Chapitre 15

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Après avoir attachée mes longs cheveux en une queue de cheval à la va-vite, je fit glisser le reste de mon corps hors de la tente tout doucement afin de ne réveiller personne , et surtout pas mademoiselle Hélène. Je ne voulais vraiment pas avoir d'ennuis.
Une fois hors de la tente, je me redressai délicatement, afin d'observer les alentours. Ma myopie, et l'obscurité de la nuit n'arrangeaient pas les choses.
Cependant, au loin, je repérai une silhouette. Elle semblait avancer d'un pas étrangement rapide. Trop rapide même.
Les rayons lunaires confirmèrent mes soupçons. C'était Icare, il était de dos, marchant droit devant lui. Sa grande taille le trahissait si facilement malgré son habile discrétion.
Mais où allait-il comme ça ? Se fichait-il vraiment des règles du campement ?

Je me doutais bien qu'il cachait quelque chose, mais il était évident qu'il ne m'en parlerait jamais de lui-même. Ma curiosité était trop grande. Je voulais...Non. Je devais savoir ce qu'il cachait .
Je décidai de le suivre, même si pour cela je prenais un risque. Si mademoiselle Hélène se rendais compte de notre absence, on allait avoir de gros ennuis. Et j'allais lui en mettre un seconde couche à celui-là, c'était de sa faute après tout.

J'enfilai à la va-vite mes petites claquettes. Je devais me dépêcher, ou j'allais le perdre de vue. Je quittai l'emplacement des tentes d'un pas silencieux, observant de loin la silhouette svelt du jeune homme s'éloigner un peu plus à chaque instant. Je ne devais absolument pas perdre sa trace. Mais je devais également être discrète. S'il me voyait, mon plan tomberait à l'eau.

Je le rattrapai en laissant tout de même une certaine distance entre lui et moi et me mis à le suivre. Il faisait beaucoup trop sombre, mais j'étais déterminée. Le craquement d'une branche sèche sous mes pieds me fis paniquer. Je me jetais contre un arbre le coeur battant quand Icare se retourna sur le qui-vive. Il était plutôt loin de moi... Je ne m'attendais pas à ce que son ouïe soit aussi fine.

Même si je n'y croyais pas, je repensais instinctivement aux histoires d'horreurs racontées par les garçons un peu plus tôt. Cela ne me rassurait pas du tout. Là nuit ajoutait toujours une part de mysticisme, ça jouait fortement sur mon imagination, qui je le rappelle s'était nourrie de films d'horreur en tout genre ces 5 dernières années à cause de ma mère.

Il pénétra dans une sorte de clairière, bordée de plusieurs grands arbres, qui ressemblaient à une forêt de grands conifères. La lune inondait de lumière ce petit espace délaissé par les arbres alentours. Je voyais clairement Icare la traverser d'un pas assuré, comme s'il savait exactement où il allait.

Je le vis quelques secondes plus tard, rentrer dans cette dite forêt. Mais pourquoi faisait-il cela ? Beaucoup trop de questions fusèrent dans mon esprit.
Je pénétrai à mon tour dans ces bois, nettement plus sombres que la clairière dans laquelle nous nous trouvions.

Des branches courbées semblaient indiquer la direction qu'il prenait. Je n'avais plus qu'à suivre les endroits où il avait posé les pieds. Des branches cassées, des traces de pas laissées dans l'humidité de la terre ou encore son odeur mélangées à celle des bois flottait encore légèrement dans l'air. Le sens du vent était à mon avantage. Il était quelque part devant moi. Tout indices était bon à prendre.

Malgré mes convictions, j'avais très peur. Depuis qu'il était entré dans ces bois,  je ne le voyais plus. J'étais donc là, seule, dans une forêt que je ne connaissais pas, à la merci des probables animaux sauvages. Me fiant uniquement à "l'instinct en carton " que je venais de développer dans cette nuit noire. Plus j'avançais, plus l'espace autour de moi semblait diminuer. Je dus alors me frayer un chemin à travers les branches, les roches accidentées et quelques ronces ayant poussé comme de la mauvaise herbe dans le coin.

Je finis par entendre au loin, un bruit d'eau couler assez rapidement. Je ne devais pas être loin de la rivière. Cela me rassura. J'aimais beaucoup reconnaître quelque chose de familier. Je voulus m'en rapprocher, suivant le bruit de l'eau, lorsque non loin de moi, un puissant grognement, suivi d'un cri terrible retentit dans le silence de la nuit.

Un frisson nuancé par le sentiment d'angoisse me mirent une boule au ventre à cet instant précis.

Florebo Quocumque Ferar TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant