Le Prince et la Panthère

Chapitre 10 : Sous haute tension (5)

Je souris en lui tendant précautionneusement la pile de vêtements, et Aaron renvoya la vendeuse, qui n'était plus d'aucune utilité (qui à vrai dire n'avait pas du tout été utile, mais bon). Après avoir ôté la robe, Loti me tendit les deux horreurs et j'allai les ranger à leur place. Je les accrochai à leur portant et me retournai. Ce faisant, je manquai percuter Aaron, qui m'avait suivie sans que je ne m'en rende compte. Me trouvant beaucoup trop proche de lui, je reculai d'un pas. Il m'observa en arquant un sourcil.

- Notre proximité ne vous dérangeait pas tout à l'heure quand je vous embrassais en vous caressant la cuisse.

Je rougis en regardant autour de nous pour m'assurer que personne n'avait entendu.

- Ce qui s'est passé tout à l'heure était une regrettable erreur, et c'était inapproprié. Croyez-moi ça ne se reproduira plus.

- Ça c'est vous qui le dites.

Je plissai les yeux et le frôlai pour passer à côté de lui, vu qu'il ne prit pas la peine de se décaler. Il interrompit ma marche, quelques instants plus tard, en s'exclamant :

- Oh, je vous supplie d'essayer ça !

Craignant le pire, je me retournai. Il me désignait un ensemble de sous-vêtements rouge et noirs incroyablement sexys, avec nuisette et porte-jarretelles.

- Allez vous faire voir, prince à la noix.

Il éclata de rire alors que je me détournais pour rejoindre les cabines.

Les prochaines tenues de Loti furent nettement mieux que les précédentes. Il y avait notamment deux robes assez simples mais tout en élégance et parsemée de rubans, une bleue et l'autre verte, puis quelques jupes fluides et des hauts adorables. Elle les aima tous et nous passâmes à la caisse, où Nila encaissa les achats, sans cesser de dévorer le prince des yeux. Pas croyable. Cependant, tout à sa discussion avec sa sœur, Aaron l'ignora en payant distraitement. Dépitée, elle nous souhaita une bonne journée et repartit vaquer à d'autres occupations.

En sortant, nous passâmes devant l'étalage d'un fleuriste. Aaron subtilisa discrètement deux fleurs. Il donna une grande marguerite à sa sœur, qui s'en saisit en souriant. Elle l'embrassa sur la joue pour le remercier. Puis il se redressa et me tendit une rose rouge magnifique aux pétales bien ouverts. Je lui jetai un regard entendu en secouant doucement la tête.

- Ce n'est qu'une fleur, Katarina, s'obstina-t-il.

Dans ma voix son prénom avait des intonations suaves et sensuelles. Je déglutis et voulus de nouveau refuser mais il m'en empêcha. Il coupa la trop longue tige avec un couteau de poche et accrocha la fleur dans mes cheveux, en coinçant le restant de la tige dans l'élastique de ma queue de cheval. Je rougis.

- Et voila !

Il s'écarta un peu pour m'examiner.

- Vous êtes ravissante.

Je ne répliquai rien et nous continuâmes à marcher, la petite main de Loti glissée dans la mienne. Nous fîmes plusieurs autres magasins et Aaron paya d'autres tenues à sa sœur, ainsi que quelques bijoux, puis nous nous arrêtâmes car il était déjà plus de midi et que nous mourions tous de faim.

- Où veux-tu manger ma puce ? lui demanda Aaron.

Elle hésita un moment, puis désigna un camion à kebab, qui se trouvait non loin, près de la plage que surplombait la place. Aaron fit une légère grimace.

- Ce n'est pas très...

- Distingué ? le taquinai-je. Pète-sec ?

Il plissa les yeux, le regard rieur.