XXXIV

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Faith

Perdue dans les méandres de mes pensées, je me tiens là, accoudée à la balustrade de ma chambre, contemplant le paisible spectacle nocturne offert par la rue éclairée par les lumières des lampadaires. Entre mes doigts, une cigarette, je me répugne, ça doit faire bien des mois que je n'ai plus mis la main la dessus.

À chaque inhalation de fumée, mes interrogations se font plus pressantes. Encore une fois, j'ai entrepris ma journée avec la ferme intention de suivre la voie tracée de la routine, pour aller au lycée, enfilant mon uniforme. Pourtant, comme tous les jours depuis lundi, je ne suis pas allée en cours.

Les mots que j'ai dit, vides de sens et teintés d'amertume, résonnent comme un écho dans le silence de ma conscience. Monsieur Johnson, ou plutôt Alban, comme je devrais désormais le nommer après ce qu'il s'est passé, avait discerné la vérité. Pourtant, par habitude ou par peur, j'ai choisi de nier, refusant de reconnaître la pertinence de ses observations.

La fumée s'échappe de mes lèvres, emportant avec elle mes tourments dans un ballet aérien. Ethan, autrefois si présent dans ma vie, semble s'être évanoui lui aussi. Je n'ai pas pris la peine de le contacter, et notre échange muet lors de notre dernière rencontre a dressé entre nous un mur invisible, brisant le fragile équilibre sur lequel reposait notre relation.

D'un geste déterminé, je jette ma cigarette par la fenêtre, sentant le poids de la solitude s'abattre sur mes épaules. Depuis lundi, cette sensation de vide semble avoir trouvé en moi un merveilleux endroit où s'épanouir, nourrissant ma tristesse.

Immobile, dans un désespoir palpable, je reste là, figée, jusqu'à ce que le son de mon téléphone vibre sur le bureau.

Qui pourrait bien me déranger à une heure si tardive ?

Je relève lentement la tête, laissant échapper un soupir chargé de lassitude, avant de m'installer devant mon bureau. Mes yeux se posent sur l'écran lumineux de mon téléphone.

Alban.

Son nom clignote, presque insistant, un rappel de sa présence envahissante dans ma vie ces derniers jours et de ses dizaines de messages. Malgré moi, je suis tentée de l'ignorer, de ne pas céder à l'urgence de répondre, mais son insistance trahit une certaine inquiétude pour moi.

Mes doigts hésitent avant de saisir le téléphone, de déverrouiller l'écran. Je me retrouve face à son message.

Trois mots.

Trois mots anodins, en apparence, mais c'est comme si ces mots avaient eu le pouvoir de saisir mon cœur et de le broyer, le réduisant en poussière par leur seule cruauté.

Ethan est mort.

C'est tout ce qu'il a écrit. Trois mots qui résonnent dans le vide de ma conscience, trois mots qui défient toute logique et tout espoir. Mon regard les parcourt à maintes reprises, refusant d'accepter leur réalité brutale.

Mes mains tremblent, mes yeux s'embuent de larmes, transformant le message en une vision floue et indistincte. Je laisse tomber mon téléphone sur le bureau, couvrant ma bouche de mes mains tremblantes pour étouffer les sanglots qui menacent de s'échapper.

Les larmes coulent, incontrôlables. Je lutte pour retenir les gémissements de douleur qui montent de ma poitrine, pour garder le silence.

Le monde est cruel, la vie peut être arrachée en un instant, laissant derrière elle un vide.

Je me mords la lèvre inférieure jusqu'au sang, une tentative désespérée de contenir le flot de douleur qui menace de submerger mon être déjà brisé. Mon pied tape contre le sol, rythmant le désespoir qui envahit ma conscience.

Forgotten MemoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant