Epilogue.

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Thomas

Je suis là, assis sur le sol poussiéreux d'une chambre remplie de bien trop de souvenirs. Je regarde ce mur où les courbes de ton corps sont peintes, et les images de nos soirées me reviennent en mémoire. Et putain ce que j'ai mal.
Les larmes roulent sur mes joues, et tu n'es plus là pour les essuyer. Tu n'es plus là pour arrêter cette douleur qui me comprime la poitrine chaque seconde un peu plus.

Là, assis par terre, je regarde à quel point nos corps réunis sont magnifiques, et comme le mien, vide du tien est pathétique.

Ça fait six mois maintenant, et quand quelqu'un mentionne ton nom je ressens toujours cette horrible agonie que tu as causé le jour où tu es partit.
J'ai mal, tellement mal. J'ai l'impression que cette douleur ne s'en ira jamais. Que tu t'en es allé avec ma joie de vivre, avec ma capacité de sourire et d'être heureux.

Julia m'attend dans la cage d'escaliers. Aujourd'hui, je déménage. À Brighton. Maman m'a dit qu'il fallait que j'avance, mais depuis que tu es partis, j'ai tout oublié. Je ne sais même plus respirer correctement, penser de manière cohérente. Je ne sais plus vivre. Je survis, chaque jour, parce que je te l'ai promis.

Parfois, quand je ferme les yeux je me revois tout essayer pour te ramener. Je ressens encore ces cordes qui m'empêchaient de te toucher, de t'aider. Quand je ferme les yeux, je me revois te faire un massage cardiaque alors que le policier me tire en arrière. Je me revois me débattre avec forces parce que t'abandonner m'est impossible. Alors j'évite de dormir, pour ne pas revivre cet enfer.

Le soir de ta mort, j'ai tellement hurlé que je n'ai plus eu de voix pendant plusieurs semaines.
Le soir de ta mort, on m'a emmené au commissariat pour dire ce que je savais. Est-ce qu'ils en avaient quelque chose à foutre que je vienne de te perdre? Je crois bien que non. Ils m'ont interrogé pendant des heures, alors que j'entendais le psychologue leur répéter que j'étais en état de choc.
La nuit de ta mort, j'ai été hospitalisé. J'y suis resté deux semaines, et j'ai su ce que tu avais vécu quand tu as été interné. Pardon Newt.

Le lendemain de ta mort, j'ai pété un plomb. Je t'ai réclamé pendant des heures et des heures, jusqu'à ce qu'on m'endorme de force. Je t'ai réclamé, mais tu n'es pas venu. C'est maman, papa et Julia qui sont venus. Mais je ne leur ai pas parlé.
Depuis ton départ, je n'ai parlé qu'à Julia. Je ne vais plus à la fac, ni au restaurant. Je n'ai pas la force de repasser devant cette ruelle, devant l'endroit où tu m'as quitté.

Le jour où je suis sortis de l'hôpital, on m'a annoncé que je pouvais rentrer chez nous. J'ai cru que je serai assez fort pour ça, mais rien que la cage d'escaliers me fait penser à toi. Au moment où j'ai ouvert la porte, je me suis effondré. Tout sentait ton odeur, tout me rappelait toi. Du simple mug au lit, tu étais partout. Et tu l'es encore.
J'ai mal Newt, car ton odeur est partit de ton oreiller. J'ai mal, parce que cet appartement, et ma vie toute entière sont vides sans toi. Quand je regarde le canapé, je me souviens de nos parties de jeux vidéos, je me souviens du nombre d'heures qu'on a passé dessus à regarder des films ou juste ne rien faire. Quand je regarde la cuisine, je me souviens d'à quel point tu ne savais pas cuisiner. Quand je regarde la salle de bains, je ne veux me souvenir que de toutes les fois où on a fini ensembles sous la douche. Ta brosse a dent est toujours au même endroit où tu l'as laissé le matin de ce jour. Comme tout le reste de tes affaires, sauf ton oreiller. Et l'un de tes T-Shirts. Quand je regarde le lit, je nous revois plus amoureux que jamais. Je t'entends encore me dire oui. Je revois cette lueur de bonheur à l'état pur, quand tu as compris que je te demandais de m'épouser. Mais tu es partis Newt. Tu es partis avant qu'on ai le temps de vivre tout ce qu'on avait à vivre.

Je ferme les yeux, car regarder ce mur m'est insupportable, et pourtant si vital. Je repense à ce matin là, quand on s'est réveillé et que tu as cité l'un de mes bouquins parce qu'il te faisait penser à nous. "La peinture permet de regarder les choses en tant qu'elles ont été une fois contemplées avec amour." Peu de temps après que je sois rentré seul à la maison, j'ai fouillé toute ma bibliothèque, et j'ai enfin mis la main sur le fameux recueil. Tu y avais dessiné nos corps l'un contre l'autre. Et après tu vas essayer de me faire croire que tu ne crois pas au destin. J'ai toujours cru au destin Newt. Te rencontrer m'était destiné. Devenir ton ami était mon choix. Et tomber amoureux était hors de mon contrôle.
Je me souviendrai toujours de ce premier jour, de nos premiers sourires, de nos regards. De ce jour où tout a commencé.

Assis là, sur le sol poussiéreux de notre chambre, je ne veux penser qu'aux bons moments. J'ai envie de hurler Newt, tant j'ai mal. Tu n'avais pas le droit de partir comme ça.

Tu sais, quand je me suis retrouvé seul, j'y ai pensé. J'ai marché jusqu'à ce foutu pont, je suis même monté sur le rebord. Il pleuvait, et ça m'a rappelé la fois où je t'ai empêché de sauter. Il pleuvait, mon pied à glissé quelques fois, mais je ne suis pas tombé. Et pourtant, je le voulais tellement. Tu n'étais pas là pour crier mon nom et me supplier de redescendre. Tu n'étais pas là pour m'embrasser sous la pluie, comme dans une de ces comédies romantiques qu'on regardait à quatre heures du mat. Mais je n'ai pas sauté, parce que je te l'ai promis.

J'ai mal Newt. Je souffre de ton absence, du manque de ton touché, de ton odeur qui disparait avec le temps. Je souffre comme je n'ai jamais souffert, j'ai mal à l'intérieur, mal à en crever.

Julia m'appelle, mais je n'ai pas envie de répondre. Je veux rester face à ce mur, parce que j'ai l'impression d'être avec toi. Quand je ferme les yeux, j'ai l'impression de sentir tes mains sur mon corps, ta bouche sur la mienne, ton souffle se mélangent au miens. Quand je ferme les yeux, je m'imagine avec toi, et ça m'apaise un peu, avant de me détruire à nouveau quand je les rouvre. 

Tu as été et tu resteras ma plus belle histoire. Celle dont on ne veut pas voir la fin. Celle qui n'aurait pas dû avoir de fin. Celle qui bouleverse une vie. Je n'ai jamais aimé quelqu'un comme je t'aime Newt.
J'y ai cru, tu sais? J'ai cru qu'on pourrait enfin vivre une vie normale, heureux et insouciants. J'ai cru que ça pourrait marcher. Et ça a marché, non? Du moins, un certain temps.
J'y ai cru, et j'y crois encore. Peut-être que dans un monde parallèle, Thomas et Newt vivent la vie qu'on nous a volé ce soir de novembre. Et j'espère qu'eux, ils sont heureux.

On s'était dit que ça serait pour toujours, comme dans les livres. Mais on a toujours été différents des autres, pas vrai? Peut-être que dans ce livre là, la morale change. Peut-être que la morale de cette histoire est que peu importe à quel point on essaye, peu importe combien on le veut, certaines histoires n'ont juste pas de fin heureuse.

FIN

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant