Chapitre 9 : L'enquête (2)

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Comme il était sept heures, je m'approchai du prince et me penchai.

- Votre Altesse, murmurai-je. Il faut vous réveiller.

Il grogna quelque chose d'inaudible mais ne bougea pas d'un poil. Je levai les yeux au ciel et pris mon mal en patience. Je dus le secouer cinq bonnes minutes avant que monsieur ne se décide à soulever les paupières. Il bailla et se leva alors que je me reculai un peu.

- Bonjour, votre Altesse, le saluai-je poliment. Il est sept heures. Dois-je réveiller votre sœur ?

Il la couva d'un regard attendri.

- Non, laissez-là dormir encore un peu.

- Bien.

Un silence gêné s'installa. Il me détaillait avec attention, comme si, la seconde suivante, il allait s'asseoir à son chevalet pour peindre mon portrait. Je détournai les yeux et rassemblai le linge sale de la chambre, dont je ne m'étais pas occupée auparavant car ils dormaient. Aaron prit les vêtements qu'il m'avait prêtés la veille, et, sans me quitter des yeux, il huma doucement la chemise.

- Vous sentez délicieusement bon.

Il me tendit les vêtements. En les prenant, nos mains s'effleurèrent. Je me mordis nerveusement la lèvre ; ses pupilles se dilatèrent. Je m'éloignai avec le panier de linge sale.

- Il faut que je descende ça. Je vous retrouve pour le petit-déjeuner, votre Altesse ?

Il retrouva son sérieux.

- Non. La journée va être assez chargée. Le petit-déjeuner est avancé. Revenez directement après avoir déposé le linge.

Je m'apprêtai à protester (quand est-ce que j'allais manger, moi ?) mais son regard m'en dissuada. Je lui lançai un regard noir et tournai les talons.

Quand je remontai, Loti n'était plus là et il m'expliqua qu'elle était allée se préparer avec l'aide de sa gouvernante. Je fis le lit alors qu'il s'habillait, puis nous allâmes dans la salle à manger. Juste avant d'entrer, Aaron pila et je lui rentrai dedans. Il se retourna et je pris un peu de distance.

- Qu'y a-t-il ? demandai-je.

- Votre coiffure, dit-il d'une voix rauque. J'ai failli oublier.

J'ouvris de grands yeux en me rendant compte que j'avais toujours ma queue de cheval, alors que les souverains se trouvaient de l'autre côté de la porte et que la tenue réglementaire des servantes imposait le chignon. Aaron enleva l'élastique qui maintenait mes cheveux et me regarda faire mon chignon. Quand je fus prête, nous entrâmes. Loti était déjà installée, tout comme ses parents. Aaron s'assit et je me postai en retrait, réprimant les grognements que voulait pousser mon pauvre estomac affamé.

- Tu es en retard, lui reprocha le roi.

- Toutes mes excuses. Un léger problème à régler au téléphone.

- Et bien nous en avons un bien plus important ici. La soirée a été un véritable fiasco. Les conséquences s'en font déjà ressentir. Notre système de surveillance est critiqué par tous les journaux illégaux dont le taux de vente n'a d'ailleurs jamais été aussi élevé, et leurs articles sont placardés dans chaque rue de la ville, et probablement dans les autres alentours. Ils savent qu'une enquête va être menée et nous avons intérêt à la clore au plus vite pour éviter d'autres scandales, c'est clair ?

Aaron hocha la tête.

- Tu seras le commandant de cette enquête, tu travailleras avec une de tes unités anti- Panthère, la meilleure. Tu dois trouver comment et par où cet espion s'est faufilé dans l'enceinte du palais. Et il faut surtout régler cette affaire avant que ton oncle s'en mêle. Ce serait une honte s'il te dépassait.

Le Prince et la PanthèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant