Chapitre 21.

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Newt

On venait de s'asseoir, le restaurant était magnifique, tout comme le quartier. L'ambiance était chaleureuse, des guirlandes décoraient les arbustes à l'entrée, et des petites lumières éclairaient l'intérieur en bois. Ça faisait longtemps que je n'avais plus les moyens de me payer un diner sur Regent's. Le serveur est arrivé et nous a proposé la carte des vins. Je me suis sentis mal d'un coup, Thomas savait que j'avais un problème avec la drogue, mais pas avec l'alcool. Je l'ai regardé droit dans les yeux, cherchant un moyen de lui faire comprendre sans avoir à lui dire.
C'était con, après tout j'avais juste à demander de l'eau à la place, mais il allait me prendre pour un gamin, non?

Thomas m'a souri, et a regardé le serveur.

- On va prendre une carafe d'eau s'il vous plait.
- Très bien. Je vous apporte les cartes.

Il est repartit et j'ai enfin pu respirer à nouveau.

- Tu crois que je n'ai jamais remarqué les bouteilles d'alcool vides qui trainaient à côté de toi pendant que tu dormais dans la rue?
- Tommy je..
- C'est rien Newt, je suis là pour t'aider, pas te juger.

On a commandé nos plats qui sont arrivés quelques minutes plus tard, et Thomas a proposé une sorte de jeu. On devait se poser des questions chacun notre tour, pour apprendre à mieux se connaitre.
J'ai appris que son anniversaire est le 26 août, qu'il est né à New York mais ses parents se sont installés en Angleterre quelques années après sa naissance, qu'il a une grande soeur retournée aux États Unis et qu'il étudie l'informatique en plus de son boulot au restaurant. Ah, et il a peur du vide aussi, mais ça je l'avais compris en voyant sa tête quand il m'a retrouvé à moitié défoncé au London Eye.
Lui, il a apprit de moi que j'avais étudié l'économie dans la plus prestigieuse université de Londres, que j'étais né le 16 mai, et que ma plus grande phobie était les araignées.

Après avoir fini le repas, Thomas a suggéré d'aller se balader un peu avant de rentrer. J'ai accepté n'étant pas fatigué, il a payé le restaurant et on est sortit.

- Merci Tommy.
- Pas de quoi, ça me fait plaisir.

On a prit un métro pour aller plus vite, et pour ne pas fatiguer ma jambe avait dit Thomas, et on s'est arrêtés au Tower Bridge. Thomas a passé son bras autour de mes épaules et on a marché en silence quelques temps.
Je ne savais pas quoi penser de nous deux. Les passants nous regardaient sûrement comme un couple, et pourtant, nous n'étions qu'amis, et ni lui ni moi n'étions gays. T'es sûr de ça? Enfin, je crois. Je n'ai jamais été attiré par les hommes avant, mais avec Thomas, c'était différent. Tout était différent avec lui. J'étais à l'aise à ses côtés, je ne jouais aucun rôle et ça faisait un bien fou. Thomas, c'était la seule personne qui ne se foutait pas royalement que je crève, la seule qui m'aidait à m'en sortir, et aussi la seule qui ne me jugeait pas.

- À quoi tu penses? M'a-t-il demandé, me sortant de mes pensées.

J'ai dégluti, je n'allais pas lui dire que j'étais en train de fantasmer sur lui quand même.

- Rien, rien du tout.

Il a souri, vous savez, le petit sourire en coin qui ferait craquer n'importe qui et m'a fait m'asseoir sur un banc avec lui.

- J'ai une dernière question à te poser Newt.
- Je t'écoute.
- Quelle est la chose la plus importante que tu aies fait cette année?

Je l'ai regardé droit dans les yeux, si je répondais j'allais plomber l'ambiance à tous les coups. Et si je ne répondais pas, il s'inquiéterait sûrement. Il a posé ses mains sur les miennes pour m'encourager à répondre et j'ai soupiré.

- Survivre.

Et là, c'est lui qui a dégluti. Son sourire a disparu et il a baissé les yeux. Et merde. Thomas a relevé la tête et sans que je m'y attende, il m'a prit dans ses bras.

- Merci. Merci? De quoi? Merci de t'être battu autant. Si tu savais Tommy, à quel point je suis lâche.

Je n'ai rien dit, parce que je ne voulais pas tout rater encore une fois. Il m'a serré un peu plus contre lui, et j'ai fermé les yeux. J'étais perdu. J'étais coincé entre essayer de vivre ma vie, ou la fuir. Est-ce que j'avais encore un espoir de réussir à m'en sortir? Est-ce que c'était lui, mon espoir?

J'ai demandé à Thomas si on pouvait rentrer une demi-heure après, et il a accepté. On a reprit le métro, jusqu'à Charing Cross cette fois, et on a marché jusqu'à son immeuble. Je ne me sentais pas bien. Mes mains se sont mises à trembler, j'avais froid, et plus aucune force. Et croyez-moi, ce n'était pas l'effet de la fatigue.

- Tommy.. J'ai murmuré, ne pouvant plus avancer.
- Newt? Ça va? Eh..

Je me suis écroulé par terre, pris de spasmes. J'avais honte, tellement honte que quand Thomas s'est baissé pour m'aider, j'ai essayé de cacher mes larmes en vain.

- Newt qu'est-ce qui se passe?!

J'étais en manque. Ce putain de manque qui débarque sans prévenir et ruine une soirée comme celle-ci. Pourquoi il fallait que ça m'arrive devant lui?
Thomas a passé un bras sous mes jambes et l'autre dans mon dos et m'a soulevé. Il m'a porté jusqu'à chez lui, ouvrant difficilement la porte, et m'a déposé sur le canapé après avoir refermé la porte avec son pied. Je continuais de trembler et me tordre dans tous les sens. La douleur était trop forte. Mon corps en avait besoin, et ce n'est pas Thomas qui irait me chercher ma dose.

- Newt réponds-moi. Il était paniqué, je l'entendais dans sa voix.
- Drogue..

C'est tout ce que j'ai pu répondre. Abruti. Thomas m'a regardé, ou plutôt dévisagé et a passé ses mains sur son visage.

- Comment on arrête ça..?

J'en sais rien Thomas ! La dernière fois que ça m'est arrivé, je me suis retrouvé à l'hôpital après m'être fait tabasser, mais tu t'en souviens non?! T'es qu'un connard Newt, il essaye de t'aider.
J'ai eu envie de vomir d'un coup, je l'ai regardé et je crois qu'il a compris car il m'a emmené jusqu'aux toilettes en moins de deux. J'ai senti sa main passer doucement dans mon dos pendant que je rendais tout mon repas, et il m'a tendu une serviette mouillée. Je me suis relevé doucement, les jambes tremblant encore, et je me suis nettoyé le visage et brossé les dents sous le regard attentif de Thomas. Je me haïssais tellement. J'étais faible, une merde même pas capable de tenir plus d'une semaine sans cocaïne.

J'ai contourné Thomas, trop honteux pour croiser son regard, et j'ai été dans sa chambre. Je me suis allongé sur son lit, recroquevillé sur moi-même, et j'ai chialé comme un gamin.

- Newt, ça va mieux..?
- Vas-t'en Thomas. Pourquoi est-ce que j'étais dur avec lui? Parce que tu es con.

Je ne voulais pas qu'il ai pitié de moi, qu'il me voit comme le drogué de service qu'il avait promis d'aider.
J'ai entendu la porte se fermer, j'ai serré le drap dans mon poing et j'ai pleuré davantage. Je ne voulais pas qu'il parte, malgré que je vienne de lui dire de s'en aller, mais en réalité j'avais besoin de lui. Besoin de ne pas être seul.

Quelques minutes plus tard, la porte s'est ouverte. Il avait sûrement dû oublier quelque chose. J'ai senti le lit s'affaisser, vu un verre d'aspirine se poser sur la table de chevet devant moi, et la main de Thomas s'est posée sur mon front. J'étais brulant, je le savais.
Ses mains ont attrapé le bas de mon T-shirt pour le relever doucement. Wow, qu'est-ce qu'il foutait? Ce n'est pas comme si ça te déplaisait. Pas faux.
Il a enlevé mon T-shirt qu'il a jeté par terre, et a remonté les couvertures sur mes épaules avant de s'allonger et m'entourer de son bras. Son visage s'est enfouie dans mes cheveux, et son pouce passait doucement sur mon bras. Je sentais son souffle s'écraser sur ma nuque, et ça me rassurait.

- Je suis là Newt, je ne m'en vais pas.

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant