Kallian.
Amarys leva les yeux vers lui, et il sut qu'il l'aimait comme il n'aimerait jamais une autre.
— Explique-moi, murmuraKallian, et il attendit qu'elle parle.
— Mon père disait que le Seigneur choisit ses enfants avant la fondation du monde, selon sa bienveillante intention.
— Bienveillante intention ? C'est cela que tu appelles bienveillant, de t'empêcher de vivre ce qui est naturel ? Tu m'aimes, Amarys. Je l'ai vu dans tes yeux quand tu m'as regardé. Je l'ai perçu quand je t'ai touchée. Ta peau était si chaude. Tu tremblais, et ce n'était pas de peur. Est-ce bienveillant de nous infliger cette souffrance ?
Le prince s'approcha d'elle et releva doucement son menton.
— Tu ne peux pas répondre, n'est-ce pas ? Tu crois que ce Dieu est tout. Qu'il te suffit. Mais je te dis qu'il ne te suffit pas. Peut-il te serrer dans ses bras, Rys ? Peut-il effleurer ta peau ? Peut-il poser ses lèvres sur les tiennes ?
Sa main caressa doucement sa joue, et lorsque ses paupières se fermèrent, son pouls s'emballa.
— Ta peau est brûlante, et ton cœur bat à l'unisson avec le mien.
Il plonga dans son regard, implorant une réponse.
— Ton Dieu te fait-il ressentir ce que je te fais éprouver ?
— Ne me fais pas cela, souffla-t-elle en emprisonnant sa main dans les siennes. Je t'en supplie, arrête.
Il savait qu'il l'avait blessée encore, mais il ignorait pourquoi. Tout cela le dépassait et le tourmentait. Comment quelqu'un d'aussi fragile pouvait-il être si obstiné ?
— Ce Dieu ne peut même pas te parler.
— Il me parle, corrigea-t-elle fermement.
Le prince retira sa main. En observant son visage, il perçut qu'elle disait la vérité. Beaucoup avaient prétendu entendre les dieux : les dieux disent ceci, les dieux disent cela. Tout ce que ces entités semblaient proclamer n'était que pour leur propre gloire. Mais en sondant les yeux d'Amarys, il n'eut aucun doute. Une peur soudaine, inexplicable, l'envahit.
— Comment ? Quand ?
— Te rappelles-tu l'histoire que j'ai racontée sur Élie et les prophètes de Baal ?
Il fronça les sourcils.
— L'homme qui appela le feu du ciel pour brûler son offrande et massacra deux cents prêtres ensuite ?
Il s'en souvenait. Il avait été étonné qu'Amarys puisse narrer une histoire aussi sanglante. Il se redressa et recula.
— Et alors ?
— Après qu'Élie ait fait périr les prêtres, la reine Jézabel jura qu'elle ferait de lui un exemple. Il s'enfuit, terrifié.
— Effrayé par une femme ?
— Pas n'importe quelle femme, Kallian. Une reine. Élie s'est caché dans le désert. Il supplia Dieu de le laisser mourir, mais Dieu envoya un ange pour le nourrir. Cette nourriture lui permit de voyager quarante jours jusqu'à Horeb, la montagne de Dieu. Il trouva une grotte où il se réfugia. C'est alors que le Seigneur se manifesta. Un vent violent éclata, fracassant les rochers, mais Dieu n'était pas dans la tempête. Ensuite vinrent un séisme et un feu, mais Dieu n'était pas dans ces phénomènes non plus. Puis, dans le calme, Élie entendit Dieu murmurer.

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Une Voix dans le vent
RomanceC'est l'histoire d'Amarys, surnommée Rys, une jeune chrétienne du royaume de Shulam devenue esclave de l'Empire d'Égée. Après avoir perdu sa famille, elle se retrouve servante de la princesse Julia Valerian, nièce de l'Empereur. Une relation complex...