Chapitre 48.

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Newt

La soirée a fini aussi mal qu'elle avait commencé. Thomas a essayé de me prouver que c'était une bonne nouvelle, qu'il ne comprenait pas pourquoi je m'étais mis dans un tel état. Non, il ne comprenait pas. Lui voulait que je me batte à nouveau, que cette fois ce soit moi qui attaque Teresa en justice pour accusations mensongères, mais il ne comprenait pas que je n'en avais plus la force. Je n'étais plus assez fort pour affronter mon passé une nouvelle fois, pour qu'elle me détruise à nouveau. Je ne voulais plus revivre les pires années de ma vie, et entrainer Thomas dans tout ça. Mais lui ne comprenait pas.

On s'est engueulés encore et encore, jusqu'à être épuisés et dormir séparément. Je suis retourné sur le canapé, et lui dans son lit.

Retour à la case départ.

Et encore une fois, tout était de ma faute. C'était moi qui venais mettre la merde dans la vie de Thomas et qui ruinais encore tout.

J'ai passé l'intégralité du reste de la nuit à fixer le plafond, ou à prendre l'air sur le balcon malgré le froid hivernal. Impossible de fermer l'oeil, j'avais beaucoup trop de choses qui tournaient en boucle dans ma tête.
J'ai entendu le réveil de Thomas sonner, mais je n'ai pas bougé. J'ai continué à fixer le plafond, l'entendant ouvrir la porte, se diriger dans la cuisine et se préparer son petit déjeuner. Pour la première fois depuis longtemps, je n'avais pas envie de lui parler. Et en même temps, je mourais d'envie qu'il vienne me voir, s'excuse et m'embrasse. Qu'il fasse le premier pas.

Il a posé sa tasse dans l'évier de ce que je pouvais entendre, et est allé s'enfermer dans la salle de bains. J'ai fini par me redresser pour finir assis devant la télé. Je ne comptais pas parler à Thomas,  je voulais juste le voir, l'apercevoir avant qu'il ne parte pour toute la journée. Il a fini par ressortir une dizaine de minutes plus tard, il est passé devant moi sans un regard et est sortit sur la terrasse. Une boule s'est formée dans ma gorge, la seule personne de confiance qu'il me restait m'ignorait. J'étais de nouveau seul.

Je l'ai regardé allumer sa cigarette, j'étais en train de le détruire autant que la nicotine détruisait ses poumons. Il n'était plus le Thomas heureux et souriant des débuts. Il n'était plus le Thomas insouciant, qui rigolait à n'importe quelle blague stupide, le visage rayonnant. J'avais détruit la plus belle personne de ce monde. Par ma simple présence. Pourquoi est-ce que je n'étais pas capable de rendre les gens heureux? Pourquoi fallait-il que je rate toujours tout? Que je sème le malheur, la tristesse partout autour de moi.

Thomas

Je suis allé fumer ma clope sur le balcon, sans jeter un regard au blond qui se tenait maintenant assit sur le canapé. Je n'avais pas la moindre envie de lui parler après l'engueulade de la veille. Il avait essayé de me prouver que porter plainte contre cette garce de Teresa n'était pas une bonne idée, mais sans me donner de réelles explications. Si la justice donnait raison à Newt, tout pouvait s'arranger. C'est elle qui lui devrait de l'argent pour le dédommagement de tout ce qu'il a perdu ces dernières années, c'est elle qui se sentirait mal, pas lui. Mais hier, quand j'ai essayé de lui expliquer ça, il m'a traité comme un moins que rien qui ne comprenait pas les raisons de son refus. Sauf que je les comprenais très bien. Il n'avait pas envie de revivre tout ça, de faire face à la justice à nouveau et de toute manière, il n'avait pas la thune pour un avocat. Ce que lui n'a pas comprit, c'est que j'étais là moi. Je pouvais l'aider à payer, l'aider à gagner. L'aider à vivre de nouveau. La seule personne qui l'empêchait d'être heureux, c'était lui-même. Il s'infligeait ça tout seul, en me repoussant et en éloignant chaque personne voulant l'aider.

Alors tant qu'il ne s'était pas excusé ou expliqué, il pouvait aller se faire voir.

Il ne voulait pas de mon aide? Alors il n'aura pas ma simple présence.

J'ai écrasé mon mégot contre le cendrier, et je suis retourné dans le salon. J'avais une dizaine de minutes d'avance, alors j'ai fait comme si Newt n'était pas là et je me suis assis sur le canapé, à l'opposé de lui. J'ai senti son regard me brûler la peau mais je n'ai pas réagi. Au lieu de ça, j'ai sorti mon téléphone et j'ai envoyé un message à Dexter en lui disant que tout compte fait, je serai à la soirée vendredi.

***

Externe

Les deux derniers jours avant la soirée sont passés plus vite que Thomas ne l'aurait pensé. Les deux garçons ne s'étaient toujours pas adressés la parole, chacun souffrait de son côté mais ne voulait pas l'avouer.

Le brun était en train de se préparer dans sa chambre quand Newt s'est appuyé contre l'embrasure de la porte, ne supportant plus cette atmosphère.

- Thomas, est-ce qu'on pourrait se parler s'il te plait ?

Thomas a relevé la tête vers lui, ne laissant aucune émotion transparaître. Et pourtant, cette situation le détruisait lui aussi.

- Est-ce que tu comptes t'excuser? Il a vu Newt froncer les sourcils, la réponse était claire. Alors ça ne sert à rien qu'on parle.

Il a enfilé sa veste, attrapé ses clés et s'est dirigé vers la porte d'entrée.

- Je ne sais pas si je rentrerai ce soir, alors si tu veux te bourrer la gueule, ou s'il te reste un sachet de cocaïne quelque part dans l'appartement, ne te gène pas surtout. Et il a claqué la porte, laissant Newt seul avec ses remords et ses larmes.

Le brun est arrivé à la soirée de son ami, plus déterminé que jamais à s'amuser et oublier tout ce qui lui tombait dessus. Il allait boire, danser, fumer sans se soucier des conséquences. Il allait, le temps d'une soirée, oublier le blond qui partage sa vie depuis plusieurs mois.
Dexter l'a entrainé dans la cuisine en lui donnant un gobelet rouge, et l'a rempli d'un liquide inconnu aux yeux du brun. Il a laissé l'alcool lui brûler la gorge, et après quelques verres et sa tête tournant légèrement, il se sentait déjà plus léger. Plus libre.

Thomas voulait être insouciant pour une fois. Alors c'est ce qu'il a fait.

Il a bu, encore et encore, dansé avec des inconnus et inconnues, fumé un joint que lui tendait Aris alors qu'ils prenaient l'air au balcon. Il a senti son téléphone vibrer, alors d'un geste automatique il l'a sortit de sa poche. Thomas a lâché un râle en voyant le nom de Newt s'afficher sur l'écran, et quelques secondes après, son téléphone quittait ses mains pour atterrir dans la poche de Dexter.

- Te prends pas la tête ce soir, mec. Éclates-toi, profites. T'es célibataire.

Est-ce qu'il l'était vraiment?

Ils sont retournés s'amuser, ne donnant aucune réponse au blond qui se faisait un sang d'encre dans le petit appartement londonien du brun.

Newt était resté des heures à regarder dehors, appuyé contre la rambarde du balcon en espérant avoir des nouvelles de Thomas mais rien. Il n'avait pas répondu à ses messages d'excuses, n'avait pas non plus décroché quand il avait essayé de le joindre. Newt n'aimait pas Dexter, il avait une mauvaise influence sur Thomas, ce qui inquiétait d'autant plus le blond.
Les mots du brun résonnaient dans sa tête depuis qu'ils avaient franchi ses lèvres. Il savait que Thomas ne lui ferait jamais confiance à propos de la drogue, mais c'était si minable de sa part de lui balancer ça en pleine figure alors que Newt venait de faire le premier pas. Il avait eu l'impression qu'on lui broyait le coeur, qu'on lui comprimait la poitrine tant ces mots le faisaient souffrir. Mais il ne lui reprocherait pas, parce qu'il savait depuis le début que ça arriverait.
Ce n'est que vers 3h du matin qu'il a finalement accepté le fait que Thomas ne rentrerait pas ce soir, et qu'il ferait mieux d'aller dormir. Newt lui a envoyé un dernier message en lui disant qu'il l'aimait et qu'il était désolé, il n'attendait plus de réponse de sa part de toute manière.

Le blond a posé son téléphone sur la table de chevet, avant de s'enfouir sous la couverture et tenter de fermer l'oeil. Il s'apprêtait à s'endormir quand son portable a vibré. Il l'a attrapé en fronçant les sourcils, Thomas venait de lui envoyer une photo. Le coeur de Newt battait à tout rompre en ouvrant le message, et lorsque la photo s'afficha, son monde s'écroula.

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant