Chapitre 27.

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Externe

Thomas était abattu. La foule continuait de s'agiter autour de lui, mais son monde à lui s'était arrêté. Il s'est avancé jusqu'au rebord du pont, et a mis quelques secondes avant de trouver le courage de regarder en bas. Il s'écroula, ne pouvant imaginer la chute et l'impact que venait de subir Newt. Il aurait dû le retenir, le ramener de force sur la terre ferme, mais il ne l'avait pas fait. Thomas s'était promis de sauver, d'aider le blond auquel il s'était attaché si rapidement, et au lieu de ça il l'avait tué bien plus rapidement.

Alors que le brun pleurait toutes les larmes de son corps, une main se posa sur son épaule. Il sursauta, mais ne trouva pas la force de se retourner.

- Tommy...

Était-ce encore un mauvais tour que lui jouait son imagination? Il n'en savait rien. La pression se fit plus forte sur son épaule, et Thomas se décida enfin à se retourner. Newt était là, devant lui, la pluie ruisselant de ses cheveux. Les yeux rouges, la lèvre tremblante. Mais il était là.
Sans qu'aucun des deux garçons n'aient le temps de comprendre, les lèvres du brun s'écrasèrent sur celles de Newt. Ses doigts glissèrent dans les cheveux mouillés du blond, ayant besoin de le sentir encore plus proche de lui. De s'assurer qu'il n'était pas en train de rêver.

- Tu es là... Murmura Thomas entre deux baiser, et Newt hocha doucement la tête.

Newt plongea dans les bras de Thomas, et laissa toutes ses émotions parler pour lui.

- Tu m'as tellement manqué.
- Ne me refais plus jamais ça, c'est clair?

Newt

J'ai pris la main de Thomas d'un geste automatique, et l'ai regardé droit dans les yeux.

- Ramènes-moi à la maison.

Il a sourit et on a regagné la voiture sous des torrents d'eau. Il a démarré non pas sans difficultés, et a roulé doucement, sans un mot. Il avait l'air dans ses pensées, peut-être même était-il énervé contre moi. Tu viens de lui foutre la peur de sa vie, tu t'attendais à quoi? Peut-être aussi qu'il réfléchissait. Qu'il repensait au moment où il m'a embrassé. Aucun de nous deux ne savait pourquoi il avait fait ça, tout ce que je savais c'était qu'on en avait besoin, c'est tout. Je lui ai jeté un coup d'oeil avant de poser ma main sur la sienne, sans raison. Un rictus s'est formé sur ses lèvres, et j'ai soupiré de soulagement. Il n'était pas énervé.
On est arrivés chez Thomas, il m'a lancé des affaires propres et m'a dit d'aller prendre une douche, ce que j'ai donc fait. Ça faisait tellement de bien de se laver après tout ce temps, d'enfiler les affaires de Tommy, d'être de nouveau au chaud. Tout ce confort m'avait manqué, malgré tout.
Je suis ressorti de la salle de bains une dizaine de minutes plus tard, trouvant Thomas assit sur le canapé, deux tasses fumantes devant lui, et la télécommande du lecteur DVD dans les mains.

Thomas

Je venais de lancer le film "L'étrange Noël de Monsieur Jack" quand j'ai senti le canapé s'affaisser et Newt m'observer.

- Il va falloir qu'on en parle, Tommy.
- Parler de quoi? J'ai dis, mal à l'aise d'un coup.

Je savais qu'il ne voulait pas parler de sa tentative de suicide, mais de ce que j'ai fait après. Le problème, c'est que je n'avais aucune idée de pourquoi j'avais fait ça, pourquoi j'avais embrassé Newt. C'était... dans le feu de l'action? Pathétique. Pourquoi est-ce qu'il fallait forcement en parler? Pourquoi ne pas simplement passer outre, et regarder ce bon vieux film en buvant notre chocolat chaud?

- Pourquoi ? Pourquoi tu m'as embrassé?
- J'en sais rien Newt.

Je n'osais même plus le regarder, mes rouges étaient en feu.

- Il y a bien une raison?
- Non.
- Thomas, on n'embrasse pas une personne sans raison !
- J'en avais juste envie, c'est bon? T'es content ? Je me suis levé, agacé, et me suis dirigé vers la salle de bains. Tu fais chier Newt. Regardes ton film tout seul.

J'ai claqué la porte et je l'ai entendu pouffer face à ma réaction sûrement exagérée. Il était vraiment insupportable, et têtu. Toujours à vouloir tout savoir, mais certaines questions n'ont simplement pas de réponse. Il a démarré le film, et moi, comme un con, j'ai pris ma douche alors que mes affaires étaient dans ma chambre. Décidément, c'était une manie chez nous d'oublier nos affaires. J'étais tellement épuisé que j'avais l'impression que cette journée était sans fin. L'appel de mon père, ma visite au restaurant, la recherche de Newt dans toute la ville, et tout ce qu'il s'est passé après. Je me suis appuyé contre le mur et j'ai soufflé longuement avant d'arrêter l'eau et d'enrouler une serviette autour de ma taille.

Newt

Thomas est ressortit de la salle de bain, uniquement vêtu d'une serviette autour de la taille, ses cheveux encore mouillés. J'ai dégluti et détourné le regard avant qu'il ne le remarque, et il s'est enfermé dans sa chambre. J'ai soupiré, encore une fois j'en avais trop dit, j'avais posé trop de questions.

- Tommy? Bien évidemment il n'a pas répondu. Tommy, je suis désolé.

Il est ressortit vêtu d'un simple T-shirt et d'un short, et s'est rendu sur le balcon une cigarette à la main. J'ai lâché un râle en laissant tomber ma tête en arrière et je me suis finalement levé pour aller le rejoindre.

- Eh... J'ai dis en posant ma main sur son épaule qu'il a secoué, signe qu'il m'en voulait.

J'ai dégluti, blessé et je me suis retourné vers le salon, prêt à y retourner.

- Ça fait des mois que j'attends de tes nouvelles. Des mois que je meurs d'inquiétude chaque jour un peu plus. Et je te retrouve sur un pont, prêt à te jeter dans le vide, mais toi, tout ce que tu veux savoir c'est pourquoi je t'ai embrassé?

Je me suis arrêté et j'ai baissé la tête, honteux. C'est vrai que je lui en faisais voir de toutes les couleurs depuis que j'étais partis.

- T'es vraiment qu'un égoïste Newt.

Je me suis appuyé près de lui contre la barrière nous séparant du vide, et je l'ai regardé.

- Depuis quand est-ce que tu fumes?
- Depuis que t'es partis.

J'ai tendu la main pour qu'il me donne sa cigarette, et il m'a regardé les sourcils froncés.

- Non. Tu toucheras pas à ça.
- Donnes-moi ta clope, Tommy.
- Non.

J'ai soupiré en levant les yeux au ciel, et je me suis presque jeté sur lui pour l'attraper. Ça a duré quelques minutes avant que je n'y parvienne, et j'ai balancé sa clope dehors le faisant râler un peu plus.

- Toi non plus, tu ne toucheras pas à ça. Maintenant rentres, il caille et on a un film et des chocolats chauds qui nous attendent.

Je l'ai doucement poussé à l'intérieur, j'ai été faire réchauffer les chocolats et remis le film au début, puis je l'ai rejoint sur le canapé.

- Tu fais toujours la gueule? J'ai demandé.
- Non.

J'ai souri et je me suis allongé contre lui, puis il a passé son bras autour de moi.

Notre relation était ambiguë. Tellement ambiguë et pourtant je ne la changerai pour rien au monde.

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant