C'est alors qu'il prit mes poignets et les bloqua, d'une seule main, au-dessus de ma tête, avec puissance. Il m'observait d'un regard transperçant avec son air triomphant. Pourquoi est-ce que j'adorais autant la tournure que prenait les événements ? Je ne me reconnaissait plus. Sentir sa force venait de me rendre toute chose.
- Alors ? Hum... Si tu me supplies, j'envisagerais, peut-être, de te lâcher. Lâcha-t-il, tout sourire d'une voix angeliquement démoniaque.
Ses larges épaules au-dessus de moi son bassin entre le mien. J'étais prise au piège... Un piège foutrement agréable si vous voulez mon avis, je ne voulais plus bouger. J'aimais sentir son poids sur moi. Son visage était beaucoup trop proche du mien. Ses lèvres, tout comme les miennes, m'imploraient de les liées. Je n'allais pas pouvoir me retenir bien longtemps si ça continuait comme ça. En voyant ses yeux sombrement bleu, je me focalisai sur mon plan du départ. Aussi agréable que cela pouvait être, je pris la courageuse décision de tourner la tête sur le côté, lui offrant ouvertement ma carotide découverte.
Son sourire s'effaça rapidement. Le grognement qu'il émit me fit quelque peu sursauter. Il fronçait les sourcils. Le vampire me saisit le menton et me força à le regarder droit dans les yeux.
- Je peux savoir ce que tu essaies de faire ? Murmura-t-il.
Sa voix était sérieuse et froide. Il n'avait clairement plus l'intention de rigoler. Comment allais-je lui expliquer ça ? Que j'éprouvais la désagréable sensation de lui être inutile, de ma sincérité à vouloir l'aider ? Je me sentais coupable que ma simple présence puisse lui infliger une telle tension. Il avait été un si bon ami pour moi, je voulais l'être à mon tour, pour lui. Je ne réussis qu'à formuler quelques mots tant ma gêne était grande
- Tu.. Peux me prendre un peu de sang si tu veux... Fis-je, intimidée et craignant déjà sa réaction. C'est un peu à cause de moi.. Alors je te dois bien ça moi aussi...
Réaction qu'il s'empressa de me faire partager. Il me saisit les épaules avant de me secouer, comme si j'avais perdu l'esprit. Encore.
- Tu es folle ou quoi ? ! Je refuse de te faire vivre ça une seconde fois... Tu ne me dois absolument rien... Et si je n'arrivais plus à m'arrêter ou pire ? Je tiens beaucoup trop à toi Lydia, il en est hors de question.
- Hein ? Qu'est-ce que tu viens de dire ? Bredouillai-je, encore surprise par ses aveux inintentionels.
Ses derniers mots m'intriguait énormément. Il me lâcha rapidement les épaules, avant de se mettre à fuir mon regard. Il était gêné ? Ce qui était sûr, en revanche, c'est qu'il ne savait clairement plus où se mettre.
- Rien, oublie ça, je ne veux pas te faire ça, c'est tout. Dit-il d'une toute petite voix, fuyant toujours le contact de mes pupilles.
Je sentais que quelque chose le tracassait. Il était clair qu'il n'était cependant pas disposé à m'en parler.
- Parle moi, Icare, je sens bien que tu es crispé, fis-je en faisant balader mon regard sur son corps de haut en bas.
L'intéressé daignait enfin me regarder en gardant le silence. Il semblait en pleine réflexion avec lui-même, pesant probablement le pour et le contre de ce qu'il voulait me dire.
Le vampire finit par soupirer lourdement, comme s'il venait de prendre une décision importante. Ses doigts glissèrent dans ses cheveux noirs, un geste nerveux que je n'avais encore jamais vu chez lui. Il détourna les yeux une dernière fois avant de planter son regard émeraude dans le mien, un mélange de tourment et de résignation illuminant ses iris.
— Lydia, tu ne comprends pas… Ce n'est pas seulement une question de soif ou de contrôle, dit-il doucement, presque dans un murmure.
Je fronçai les sourcils, intriguée par la gravité de son ton.
— Alors, explique-moi, Icare. Je veux comprendre, insista-je, sentant ma détermination grandir malgré l'atmosphère chargée.
Il hésita une fraction de seconde avant de poursuivre, chaque mot semblant peser une tonne.
— Ton sang… Il n'est pas comme celui des autres. C'est comme si… il m'appelait, murmurait-il, la voix tremblante. La première fois que je l'ai goûté, j'ai ressenti quelque chose que je n'avais jamais connu. Ce n'était pas seulement la satisfaction de ma soif, Lydia. C'était comme si… comme si je trouvais un sens à mon existence.
Ses aveux me laissèrent sans voix. Mon cœur battait si fort que j'avais l'impression qu'il allait éclater. Je n'avais aucune idée que mon sang pouvait provoquer de telles émotions chez lui. Je me mordis la lèvre, incertaine de la marche à suivre.
— Je ne voulais pas t'en parler, reprit-il, baissant la tête. Parce que si je te dis tout… je crains que tu ne me regardes plus jamais de la même manière et si tu te mers a avoir peur de moi, je ne risque de plus rien contrôler...
Je posai une main sur son bras pour l'inciter à poursuivre, mais il se recula légèrement, comme si mon contact le brûlait.
— Dis-moi tout, Icare, le suppliai-je, une boule dans la gorge. Je ne te jugerai pas.
Il inspira profondément avant de lâcher les mots qu'il semblait retenir depuis trop longtemps.
— Depuis que j'ai goûté à ton sang, il est devenu… essentiel pour moi. Rien d'autre ne me satisfait. Et c'est ça qui me terrifie, Lydia. Je n'ai jamais été aussi vulnérable. Tu es ma faiblesse… Et je ne veux pas te mettre en danger.
Ses paroles me frappèrent de plein fouet. J'étais son point faible, moi ? Ce constat m'effrayait autant qu'il me fascinait.
— Mais pourquoi serais-je en danger, Icare ? murmurai-je. Je suis là devant toi et je te fais confiance. Je n'imagine pas a qu'elle point tu luttes contre toi-même, mais je sais que tu ne me fera jamais de mal...
Il secoua la tête, un sourire triste étirant ses lèvres.
— Je ne sais pas, Lydia. Ce lien… il est plus fort que ma volonté. Je me bats contre ça chaque jour, chaque nuit… et je ne sais pas combien de temps encore je tiendrai.
Son aveu réveilla une étrange chaleur en moi. Cette tension entre nous, ce combat intérieure qu'il menait, ce mélange d'attirance et de peur... Tout cela m'attirait irrésistiblement. Je ne pouvais pas le laisser porter ce fardeau seul.
— Alors arrête de lutter, soufflai-je, ma voix tremblant d'une audace que je ne me connaissais pas.
Il releva brusquement la tête, ses yeux se plissant sous l'effet de la surprise et de l'incrédulité.
— Qu'est-ce que tu dis ? murmura-t-il, comme s'il n'avait pas bien entendu.
Je m'approchai de lui, mon visage à quelques centimètres du sien.
— Je dis que je suis là, Icare. Si c'est de mon sang dont tu as besoin pour survivre, alors prends-le.
Ses yeux s'élargirent, et un profond silence s'installa entre nous. Un silence chargé de tension, de promesses, et d'une émotion si forte que j'avais du mal à respirer.
— Lydia… tu n'as aucune idée de ce que tu es en train de proposer, murmura-t-il, sa voix brisée par l'émotion de ses aveux
Je posai ma main sur sa joue, sentant sa peau à la fois chaude et froide sous mes doigts.
— Si.. Je sais exactement ce que je fais.

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Florebo Quocumque Ferar TOME I
VampirFraîchement arrivée sur une île tropicale idyllique avec sa famille, Lydia savoure ce qu'elle pense être un nouveau départ sous le soleil. Mais son destin prend un tournant inattendu lorsqu'elle croise la route d'Icare, un jeune homme énigmatique, a...