Forgotten Memory

XXXIII

Alban

Le vendredi s'étire dans une solitude oppressante qui semble s'enrouler autour de moi comme un étau. Faith et Ethan ont été comme des ombres fuyantes cette semaine, m'évitant comme si j'étais porteur d'une malédiction. Faith ne s'est pas présentée en cours de la semaine. Chaque jour sans nouvelle d'eux est comme un poids supplémentaire sur mes épaules déjà chargées. J'ai perdu le compte du nombre de fois où j'ai tenté de les contacter, de leurs appels manqués à mes messages restés sans réponse. C'est comme si je criais dans un gouffre sans fond, seul écho à mes propres tourments.

Sur le parking désert des professeurs, je me tiens debout sous la pluie battante, une cigarette entre les doigts, regardant les gouttes s'écraser contre le bitume avec une intensité croissante. Chaque goutte résonne dans le silence pesant qui m'entoure, soulignant davantage mon isolement. Je n'ai osé rien faire jusqu'aujourd'hui : je vais rendre visite à Ethan. Peut-être a-t-il eu l'occasion de parler avec Faith, là où moi j'ai échoué. L'idée de me présenter chez elle, après tout ce qui s'est passé, me semble insurmontable, comme gravir une montagne infranchissable. Ethan, lui, a ignoré mes messages, et même si Faith les a ouverts, son silence me laisse dans l'incertitude la plus totale.

Écrasant ma cigarette sous la pluie battante, je retourne vers ma voiture, mes cheveux trempés collant à mon front. L'étrangeté de cette situation me frappe de plein fouet. Je me sens inutile, abandonné à mes propres démons, errant dans un océan de solitude. Les mots de Faith résonnent dans mon esprit. Jamais je n'aurais imaginé qu'elle puisse me tourner le dos de la sorte, et pourtant, c'est une réalité à laquelle je dois maintenant faire face.

Lorsque le vrombissement du moteur de ma voiture brise le silence du parking, une silhouette féminine se précipite vers moi, sa tête enveloppée dans une écharpe, tentant vainement de se protéger de la pluie. C'est Jenna.

Qu'est-ce qu'elle me veut encore ?

Elle tambourine contre la vitre, et je cède, ouvrant la fenêtre.

— Alban, s'il te plaît, emmène-moi chez moi. Qui aurait cru que cette pluie viendrait gâcher une si belle journée ? se plaint-elle.

Je soupire, presque résigné.

— Alban, je t'en prie, insiste-t-elle.

— Monte, lâché-je enfin, acceptant à contrecœur.

Elle s'installe à mes côtés, du côté passager, et je démarre sans un mot.

— Merci, murmure-t-elle.

Je reste muet.

— C'est étrange que Faith ait manqué les cours cette semaine, tu ne trouves pas ? essaie-t-elle d'engager la conversation.

Je hausse les épaules, indifférent.

— Tu n'as pas de nouvelles ? me questionne-t-elle.

Comme si elle en avait quelque chose à foutre...

— Je pensais que ça te laissait indifférente, lui répliqué-je sèchement, que tu t'en foutais royalement.

— C'est préoccupant, tu sais, l'absentéisme en terminale, ce n'est jamais bon, tente-t-elle de se justifier.

— Je n'ai aucune nouvelle, finis-je par avouer.

Elle acquiesce silencieusement.

— Tu veux faire une pause chez moi et prendre un café, en signe de remerciement ? propose-t-elle avec insistance.