Chapitre 3.

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Samedi était passé aussi vite qu'il était arrivé, et s'était terminé en beauté. On avait bu jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus, fumé à n'en plus voir la personne qui se tenait à coté de nous, et vomi tout ce qu'on avait ingurgité.
Ah, j'avais également frappé Minho au moment où il a passé le pas de la porte, un simple besoin de me défouler, et il m'avait donné une bonne raison malgré qu'il ne me l'ai toujours pas avoué.
Teresa elle, elle n'est simplement pas venue. Elle aurait pu s'éclater pourtant, on était près de 600 dans la maison entre les personnes présentes quand j'ai fait cette annonce grotesque, et les amis des amis des amis qui s'étaient tapés l'incruste. Elle avait de quoi faire s'il elle souhaitait me tromper à nouveau, mais elle a préféré refuser parce que « Ces soirées d'étudiants ne l'intéressent plus. »

Le seul problème qu'a causé la soirée, c'était la casse. Il y a eu des fenêtres pétées par des abrutis ayant malencontreusement oublié d'ouvrir la fenêtre avant de se jeter dans la piscine -ils vont bien-, l'écran plat du salon a fini arrosé de champagne puis décroché du mur pour éviter toute électrocution, et la voiture de mes parents a fini noyée dans la piscine parce qu'un con a voulu voir « si ça flottait une voiture ».
Mais sinon, tout allait bien. Ma chambre avait été épargnée alors ça ne me posait aucun problème. Et puis, avec l'héritage de mes parents, j'avais pu financer les réparations, histoire de ne pas vivre dans une maison mal isolée. La voiture, elle a fini à la casse, je suppose. Elle n'aurait plus servi à rien de toute manière, j'ai déjà la mienne. Et la télé, j'en avais racheté une neuve le lendemain, parce que je trouvais que le mur du salon était trop... vide sans.

Je commençais à me faire à la mort de mes parents. J'avais accepté leur absence depuis longtemps, puisqu'ils n'étaient jamais là, même de leur vivant. Leur mort, je l'acceptais surtout grâce à l'alcool.
Je n'allais plus en cours, faire la fête tous les soirs étaient beaucoup plus divertissant.
Aujourd'hui, c'était l'enterrement de mes parents, et bizarrement j'étais comme apaisé. Ça peut paraitre dégueulasse de dire ça après aussi peu de temps, mais c'était la réalité. Comme dit Minho, « la vie continue », et je compte bien profiter d'elle comme il se doit.

Teresa, Minho et Winston avaient tenu à m'accompagner pour me soutenir dans cette épreuve, malgré tout. Certains médias étaient eux aussi présents, la fortune de mes parents était connue et leur décès avait fait du bruit dans la ville. Personne d'autre n'était là, aucune famille, aucun proche. Nous ne parlions plus aux membres de la famille depuis le temps où ils ont cherché à dépouiller mes parents de leur argent. Quant aux amis de ma mère et de mon père, ils se comptaient sur les doigts d'une main, et n'avaient pas pu se libérer de leurs travails pour assister aux obsèques. Alors il y avait mes amis à moi. Aussi faux que les autres, mais au moins ils le cachaient.

L'homme habillé en noir acheva son discours, et me demanda de prononcer le miens. J'avais préparé un bout de papier, mais je n'allais probablement pas le lire. Je n'avais rien écris d'extraordinaire, ni de touchant. J'avais juste envie d'oublier.
Après qu'il ai insisté quelques temps, j'ai fini par monter sur la petite estrade face aux cercueils, et  ai commencé à lire.

- Mes parents étaient des personnes respecta...

Je m'arrêtais. Mes mains tremblaient, je ne pouvais pas dire ce que j'avais marqué sur cette note. C'était quelque chose de pré-fait. Je n'étais pas du genre à mentir sur mes sentiments, même avec la présence de médias. J'allais dire les choses comme elles étaient, même si elles pouvaient faire mal, aussi bien à mes parents qu'à moi.

- J'ai perdu mes parents il y a quelques jours, mais en réalité, je les avais déjà perdu depuis longtemps. On peut penser qu'être enfant de riches n'a que des bons côtés, c'est faux. J'ai toujours été élevé par des nounous, je n'ai jamais eu l'histoire et le « Je t'aime » du soir. Je n'ai jamais réellement su ce qu'était d'avoir de vrais parents, car les miens n'étaient jamais là. Sans cesse au travail ou en déplacement. Jamais à la maison. Vous pouvez penser ce que vous voulez, que je ne devrai probablement pas parler d'eux comme cela, mais c'est la stricte vérité. Je m'arrêtais quelques instants le temps d'observer les gens face à moi, et le cercueil de mes parents, et recommençais. Oui, mes parents étaient probablement des gens géniaux, respectables, de confiance. Ils l'étaient sûrement avec leurs collègues de bureau, mais pas avec leur fils unique. Je ne suis certainement pas le fils parfait, dont tout le monde rêve. Mais personne ne m'a apprit à l'être. J'ai dû apprendre seul. Trouver des solutions à mes problèmes d'ado, seul. On dit que l'adolescence est le moment critique d'une vie, là où on apprend à se connaitre nous-même. Et c'est pour ça que c'est une période où l'on a besoin de ses parents. Les miens n'étaient pas là.

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant