XXXVIII

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Alban

Les dernières notes de musique s'estompent dans l'habitacle de la voiture, laissant place à un silence oppressant tandis que je m'extirpe de mon siège.

Un sentiment familier d'urgence m'envahit alors que je me rends compte de mon retard imminent.

Mais est-ce vraiment étonnant ? Non, pas du tout.

Chaque pas résonne sur le bitume du parking alors que je tente d'enfiler ma veste à la hâte, pressé par le temps qui s'écoule. Je m'efforce de hâter le pas, mais une voix familière me fait brusquement tourner la tête :

- T'as changé, Alban.

Je me retourne pour lui faire face, son visage se dessine dans la pénombre.

- Monsieur Johnson, hein ? C'est rigolo, se moque-t-il.

Une ironie du destin. Son absence ne m'avait pas manqué, loin de là.

- Je suis en retard, déclaré-je, un brin sèchement.

- Je me suis déplacé exprès pour toi. Je t'attendais.

- Ton intérêt ne m'émeut absolument pas, Larry.

Il était le dernier de mes soucis en cet instant. Je reprends ma marche précipitée, mais ses pas résonnent derrière moi, sa silhouette floue enveloppée dans la brume de sa cigarette.

- Je voulais te parler d'Ethan, m'informe-t-il. Mais peu importe.

- Si tu comptes me confesser ta complicité, épargne tes mots.

- Peut-être ai-je ma part de responsabilité.

- Alors garde le silence.

- Amélia Lee, ce nom te dit quelque chose ?

Je m'arrête net. Un silence pesant s'installe entre nous.

- Ouais, elle était sa copine.

- Ouais, en effet.

- Et alors ? En quoi ça la concerne ?

- Elle l'a trompé.

Je n'en suis pas surpris. La triste nouvelle que la fin d'Ethan soit liée à une liaison ne fait que renforcer ma conviction que l'amour est une entreprise vouée à l'échec.

- Mais j'ai fait payer cher, en retour, admet Larry.

- Payer quoi ?

- Les trois années de loyer que j'ai couvertes pour lui, de mon propre argent.

- Ethan était littéralement ruiné, pourquoi lui faire payer ?

- Car j'ai cru bon, pour une fois, d'offrir confiance et affection, mais j'ai été con.

Je soupire, résigné.

- Tu me les as tous mis à dos, même mon plus proche ami, me rappelle-t-il.

- C'est entièrement ta faute.

- Je t'ai accordé ma confiance, Alban.

- T'as essayé de m'ôter la vie, de me tuer.

- Je t'avais averti, la trahison mène à la mort.

- Cette discussion est close.

- Tu ne pourras pas m'échapper, Alban, jamais.

- Je le sais.

- Et Faith Davis ne m'échappera pas non plus.

Je plonge mon regard dans le sien, cherchant à transmettre toute la détermination dont je suis capable.

Forgotten MemoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant