Chapitre 56.

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La dernière fois que Thomas avait passé une nuit aussi terrible, c'était quand Newt avait disparu dans la nature.
Il n'avait pas fermé l'oeil, tournant en rond dans son lit, prenant l'air sur le balcon. Il avait même tenté de regarder l'un des films les plus ennuyeux de sa collection, rien ne fonctionnait. Le seul moment où il s'était senti apaisé quelques minutes, c'était quand il s'est allongé sur le canapé, l'oreiller de Newt contre lui. Il avait son odeur.

Depuis qu'il avait dû dire au revoir au blond, Thomas ne cessait de se demander s'ils avaient fait le bon choix. Savoir Newt seul dans cet endroit le rendait malade.

Les visites commençaient à 14h, il restait encore quelques temps au brun avant de partir. Il avait besoin de se détendre, si Newt le voyait dans cet état lamentable il s'en voudrait et ferait tout pour repartir avec Thomas le soir même. Il a enfilé un jogging, ses baskets et enfoncé ses écouteurs dans les oreilles avant de sortir de chez lui.

De son côté, Newt n'avait pas dormi non plus. Les bruits incessants et insupportables des machines le rendaient fou, ainsi que les infirmières venant toutes les trois heures vérifier ses constantes. Le Docteur Paige lui avait expliqué dans la matinée que la cure commencerait réellement demain, et qu'il pouvait profiter de cette journée pour découvrir un peu mieux le centre. Il a d'abord refusé, préférant rester dans sa chambre, quand après trois longues heures d'ennui il s'est dit que ce n'était peut-être pas une mauvaise idée.

Newt se sentait seul. Incroyablement seul.

Les patients du centre restaient chacun dans leur coin, comme si l'addiction de l'un pouvait contaminer l'autre. C'était loin de l'image du camp de vacances que montrait la brochure.
Regarder tous ces gens errant autour de lui, ça lui avait miné le moral. Alors il était retourné dans sa chambre après avoir pris un livre de la bibliothèque, et il y était resté. Il avait lu seul. Mangé seul. S'était reposé seul et là il attendait, toujours aussi seul. Il avait espéré que Thomas passe la porte avant l'heure officielle des visites, mais non.

Newt

Même en vivant dans la rue le temps ne passait pas aussi lentement.

J'étais en train de lire mon bouquin, regardant l'heure toutes les deux secondes quand la porte s'est ouverte et un Thomas fatigué est entré. J'ai lâché mon livre avant de me lever et de lui sauter au cou, plaquant mes lèvres sur les siennes. Elles avaient un goût de cigarette.

- Comment tu te sens? Il m'a demandé une fois séparé.
- Mieux maintenant que tu es là.

Je l'ai entrainé jusqu'au lit, m'asseyant en tailleur et l'observant. Je savais qu'il avait dormi autant que moi cette nuit, la fatigue se lisait sur son visage.

- Et cette première journée?
- Un enfer. Je m'ennuie à mourir, personne ne m'a approché, et la bouffe est dégueulasse.
- Je t'ai ramené quelques trucs pour t'occuper.

Il m'a tendu le sac qu'il tenait, et j'y ai trouvé mon matériel de dessin, des écouteurs et mon téléphone oublié chez lui. Je l'ai remercié en lui souriant, mais je voyais qu'il n'était pas comme d'habitude. Pas comme hier, quand il m'a promis que tout irait bien.

- Et toi? Comment tu te sens? Je me suis risqué à demander, quite à ce qu'il se mette à pleurer ou hurler la seconde suivante.

Pour seule réponse, il a haussé les épaules en me faisant un sourire qui se voulait rassurant, mais qui était plus triste qu'autre chose. Et il savait à quel point je détestais ce genre de sourire. C'était le genre de chose qui me mettait hors de moi, mais je n'avais pas le droit de m'énerver contre lui, il était déjà assez triste pour en rajouter. Alors j'ai été compatissant.

- Tu as le droit d'aller mal aussi Thomas. Ce n'est pas parce que tu n'es pas interné que tu ne vis pas ça avec moi.
- Je... J'ai été courir ce matin. Il a dit après quelques secondes de silence.

