Chapitre 17.

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Thomas m'a gardé longtemps dans ses bras, et je crois que j'en avais besoin. J'étais quelqu'un de très tactile avant de me retrouver à la rue, et savoir que je comptais ne serait-ce qu'un peu pour quelqu'un me rassurait.

- On rentre? Me demanda le brun après quelques temps.
- Comment ça, on?

Je me retournais vers lui, quittant son étreinte, et le regardais. Il avait ce petit sourire qui donnait du baume au coeur.

- Tu crois vraiment que je vais risquer de te perdre une deuxième fois en te laissant dehors?
- Tu n'as pas écouté un seul mot de ce que je t'ai dit? Dis-je en me reculant légèrement, créant une distance entre nous.
- Si, tu ne veux pas voir ma copine, ni qu'on étale notre bonheur devant toi. Mais qui t'a dit qu'on vivait le parfait amour en ce moment?
- Toi.
- Eh bien non. Mais c'est pas le sujet, je ne te laisse pas dormir dehors.
- Je ne viens pas avec toi Tommy.
- Newt...

Il tendit sa main vers moi, mais je me reculais jusqu'à ce que mon dos soit contre le mur. Son sourire avait disparu, mais je ne pouvais pas accepter, c'était au dessus de mes forces.

- Tu imagines ce que je ressens en sachant que je vais dormir au chaud alors que tu vas être dehors, dans le froid?

Il se rapprocha de moi, m'empêchant de partir.

- Tu ne me dois rien, Thomas. Tu n'as pas besoin de m'héberger, me nourrir ou prendre soin de moi. Je me débrouille seul depuis un an, et c'est plutôt moi qui te doit quelque chose.
- Et si je te paye l'hotel?
- Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "tu ne me dois rien"?
- Laisses-moi t'aider.
- Laisses-moi partir.

Thomas soupira fortement, il allait m'engueuler, je le savais. Ça se voyait dans son regard.

- Tu me fais chier, Newt. Tiens, qu'est-ce que j'avais dit. Je te laisse partir à deux conditions.
- Lesquelles? Ça ne m'engageait à rien de poser la question, si?
- Tu retournes à l'endroit habituel sans t'enfuir encore une fois.
- Et?
-Tu m'expliques pourquoi tu es dans la merde.

C'était donc ça. On en était au stade du chantage. Et si je lui racontais tout, et qu'il croyait Teresa? Teresa. Ça faisait tellement longtemps que son nom ne m'avait pas traversé l'esprit, et pourtant, ses actes sont une des causes de ma situation. Je le regardais droit dans les yeux, je ne pouvais pas. Les mots ne sortiraient pas de ma bouche. J'en étais incapable.

Il attendait ma réponse, il attendait que je parle, et pourtant je restais silencieux. C'était bien trop dur de parler de ça avec quelqu'un, c'était déjà trop douloureux d'y penser.

Alors j'ai décidé d'être imprévisible. Ou con.
J'ai mis mes mains sur le torse de Thomas, et je l'ai poussé avec toute la force que j'avais. Comme il était accroupi devant moi, il est tombé en arrière, je me suis mis debout et j'ai commencé à courir le plus rapidement possible. Ma jambe était en feu, mes poumons se serraient douloureusement. Je pensais l'avoir semé, mais ça, c'était avant de me faire plaquer contre un mur de briques. J'ai serré les dents, putain que ça faisait mal. C'était comme si chaque vertèbre de mon dos s'était brisée.
J'avais l'impression de jouer au chat et à la souris avec Thomas. En arrivant, c'est lui qui me fuyait, et là, c'était moi. Ce jeu était fatiguant, je ne tiendrais pas longtemps.

- Tu croyais vraiment que je n'allais pas te rattraper? Dois-je te rappeler que je cours tous les jours, et que ta jambe est foutue?

Comment est-ce qu'il savait ça? J'ai froncé les sourcils encore une fois, et je me suis défait de son emprise.

- Comment est-ce que tu sais ça?! J'étais seul !
- Quelqu'un a bien prévenu la police.
- Quoi? Est-ce qu'il était en train de m'avouer que..
- C'est moi qui t'ai ramassé après que tu te sois fait tabasser Newt.

Il me suivait depuis tout ce temps? Mais pourquoi? Je me suis reculé, complètement abasourdi. Je me suis retrouvé à la rue quelques jours après la bagarre, pourquoi est-ce qu'il a attendu tout ce temps avant de me proposer un toit, ou me parler tout simplement ? Peut-être parce qu'à chaque fois qu'il te voyait tu étais soit bourré, soit inconscient. Pas faux.

- Est-ce que... Tu me suis ?
- Quoi? Bien sûr que non Newt. Rigola-t-il. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle. Tu trainais près de mon boulot, ou près de chez moi.

Thomas

On aurait dit qu'il avait peur de moi, alors que je lui disais la vérité. Il s'était fait tabasser dans une impasse près du restaurant où je bosse, et c'est moi qui ai appelé les secours en le voyant par l'une des fenêtres. Ses agresseurs étaient partis en entendant les sirènes au loin. J'avais supplié mon patron de me laisser sortir, et après avoir accouru à ses cotés, j'avais eu envie de vomir. Non pas de dégout mais de tristesse et de douleur. J'avais vu l'état de sa jambe, presque retournée. J'avais vu son visage en sang, je l'avais vu s'évanouir plusieurs fois dans mes bras.
Mon sourire s'évanouie en voyant son regard, il voulait me fuir, je le savais. Il n'avait qu'une envie, partir en courant bien qu'il n'en soit plus capable. Pourquoi est-ce qu'il n'acceptait pas mon aide? Pourquoi est-ce qu'il ne me faisait pas confiance?

On a entendu un portable sonner, et Newt m'a regardé presque méchamment.

- Bah réponds. Ça ne peut pas être moi, je n'ai pas de thune pour m'en payer.
- Tu pourrais si tu ne claquais pas tout dans la drogue. J'ai lancé sèchement. Quel con. Excuses-moi, c'est pas ce que je..
- Mais tu l'as dit. C'est exactement ce que tu penses de moi Thomas, que je ne suis qu'un drogué irrécupérable, borné, sûrement bipolaire et complètement con.
- Non, c'est faux.
- Il y avait du dégout dans ton regard quand tu as su que je m'étais piqué. Je ne t'ai jamais rien demandé Thomas. Tu n'as pas besoin de m'aider, je me suis mis dans la merde tout seul, alors soit j'en sortirai seul, soit je crèverai seul. J'ai dégluti face à ses propos aussi crus.

Mon portable continuait de sonner, mais je l'ignorais. Je savais que c'était Sonya, et ma soirée était assez pourrie pour qu'elle en rajoute.

- Je t'interdis de penser ça.
- Tu n'as rien à m'interdire.
- Je ne te laisse pas dans la merde Newt !

Il soupira en tirant sur ses cheveux, il était énervé contre moi, seulement parce que je lui proposais mon aide.

- Regardes-moi ! Rien ne pourra changer le fait que je suis foutu !

Il avait hurlé, mettant toute la haine dans cette phrase.

- Laisses-moi essayer.. S'il te plait.
- Tu vas crever en essayant de m'aider, Tommy.

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant