Chapitre 35.

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Ma soeur nous a laissé, et je me suis approché de Newt pour nouer sa cravate.

- Tommy... Tommy !

Je suis sortis de mes pensées et il a rigolé.

- C'est pas moi, mais ma cravate que tu dois regarder. Tu fais n'importe quoi. J'ai jeté un coup d'oeil au noeud que j'étais en train de faire, et effectivement, ça ne ressemblait à rien.
- Désolé. C'était de sa faute, il me déconcentrait.

J'ai finalement réussi à faire ce noeud, et ai observé Newt quelques secondes. Il était beau, tellement beau.

Newt

Thomas me dévisageait, et la tension qui commençait à s'installer dans la pièce me rendait nerveux.

- Il faut que tu ailles te préparer, on va être en retard.
- Oh ehm... Oui, oui j'y vais.

Il a passé sa main sur sa nuque, a attrapé ses affaires et est sortit de la chambre. Je me suis allongé sur son lit en fixant le plafond, et j'ai soupiré. Je n'avais jamais été attiré par un garçon avant, mais avec Thomas tout était si différent.
Je ne sais même plus quoi ressentir. Il compte énormément pour moi, car c'est le seul qui m'ait tendu la main quand j'étais au plus bas, et qui ne m'a plus jamais lâché. Mais en même temps, je le déteste de m'avoir empêché de sauter, d'avoir une telle emprise sur moi. Il ne s'en rend pas compte, mais je me bats chaque jour contre mes pensées plus noires les unes que les autres. Chaque jour, je lutte contre mon envie de replonger, de tout abandonner.
Parce que si j'abandonnais, que je sautais de ce foutu pont, quand est-ce que je reverrai son sourire à nouveau? Quand est-ce que j'entendrai son rire ? Que je sentirai son parfum ?

J'ai soupiré à nouveau.

Je me détestais d'être si faible, de laisser quelqu'un m'atteindre autant. Je suivrai Thomas n'importe où, alors que je m'étais promis de ne plus jamais dépendre de personne.
Mais je dépendais de lui. Ma vie dépendait de lui.

Ce n'étais pas si compliqué après tout.

Tant qu'il voulait bien de moi, je voulais bien de la vie.

Le jour où il en aura marre, où il se lassera, je sauterai.

La porte s'est ouverte et j'ai sursauté comme un dingue. Depuis quand est-ce que j'étais perdu dans mes pensées? Assez longtemps pour que Tommy puisse se préparer intégralement.

- Tout va bien? J'ai dégluti, heureusement qu'il ne pouvait pas lire dans mes pensées.
- Oui. Je me suis raclé la gorge en me levant, et je lui ai souri. Ça te va très bien.
- Merci, t'es pas mal non plus. Il a rigolé nerveusement, et moi aussi.

On a entendu sa mère nous appeler du salon, elle venait de nous tirer d'une situation très embarrassante.

On était tous à table depuis un peu plus d'une heure maintenant, tout se passait bien, Thomas était heureux alors je l'étais aussi. J'étais un peu plus détendu qu'avant, Thomas s'était mis à ma droite et comme la table n'était pas très grande, son genou frôlait le mien assez souvent. Mais ça ne me dérangeait pas, au contraire, sa présence me rassurait.

Au final, Noël n'est pas si terrible que ça. Je n'avais simplement pas eu l'occasion d'en vivre un vrai avant.
Les Sanders étaient vraiment très gentils, accueillants, et toujours souriants. On se sentait rapidement chez nous. La seule chose qui me gênait peut-être un peu, était que la soeur de Thomas, Julia, était très... tactile avec moi. Chaque fois qu'elle rigolait avec nous, elle posait sa main sur mon bras. J'avais le droit à quelques clins d'oeil de temps en temps. J'espérais que je ne lui plaisais pas, car pour le coup, j'étais plus attiré par son frère. Malgré qu'elle soit très jolie. La ferme Newt.

Sa mère s'est levée pour aller chercher le dessert quand Thomas s'est tourné vers moi.

- Ça va?

J'ai approuvé d'un signe de tête en lui souriant, et Lisa a déposé deux bûches de glace sur la table. Son mari les a coupé et a servi tout le monde. J'ai refusé poliment, si je continuais de manger j'allais exploser.

- Alors, dites-nous comment vous vous êtes rencontrés.

Thomas a marqué un temps d'arrêt, et j'ai arrêté de respirer. La question qu'on redoutait tous les deux venait d'être posée. J'ai senti mon pouls accélérer et mes mains trembler légèrement, alors je les ai caché sous la table pour ne pas qu'ils remarquent mon malaise. C'était les symptômes d'une crise de manque, mais ce n'en était pas une.

Je savais que Thomas ne m'en voudrait pas si je mentais sur notre rencontre, si j'en inventais une autre. Mais j'en avais marre de mentir. C'est pour ça que tu lui mens depuis quelques jours. C'est différent. Évidemment.

- Ehm... On... Et bien... a bégayé Thomas. Newt est... Je savais qu'il cherchait une histoire à leur raconter.
- J'étais à la rue. J'ai dis en baissant les yeux, continuant de jouer avec mes mains nerveusement.

Thomas a discrètement posé sa main sur les miennes avant d'entrelacer nos doigts pour m'encourager à continuer. J'ai pris une grande inspiration, et j'ai levé les yeux vers la famille de Thomas qui me fixait.

- Et Thomas m'a proposé son aide.

Est-ce que je venais vraiment de résumer notre histoire en deux phrases? Absolument.

- Pourquoi tu étais à la rue? Enfin, si ce n'est pas indiscret. A demandé Julia.
- J'ai perdu mes parents dans un accident de voiture, et j'ai commencé à faire n'importe quoi. J'ai dépensé toute la fortune familiale, arrêté la fac d'économie, et passé mes soirées à faire la fête. Je n'allais pas leur parler de mes problèmes de drogue et d'alcool, ils ne voudraient plus que leur fils me voit. Je ne serai plus là sans Tommy. Tommy. J'ai dis Tommy. Devant sa famille.

Il a serré mes mains davantage et ses parents l'ont félicité. J'étais soulagé qu'ils ne me jugent pas, du moins, s'ils le faisaient ça ne se remarquait pas.

La soirée s'est terminée vers minuit dans la bonne humeur. On venait de s'installer dans nos lits respectifs, le matelas n'était pas très confortable mais il me suffirait amplement. La chambre était baignée dans la pénombre, les rideaux laissant entrer la lumière de la lune.

- Tu vois, ce n'était pas si terrible.
- Ce n'était pas pour moi que je ne voulais pas venir Tommy, mais pour vous. Il a roulé sur le coté pour pouvoir me regarder.
- Et je suis heureux que tu sois là Newt. Vraiment.

Je lui ai souri et il s'est rallongé sur le dos. Aucun de nous deux n'a parlé pendant de longues minutes, quand j'ai brisé le silence.

- Tommy?
- Mh?
- Je crois que je plais à ta soeur.

Et là, il a éclaté de rire. Littéralement. Il a rigolé pendant cinq bonnes minutes avant de réussir à se calmer, après que je lui ai donné des coups d'oreiller pour qu'il arrête de se moquer de moi.

- Alors là, ça m'étonnerait beaucoup !

Je me suis redressé sur mes coudes pour le regarder.

- Et pourquoi ça?
- Tu n'es pas du tout son style. J'ai relevé un sourcil, me demandant comment est-ce que je devais le prendre.
- Tu insinues quoi là?

Il a rigolé en m'ébouriffant les cheveux, et s'est rallongé.

- Ça n'a rien à voir avec toi, ma soeur préfère les brunes.

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant