Chapitre 6.

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- Mon chéri, c'est maman. Aujourd'hui tu fêtes tes 7ème bougies et nous ne pouvons pas être là, mais saches que nous te souhaitons un joyeux anniversaire, et que nous t'aimons très fort.

C'est avec les larmes aux yeux que j'ai cliqué sur le bouton suivant, dans l'espoir qu'il y ai un autre enregistrement.

- J'ai retrouvé ce vieux machin dans l'un des cartons du grenier. Je crois que tu n'en connais pas l'existence car la nounou de l'époque ne te l'avait pas donné. Aujourd'hui tu as 22 ans, et les choses ont bien changées...

J'ai entendu ma mère retenir un sanglot, quant à moi, les larmes inondaient mes joues.

- Je suis désolée de ne pas avoir été présente pour toi, et je sais que ton père pense comme moi. J'ai l'impression qu'il est trop tard pour revenir en arrière, mais au fond de moi je sais que la situation peut encore changer. Tu es devenu un merveilleux jeune-homme, et je sais que tu iras loin. Je t'aime mon chéri.

Jamais je n'aurai pu penser que ma mère savait comment je me sentais. J'aurai sûrement dû y mettre un peu du miens.

J'ai finalement réussi à m'endormir dans leur chambre vers 5h du matin, mon corps ne tenant plus debout. J'ai été réveillé par la sonnerie de mon téléphone, et en décrochant, on m'annonçait que la confrontation avec Teresa pour "suspicion de viol" aurait lieu le lendemain à 8h au commissariat.
Je me suis préparé, l'homme au téléphone m'avait conseillé de trouver un très bon avocat, alors c'est ce que j'ai fait en sortant de la douche. J'ai fouillé dans les vieux dossiers de mes parents et j'ai retrouvé un papier avec le numéro de leur avocat. Je l'ai appelé et il est venu chez moi à 13h. Je ne savais même pas ce que je devais lui dire, mise à part bonjour.

- Expliquez-moi la situation monsieur Johnson, s'il vous plait.

Lui aussi, on aurait dit un homme robot, comme celui qui m'avait appelé le jour de l'accident.

- Mon ex petite-amie m'accuse de l'avoir violé et mise enceinte.
- Et, est-ce que c'est la vérité? osa-t-il me demander.

Là, j'étais sur le cul. Si ça avait été la vérité, j'aurai simplement avoué les faits !

- Bien sûr que non ! On a eu des rapports cette nuit là, mais l'oubli de protection était de notre faute à tous les deux, et elle était consentante.

J'étais épuisé de devoir répéter cette histoire à chaque fois : au policier, à la mère de Teresa, et maintenant à l'avocat de la famille. Épuisé de devoir me défendre pour quelque chose que je n'ai pas fait. On a discuté de ça toute l'après-midi, j'ai même cru qu'il allait rester dormir là tellement il paraissait inspiré par le sujet. Il m'a expliqué qu'il demanderait un test de paternité si jamais on était convoqués au tribunal mais cela prendrait énormément de temps, sachant que Teresa refuserait probablement. Quant au viol, Teresa devra procédé à des tests aussi bien physiques que psychologiques, et l'avocat se chargera de trouver des témoins. J'ai ri quand il m'a parlé de trouver des témoins, car ce n'est pas comme s'il y avait eu crime en plein jour, ça s'est passé dans une fraternité, tout en discretion et la plupart voire l'intégralité des personnes présentes étaient bourrées. C'est aussi là que je me suis rendu compte à quel point j'étais dans la merde. Ma vie était si merdique que sauter d'un pont aurait été beaucoup plus drôle.

Et pour bien me remonter le moral, avant de partir de chez moi, l'avocat m'a fait part de ses honoraires. Elle allait réussir à me détruire. Elle allait tout me prendre, de mon argent à mon estime, en passant par la vision qu'auront les gens de moi. Personne n'allait me croire quand je crierai que je ne lui ai rien fait. Les femmes gagnent toujours dans ces histoires de couple, il n'y a qu'à regardé un couple en plein divorce. La garde est généralement donné à la mère et les enfants vont chez leur père le week-end, soi-disant car la mère sait mieux s'occuper d'eux.

J'étais perdu.

Ma vie allait changer radicalement, je le savais. Comment tout avait-il pu tourner au désastre aussi rapidement ? En l'espace d'un mois, j'avais tout perdu, ou presque. Ma dignité commençait à disparaitre petit à petit. La haine me rongeait de l'intérieur. Tout comme la honte, la honte d'avoir été trompé et accusé à tord, la honte de n'avoir été sur la tombe de mes parents qu'une et unique fois en 31 jours. 31 jours où les seules choses que j'ai faite sont de picoler, me droguer, boire encore, vomir, faire la fête, pleurer, et boire encore jusqu'à tout oublier, même qui je suis réellement. Tu n'as jamais su qui tu étais Newt, et tu ne le sauras probablement jamais, certainement pas dans cet état.

J'ai toujours cherché à être le mec populaire, apprécié et si ce n'était pas le cas, tant pis. Cherché à être le petit-ami parfait, qui offre des cadeaux, qui retient plus la date de la saint Valentin que les anniversaires de ses parents. Et ça n'a pas suffit. Des années d'efforts pour qu'elle me plante un couteau en plein coeur.

Alors, quite à être détesté, humilié, et perdu jusqu'au bout, je me suis dis qu'aller dans un bar ne rendrait pas la situation encore pire. Sauf que, bien évidemment, je n'ai pas fait qu'un et unique bar. Je les ai de nouveau enchainé jusqu'à tout oublier. J'ai bu jusqu'à ce que le plafond de ma carte bleue soit atteint, et jusqu'à ce que le patron du dernier bar me vire. Il m'a jeté comme un mal propre dans les poubelles qui jonchaient sur le sol dégueulasse derrière le bar. Je ne me souviens plus exactement de comment cela est arrivé, mais je me suis retrouvé dans un immeuble empli de drogués et personnes du genre. Ils étaient drôles. Du moins, l'alcool que j'avais ingurgité les rendait marrants, avec leurs tatouages ne représentant pas grand chose, peut-être un aigle ou un truc du même style, avec leurs crêtes colorées en vert ou rouge, tous leurs piercings qui en imaginant comment ils ont été fait me donnent envie de vomir, et tous complètement défoncés. L'atmosphère dans cet immeuble délabré était tellement étrange, et pourtant, je m'y sentais bien. Personne ici ne me regardait de travers parce que ma chemise était tachée, ma cravate mal attachée et mes cheveux décoiffés. Personne, parce qu'ils étaient bien trop occupés à fumer leur merde pour remarquer ma présence. Et comme un con, c'est moi qui suit allé à leur rencontre.

- Je peux ? j'ai demandé à un mec formant sa ligne de poudre blanche.

Il m'a dévisagé, il devait me penser trop jeune ou complètement idiot de demander de sniffer sa drogue à un drogué. Il ne peut même plus réfléchir par lui-même Newt. Pas faux.

Il m'a demandé combien est-ce que j'avais sur moi, je lui ai sortis 150$ de ma poche, et il s'est poussé pour me laisser la place avec un sourire satisfait. Tu viens de te faire complètement avoir, mon pauvre.
J'avais déjà essayé d'autres drogues qui se fument, le join, etc. Mais jamais celle-là. Alors, pour ne pas avoir l'air du dernier des cons, j'ai discrètement observé un mec plus loin, et je l'ai imité. J'ai bouché une de mes narines, approché mon visage et j'ai rapidement aspiré la poudre blanche.

Tu viens de signer ton arrêt de mort, Newt.

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant