XXVI

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Faith

Il s'éternise dans sa chambre depuis près une décennie de minutes. Le prénom "Ethan" résonne de ses lèvres à maintes reprises, c'est sûrement lui qui l'a appelé. On dirait qu'il s'abstient de crier parce que je suis là, il se dispute probablement avec Ethan... J'attends patiemment quelques moments de plus avant qu'il ne fasse son apparition dans le salon.

— Faith, je dois te déposer chez toi.

Je relève mon regard vers lui et sans même réfléchir, je secoue énergiquement la tête. Il réprime un soupir.

— Je ne peux pas t'emmener avec moi, m'informe-t-il.

— Tu vas où ? l'interroge-je.

Ce ne sont pas mes affaires, mais ça m'importe peu. Je ne veux pas qu'il se drogue dans mon dos, surtout après notre promesse.

— Écoute, Faith, commence-t-il, Ethan n'est pas le mec tout souriant que tu penses connaître.

Un sourcil arqué, je l'invite à continuer.

— Il est accro, Faith, bien plus que tu ne pourrais l'imaginer, plus que moi.

Je fronce les sourcils. Ethan se drogue. J'ai trop souvent versé mes larmes sur son épaule, ignorant tout de lui. Je sais seulement que son père est absent, que sa mère est dépendante à l'alcool, et qu'il a quelques problèmes financiers.

— Ce mec veut mourir.

Ethan veut mourir. Ces mots me laissent au bord des larmes.

— Il m'a demandé d'aller chercher ses sachets de coke, poursuit-il, en tant qu'ami, tu pourrais dire que je devrais refuser. Mais, je suis convaincu que ma raison surpassera la sienne.

— Mais... Ethan n'a pas les moyens, alors pourquoi est-ce qu'il mettrait son argent dans la drogue ? ose-je demander.

Sa réponse, bien que surprenante, est accompagnée d'un sourire.

— Inutile de réexpliquer le concept de la drogue, n'est-ce pas ? Une fois dedans, difficile d'arrêter, me rappelle-t-il.

Je hoche la tête.

— Tu veux toujours venir ? me questionne-t-il.

— Oui, réponds-je sans la moindre hésitation.

Il lève un sourcil.

— C'est risqué.

— Mais je suis déjà venue avec vous, je lui rappelle, avec toi.

— Mais, Faith...

— S'il te plaît.

— Pourquoi ? Tu risques de le regretter.

— Ce sera mon problème.

Il se dirige vers la sortie, attrapant sa veste.

— On y va, me dit-il.

Tentant maladroitement d'arquer mes lèvres en un sourire, mes efforts tombent à plat. Nous quittons l'appartement, nous dirigeant vers sa voiture. À l'intérieur, mon regard est attiré par la photo affichée sur son pare-brise. Il a hérité des cheveux blonds de sa mère, bien que son père ait partagé cette teinte, mais de manière beaucoup moins prononcée. En fait, il est le portrait craché de sa mère. Ses yeux gris, son nez droit, ses sourcils parfaitement dessinés, sa bouche légèrement pulpeuse, sa mâchoire marquée, sont identiques à ceux de sa mère.

— J'avais quinze ans, précise-t-il, mon frère en avait huit. Ils sont morts sept mois plus tard.

J'acquiesce.

Forgotten MemoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant