Chapitre 12 : Le jardin secret (1)

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- Oui. Ce n'est pas qui vous êtes et ça ne doit pas vous définir.

- Comment ça ?

Je pris un moment pour lui répondre :

- C'est peut-être le monde dans lequel vous vivez mais ce n'est pas vous. Je le vois bien quand vous êtes avec Lot... votre sœur, ou avec Cheyenne, et même parfois avec moi. Votre comportement est radicalement différent. Pourquoi ne pas vous montrer tel que vous êtes en réalité ?

Il hocha sombrement la tête. Quand son regard croisa le mien, je détournai les yeux.

- Je n'ai pas le choix, soupira-t-il. Si je suis différent, les requins me mangeront... sans parler des Rebelles qui profiteront de ma faiblesse pour m'écraser.

Je levai les yeux au ciel. A la base, c'était l'autoritarisme, l'hypocrisie et la cruauté du Pouvoir qui avaient mené à la Rébellion. En traitant le mal par le mal sans chercher plus loin que le bout de son nez, le serpent se mordait la queue.

Enervée, je me retournai, me retrouvant à seulement quelques centimètres de son torse.

- Si. Vous avez le choix, et vous avez choisi la facilité : faire l'hypocrite dans ce monde hypocrite, et vous révéler tel que la Cour s'attend à vous voir vous révéler. Les choses ne changeront jamais si vous vous complaisez dans la facilité que vous octroie naturellement votre naissance, sans chercher à trouver des solutions pour changer concrètement les choses et les mentalités. Comme avec votre sœur par exemple. Vous vouez une colère tenace à votre mère, trop faible pour tenir tête à votre père, et vous lui en voulez de ne pas s'occuper de Loti. Mais vous, vous êtes-vous jamais remis en question ? Vous aussi vous êtes soumis à votre père, totalement et sans limites, et vous non plus, vous ne vous occupez pas suffisamment de Loti !

Il ouvrit la bouche, mais je le coupai avant qu'il commence :

- Je n'ai pas terminé ! Pour ce qui est de la Rébellion, elle dure depuis plus de cinquante ans, et nous avons tous pu constater à maintes reprises l'inefficacité des méthodes employées par votre père, le Roi. Tenez-vous réellement à perpétuer cela ? Si oui la Rébellion ne cessera jamais malgré tous vos efforts pour en venir à bout. Et, désolée si je blasphème ou si je froisse votre pitoyable égo, mais moi, je ne veux pas de quelqu'un de passif qui n'ose rien tenter et se réfugie derrière de fausses excuses pour futur Roi !

Bien qu'épuisée par ma longue tirade, je n'eus pas le temps de reprendre mon souffle. Le prince saisit ma nuque entre ses mains et plaqua ses lèvres contre les miennes, m'embrassant avec férocité et passion mêlées. Son baiser était empreint d'un désir urgent et pressant. Un désir douloureux. Il me poussa contre un box. Hébétée, je ne réagis pas tout de suite, puis mes mains se posèrent d'elles-mêmes sur ses épaules. Je fermai les yeux, en même temps que s'éteignaient toutes mes neurones.

Je répondis à son baiser, me laissant totalement aller à son emprise. Il grogna de satisfaction et ses mains migrèrent pour enserrer et caresser mes hanches. J'empoignai ses cheveux en gémissant doucement.

Putain ce baiser était juste incroyable !

Il mordilla mes lèvres, taquin, et je vacillai, à bout de souffle.

- Votre Altesse ! appela une voix à l'extérieur des écuries.

Il se détacha de moi sans me lâcher. J'ouvris lentement les yeux. Une lueur de regret et de colère brillait dans les siens.

- J'arrive ! cria-t-il sans me quitter du regard.

La bouche entrouverte, figée, je le fixai sans rien dire, peinant à reprendre une respiration normale. Sa main se glissa dans mes cheveux, qu'il caressa tendrement, puis sur ma joue. Il se pencha et planta un chaste baiser sur mes lèvres, avec une douceur qui me bouleversa. Je saisis son poignet, m'y cramponnant presque. Il se redressa, baissa sa main en prenant la mienne dedans.

Le Prince et la PanthèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant