Chapitre 6 : Le cauchemar (2)

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Le marché était bondé et grouillait de clients. Les étals se succédaient sur les côtés des rues, délaissant seulement le milieu afin de créer un passage. Tout le monde criait. Que ce soient les maraichers, les poissonniers, les laitiers, les boulangers ou les fleuristes qui hélaient les clients, ou lesdits clients qui riaient à gorge déployée, gloussaient, s'interpellaient à grands renforts de cris et hurlement en tous genres. C'était un vrai capharnaüm.

Je mis environ dix minutes à rejoindre le premier étalage d'un laitier. Avant d'acheter ce dont j'étais en charge, je fis le tour des autres pour comparer la qualité des produits et le prix. Finalement, j'achetai une dizaine de bouteilles de lait au premier mais achetai les différents fromages et yaourts aux autres. Mon panier était rempli à ras bord et par conséquent très lourd, c'est pourquoi je pris le bus pour revenir au palais. De toute façon, il était plus de quinze heures vingt et je n'aurais jamais le temps de rentrer à pieds, surtout avec un panier surchargé.

Le bus me déposa un peu avant les grilles. Je montrai une nouvelle fois mon badge pour entrer et rejoignis les cuisines par l'entrée de service. Elles étaient presque vides, étant données que nous étions au milieu de l'après-midi, mais elles ne tarderaient pas à se remettre en service pour préparer le dîner. Quelques cuisiniers faisaient les inventaires, quelques serviteurs faisaient la vaisselle. Je remarquai Logan, occupé à croquer dans une grosse pomme avec enthousiasme. Quand il me remarqua, il abandonna son met pour venir vers moi.

- Tu ne devrais pas porter tout ça, tu vas te faire mal au dos ! s'écria-t-il en me voyant peiné.

- Ça c'est déjà fait, souris-je avec soulagement quand il me délesta.

Il posa le panier sur la table et les cuisiniers commencèrent à en faire l'inventaire.

- J'ai une heure de libre, ça te dirait qu'on aille se promener dans le jardin ? A part si tu as du boulot, dans ce cas bien sûr va travailler sinon tu vas te faire...

Un grand sourire étira mes lèvres devant sa tirade qui n'en finissait pas, et dont j'avais décrochée. Sa capacité à débiter comme une mitraillette sans reprendre une seule fois son souffle me laissa ébahie. Je le stoppai avant qu'il ne me quitte d'asphyxie.

- J'ai quartier libre jusqu'à ce soir. Je reprends après le dîner.

Il prit une minute pour reprendre son souffle et m'adressa un sourire radieux.

- Parfait ! Donc, tu veux qu'on aille se balader ? Bien sûr, si tu ne veux pas, je...

- C'est ok pour moi, l'arrêtai-je en pouffant.

Nous sortîmes et déambulâmes dans les allées fleuries. Après plusieurs minutes d'un silence apaisant, nous commençâmes à discuter de tout et de rien. Logan était un homme très cultivé et intéressant, avec lequel je me trouvai des points communs, notamment notre passion pour les chevaux. Je l'appréciai rapidement, avec toutefois un petit pincement au cœur en réalisant que, même s'il ne faisait pas parti de mes pires ennemis, il était quand même dans le camp opposé, ou du moins à la limite. Tout cela étant bien compliqué, je chassai ces pensées de mon esprit pour profiter de l'instant présent.

- Je fais parti d'une famille nombreuse, m'expliquait-il pensivement. J'ai trois grands frères et une petite sœur de deux ans ma cadette. Elle s'appelle Lily.

- C'est un très joli prénom, commentai-je.

- Oui, sourit-il, visiblement fier. Elle est adorable... Nous ne vivons pas que tous les sept, mais avec mes grands-parents paternels et ma grand-mère maternelle.

- C'est assez rare, de nos jours, lui dis-je, surprise.

Il me regarda brièvement, un sourire pensif aux lèvres, et me parla de lui et de sa famille (surtout de sa sœur) plus en détails. Je ris beaucoup à l'évocation de détails croustillants et d'anecdotes sur sa vie.

Le Prince et la PanthèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant