Forgotten Memory

XLIV

Faith

Le bus est bondé ce matin, chaque siège occupé, chaque allée encombrée. Je me suis assise à côté d'Ariana, non par choix, mais par nécessité, pour ne pas paraître impolie. Pourtant, une sourde appréhension me noue l'estomac ; à ses côtés, je ressens une étrange oppression, comme si ses doigts invisibles manipulaient les fils de ma liberté.

Lorsque nous arrivons enfin au lycée, je garde mes écouteurs fermement en place. Ariana ne dit rien, elle non plus, et ce silence inhabituel entre nous ajoute à l'étrangeté du moment.

Nous montons l'escalier en silence, et c'est seulement à l'étage que je range mes écouteurs, les enfouissant précipitamment dans ma poche.

La porte de la salle 133 est entrouverte. Contre toute attente, Alban est déjà là, ponctuel en ce lundi matin, contrairement à son habitude. En entrant, je l'aperçois derrière son bureau, fouillant probablement dans une pile de documents qu'il s'apprête à nous distribuer.

Quelques minutes s'écoulent avant qu'il se lève, attirant notre attention :

— Je vais vous donner les notes du contrôle de mardi, annonce-t-il d'une voix neutre.

Mon cœur se serre d'angoisse. Inutile d'entendre la note pour savoir que j'ai échoué, le test était compliqué, je dois l'avouer.

— Adelson, 38/100.

— Anderson, 49/100.

— Bailey, 57/100.

— Benson, 29/100.

— Carter, 30/100.

— Collins, 50/100.

Mon pied tape nerveusement le sol, un tic involontaire face à l'attente insoutenable.

— Daniels, 62/100.

— Davis, 82/100, meilleure note de la classe.

Je fronce les sourcils, incrédule. Cette note me semble irréaliste pour l'effort que j'ai fourni.

— Evans.

Le regard d'Alban balaye la salle avant de s'arrêter sur Ariana.

— 82/100, aussi.

Je déglutis avec difficulté, essayant de dissimuler la jalousie et la déception qui m'envahissent. Des émotions contradictoires, mêlées et troubles, m'étreignent.

Il continue de lire les notes, chacune résonnant comme une cloche dans ma tête.

— Comme vous avez pu le constater, les résultats sont majoritairement mauvais.

Alban distribue ensuite les contrôles corrigés. Lorsque le mien atterrit sur ma table, un "64/100" y est inscrit. Une lueur de surprise m'envahit : il a donc menti. Peut-être pour ne pas accentuer mon embarras...

À côté de cette note, quelques mots griffonnés : Viens me voir à la fin du cours.

Il s'assoit sur le bord de son bureau et commence à expliquer les erreurs fréquentes, détaillant les pièges dans lesquels la majorité d'entre nous est tombée.

Je ne savais pas qu'Ariana excellait à ce point en histoire. Si je l'avais su, peut-être aurais-je étudié davantage.

Après ce qui semble être une éternité, la sonnerie retentit enfin, signalant la fin du cours. Je reste assise, patientant jusqu'à ce que la dernière élève quitte la classe. Lentement, je me lève, prenant soin de m'assurer que personne ne peut espionner notre échange, puis je me dirige vers le bureau d'Alban.