Alban, 7 ans plus tôt
Le ciel, lourd de ses nuages plombés, semblait refléter l'humeur glaciale de l'hiver qui s'était installé sur la ville.
Nous étions là, immobiles, face au bureau austère de la psychologue d'Ethan. Bien que je n'aie posé mes valises à Boston que depuis huit mois, cette ville était déjà devenue mon foyer. En quittant Philadelphie, je n'avais rien perdu, si ce n'est mon frère.
Julian, à mes côtés, en était à sa cinquième cigarette, sa silhouette se découpant dans le halo de fumée. Malgré mes préférences pour des soirées plus chaleureuses, ce moment dans le froid glacial était préférable à l'enfermement oppressant des murs universitaires.
Comme si j'y allais...
Ce jour-là, Julian avait programmé une rencontre avec son meilleur ami, Larry, qui habitait à proximité d'Ethan et moi.
Larry, le nom résonnait comme un écho lointain de danger. Leader d'une bande de trafiquants dans le quartier, il était notre lien inattendu avec un monde d'ombres et de trafics illégaux. Si Julian avait gardé le silence sur son existence jusqu'à présent, c'était par crainte du danger. Mais nous n'avions plus le luxe de choisir.
Après une attente interminable, les lourdes portes du bureau de la psy s'ouvrirent enfin, libérant Ethan dans un soupir fatigué.
— Je suis épuisé, déclara-t-il, ses mots s'échappant dans un nuage de vapeur, ses mèches auburn dansant sur son front.
— Et alors, elle t'a dit quoi ? demanda Julian.
— Eh bien, elle m'a fait la leçon sur les médicaments. Comme si prendre dix mille grammes par jour allait régler quoi que ce soit, répondit-il, tentant d'imiter la voix de la psychologue. Elle me rabâche ça tous les soirs, comme si j'étais ignorant. J'en ai marre ! Et qu'est-ce qu'elle dira quand elle découvrira que je me drogue ?
Un silence pesant s'abattit, jusqu'à ce qu'Ethan y mette fin lui-même.
— La drogue est illégale, Ethan, poursuivit-il.
Ethan laissa échapper un soupir sarcastique, presque amusé par sa propre blague.
— Wow, quelle révélation, lança-t-il avec ironie.
Un regard échangé entre Julian et moi, et nous éclatâmes de rire.
— C'est pas drôle ! protesta Ethan. Et ça coûte un bras, en plus.
— Allez, on y va, annonça Julian, mettant fin à la discussion.
Nous progressions, nos pas résonnant sur le bitume tandis que le vent cinglait nos visages, nous poussant jusqu'au parking où nous grimpâmes à bord de la voiture de Julian. Moi et lui à l'avant, tandis qu'Ethan s'installait à l'arrière, silhouette solitaire dans l'obscurité.
— Alors, où est-ce qu'on va déjà ? demanda Ethan. J'ai oublié.
— Arrête un peu la drogue, mec, ça te rend amnésique, répliquai-je, avec un soupçon de sarcasme.
— Très drôle, Alban, répondit-il avec un soupir.
— Non, sérieusement, on va voir un dealer, tu te souviens ? rectifiai-je finalement.
— Oh ouais, maintenant je m'en souviens, acquiesça-t-il.
Julian fit rugir le moteur dans l'immensité du parking, le véhicule s'élançant dans les rues embrumées de la nuit naissante. Dans le rétroviseur, je vis Ethan, son visage appuyé contre la vitre, son regard errant dans les ténèbres. Une pointe de tristesse m'étreignit à la vue de sa détresse, une envie irrépressible de lui venir en aide, de le sauver de lui-même.
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Forgotten Memory
RomanceDans le quotidien de Faith Davis, la solitude est une compagne constante, une ombre qui la suit où qu'elle aille. Elle serait prête à tout pour être aimée par les autres, mais semble toujours échapper à leur affection. Pour Alban Johnson, ce sont le...