Chapitre 11 : La chasse (2)

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Après s'être tu pendant quelques secondes, il ajouta:

- Cheyenne est un bon cheval pour les parties de chasse. Elle reste calme même aux coups de fusils tout en étant très dynamique au besoin.

Un fin sourire éclaira son visage; on voyait à quel point il tenait à cette jument.

- Vous l'avez depuis quand? le questionnai-je subitement.

Il releva la tête, tiré de ses réflexions.

-Elle a presque cinq ans et elle a toujours vécu ici. A la base elle venait d'une saillie arrangée entre notre meilleur étalon - Comanche - et une jument d'un de nos généraux. Elle était destinée à la vente mais je n'ai pu m'y résoudre. Mon père a cédé, même s'il m'en a voulu.

- Pourquoi ?

- Mon père comptait sur sa vente pour renforcer ses relations avec plusieurs seigneurs (cette année-là l'impact des rebelles était grandissant et ils avaient réussi à rallier trois des importants seigneurs de mon père). Alors quand j'ai refusé...

- Il l'a mal pris, terminai-je à sa place.

- Oui... De plus Cheyenne était issue des deux chevaux champions de cette période... le meilleur de nos investissements. Comanche avait déjà remporté plus de 25 victoires sur le champ de course et la jument, non seulement championne de saut, remportait tous les concours de dressage.

- Il n'aurait pas pu reprogrammer une saillie avec les deux mêmes chevaux? m'interrogeai-je.

Il secoua la tête en flattant distraitement Amiral.

- La mère de Cheyenne est morte en lui donnant naissance. Ce qui ajoutait au moins deux millions à la valeur initiale de Cheyenne qui s'élevait à quatre millions et demi.

- Oh... , fut tout ce qui put sortir de ma bouche (il faut dire que six millions et demi c'était pas une petite somme).

Il haussa les épaules.

- Il faut bien avouer que mon père ainsi que le propriétaire de Cheyenne n'étaient pas ravis. Mais c'est la décision que je regrette le moins, d'avoir choisi de la garder.

- Ça se voit que vous avez une vraie complicité tous les deux.

- Je l'ai choisie, mais je pense aussi qu'elle m'a choisi. C'est une complicité et un amour mutuels.

Il me regarda; je lui souris. Il détourna les yeux.

- Je n'ai pas pour habitude de parler de ce genre de choses. Du moins pas avec...

-...de vulgaires servantes connues pour leurs incessants commérages? le coupai-je. Ne vous inquiétez pas, votre secret est bien gardé.

Il ne broncha pas sur le fait que je lui avais encore une fois coupé la parole. Il devait commencer à s'habituer.

- Oui... Et disons qu'en général, les " vulgaires servantes", comme vous dites, ne s'intéressent pas à ce genre d'histoire.

Je haussai les épaules.

- Et bien moi je ne suis pas comme elles... murmurai-je, la tête baissée.

- J'avais remarqué, dit-il simplement.

Je relevai les yeux et plongeai dans son regard brillant et mystérieux.

- Vous je vous fais confiance, ajouta-t-il sur un ton de confidence.

Mon coeur bondit et je rougis, tout en cherchant la réelle signification de cette phrase des plus énigmatiques. Il me faisait confiance? Qu'est-ce que ça voulait dire? Quelqu'un comme lui... Ou était-ce encore une énième ruse? Ou bien au contraire, une baisse de sa garde, un pas amical envers moi? Je ne savais pas quoi en penser.

Le Prince et la PanthèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant