avec une rapidité, une brusquerie, un déroutement, une soudaineté déconcertants. J'aurais dû m'abstenir de faire venir cet homme, jamais je n'aurais dû le faire. Si Faith a séché, c'était uniquement pour éviter de faire venir son père. Elle avait compris, elle le savait, et je ne saurais expliquer comment j'ai pu passer à côté. Monsieur Davis incarne mon plus sombre cauchemar. C'est lui qui a tué mes parents. Ses cheveux aussi noirs que ceux de sa fille, ses yeux émeraudes, son allure hautaine, même avec son mètre soixante-dix, tout me ramène à l'ombre du passé. J'essaie de maintenir mon sourire qui prend une teinte nerveuse.

— Installez-vous, leur proposé-je.

Le père prend place, mais Faith reste debout.

— Tu... Tu peux t'asseoir aussi, Faith.

Elle secoue la tête, prête à s'exprimer lorsque son père la coupe :

— Quelques minutes debout ne lui seront pas fatidiques.

J'hausse les épaules, m'appuyant contre mon siège, cherchant comment débuter cette conversation après la révélation qui m'a été faite. Un regard furtif vers Faith, qui évite le mien, révèle son air contrarié. Si j'avais su, j'aurais évidemment agi autrement.

— La terminale est d'une grande importance, déclaré-je.

— Oui, je sais, réplique Monsieur Davis, mais Faith en semble peu consciente.