Il savait que je comprendrais pourquoi il me disait ça. Je savais que ce n'était pas qu'un simple footing, mais celui qui sert à lui vider la tête, à oublier que je suis ici, et à éviter qu'il retombe en dépression.
J'avais tellement de peine pour Thomas. Ce que je lui faisais endurer était cruel, il n'avait pas à subir mon addiction. J'ai posé ma main sur sa joue, la caressant de mon pouce et il a fermé les yeux. Malgré ses airs d'homme qui gérait parfaitement la situation, je voyais qu'il faisait tout l'inverse. Il était en train de se laisser rattraper par ses vieux démons, et je ne pouvais pas le laisser faire.

- Ne restes pas seul Tommy. Ne passes pas tes journées à te morfondre à l'appart, parce qu'on sait tous les deux comment ça va finir.
- Non, je-
- S'il te plait. J'ai posé ma main sur sa cuisse. Fais ça pour moi. Sors et amuses-toi.
- Comment tu veux que je m'amuse alors que tu es coincé entre quatre murs? Il a reculé. Bordel Newt ! Tu es seulement là depuis hier et je suis déjà en train de me dire que ce n'était pas une bonne idée. Et si ton état empirait? Et si ils te faisaient du mal? Et si tout ça ne servait à rien? Et si-
- Et si je m'en sortais? Je le coupais, ne supportant plus de le regarder se détruire moralement. C'est toi le plus optimiste des deux d'habitude. Qu'est-ce qui te prend Thomas? T'as pas le droit de te laisser abattre, tu sais très bien que j'y arriverais pas tout seul.

Il s'était mis à se ronger les ongles, fuyant mon regard. La dernière fois que je l'avais vu dans cet état, c'était à Noël après qu'il m'ai surpris dans la salle de bains, prêt à me droguer. C'était toujours à cause de la drogue. Toujours à cause de moi. J'ai posé ma main sur les siennes, l'empêchant de se faire du mal et je l'ai pris dans mes bras. C'est étrange comme les rôles peuvent s'inverser. On aurait pu croire que c'était à Thomas de me réconforter, mais c'était l'inverse qui se produisait.

Il a inspiré profondément en passant ses mains sur son visage et m'a regardé. Ses yeux étaient tristes mais il essayait de se ressaisir.

- Je t'avais promis italien hier, du coup pour me rattraper... Il a sortit deux boîtes remplis de spaghettis bolonaises, un sourire aux lèvres. J'ai pas pu faire mieux.

Externe

Malgré qu'elle ai plutôt mal commencée, la journée s'est terminée dans de meilleures conditions. Newt et Thomas ont passé l'après-midi devant la petit télé de la chambre, Newt dans les bras du brun jusqu'à ce qu'une infirmières leur annonce que les visites étaient terminées. Thomas avait donc quitté la chambre à contre-coeur, embrassant une dernière fois le blond en lui disant qu'il essayerait de passer le lendemain si ses horaires le lui permettaient.
Newt s'était donc retrouvé à nouveau seul, sachant que le lendemain les choses sérieuses commençaient.

Il avait fini par s'endormir devant une émission sans intérêt, quand en pleine nuit il fut réveillé en sursaut par une envie de vomir. Newt a tenté d'aller jusqu'à la salle de bains, mais toutes ses forces avaient quittées son corps et il s'est écroulé sur le sol. Sa vue était brouillée, la sueur dégoulinait sur son front.

Il a entendu un bruit strident, comme une alarme, aperçu des ombres se diriger vers lui puis plus rien.

// Hello tout le monde ! Je sais, ce chapitre n'est pas très long, surtout comparé au précédent... J'espère que votre rentrée s'est bien passée, que vous avez une bonne classe et un bon emploi du temps ! Merci pour tous vos commentaires sur le chapitre 55, vous n'imaginez pas comme ça m'a rendu heureuse ! Je vous aime 😘\\

I Hated The Place, Tommy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant