Chapitre 52.

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Newt

C'est dingue quand on y pense, à quel point une seule personne peut changer le cours de votre vie. Qui aurait cru que je trouverai une chose plus addictive que la drogue elle-même? Que sa simple présence me suffise pour me sentir vivant, et son absence me rende dingue, à un stade où tout mon corps s'arrête de fonctionner, frôlant l'insuffisance cardiaque.
Qui aurait pu imaginer que Thomas croiserait mon chemin, et bouleverse totalement ma vie, mon quotidien, mes résolutions? Personne, à part lui peut-être. Enfin, l'ancien lui. Le Thomas insouciant, le Thomas heureux. Celui que j'ai bousillé. Celui qui a eu les mauvais effets de l'addiction en me laissant juste les bons, ceux qui vous guérisse pendant que celui qui vous aide se tue en vous sauvant. J'avais lu quelque part que la drogue la plus puissante existant pour un humain était un autre être humain. Et je n'avais jamais trouvé une citation aussi vraie que depuis que je connais Thomas.

Une semaine a passé depuis qu'on a ensemble jeté le dernier sachet de drogue qui m'appartenait, une semaine depuis qu'une page a été tourné. Froissée, déchirée, puis brulée.
Une semaine depuis que Thomas m'a engueulé parce que je ne lui avais jamais révélé mon vrai prénom. Que j'avais dû lui expliquer de toutes les manières possibles que je détestais être appelé Newton, et ce depuis que j'étais gosse. J'avais même fait changer ma carte d'identité pour ça.
Une semaine aussi qu'on a regardé ensemble dans quel centre on allait m'envoyer. Que j'avais essayé de paraitre fort et déterminé face à Thomas mais qu'en réalité je préférerai mourir que d'affronter ça, sans lui à mes côtés.

Alors j'étais là, allongé sur le canapé à observer le plafond blanc et à penser à ma vie aussi misérable soit-elle. À me dire que putain, j'avais été con d'avoir fait entrer Thomas dans ma vie au lieu de le repousser. Je ne ruinais plus une, mais deux vies en même temps.

On avait fini par choisir le centre le plus proche d'ici, à une trentaine de minutes je crois. Les avis étaient bons d'après Thomas, et le prix n'était pas si élevé. J'essayais d'imaginer comment serait ma vie là-bas, entouré de murs blancs, de draps sentant le désinfectant et d'un tas de drogués. Ma vie sans le brun qui illumine mes journées depuis plusieurs mois.


Thomas

Je n'arrivais pas à croire ce que je m'apprêtais à faire. Mes mains tremblaient en composant le numéro du centre de désintoxication qu'on avait choisi pour Newt. Chaque sonnerie faisait rater un battement à mon coeur, et chaque seconde m'empêchait de plus en plus de respirer normalement. J'étais partagé entre l'idée de raccrocher et de continuer d'aider Newt du mieux que je pouvais, seul, ou aller jusqu'au bout de notre démarche.

- Centre de désintoxication de Londres, bonjour, que puis-je faire pour vous?

J'ai dégluti en passant une main sur mon front, et après quelques secondes j'ai finalement répondu.

- Bonjour, j'aurai voulu savoir si vous aviez une place pour une personne addict à la drogue, plusieurs sortes confondues.

***

J'aurai préféré qu'elle me réponde que non, ils n'avaient plus de place avant plusieurs mois. Mais ça aurait été trop beau. La femme de l'autre coté du téléphone m'avait affirmé que Newt pourrait, après une visite au préalable, faire partie de leur centre d'ici le mois prochain. Le rendez-vous était fixé à la semaine prochaine, j'allais devoir convaincre Newt d'y aller.

Je me suis assis sur l'un des bancs de l'amphi en soupirant, avant de plonger ma tête dans mes bras. Tout le poids que je portais sur mes épaules m'écrasait petit à petit, je ne savais plus comment gérer tout ça.

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant