Chapitre 9 : L'enquête (1)

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Je me réveillai alors qu'il faisait encore nuit avec la sensation que quelque chose n'allait pas. Pourtant je me sentais bien et au chaud contre un corps brulant. La voilà ta couille dans le piano : t'es collée contre l'autre bouffon ! Encore ensommeillée, je pris lentement conscience de la position dans laquelle je me trouvais. Effectivement, j'étais collée au prince. Nos jambes étaient entremêlées et ma tête reposait sur sa poitrine. Loti était passée de l'autre côté de son corps et était aussi collée contre lui.

Quand je voulus me détacher, je me rendis compte qu'il avait passé son bras autour de ma taille durant la nuit car, inconsciemment, il me rapprocha de lui et resserra son étreinte. Ici, je me sentais bien, apaisée, bizarrement. Oh ! Tu nous fais quoi là ? Bouge ! Pleinement réveillée grâce à ma très chère conscience, je détachai lentement son bras de ma hanche. Heureusement, il ne se réveilla pas, m'évitant un nouveau moment très gênant (qui n'était que reporté, mais me laissait le temps de m'y préparer plus ou moins). Je me levai et enfilai rapidement mon uniforme de la veille, tout en vérifiant qu'Aaron dormait bien et ne faisait pas semblant pour me mater. Paranoïa, bonjour ! C'est pas ma faute si c'est un pervers ! Je vis sur la pendule qu'il était six heures. Je devais donc revenir dans une heure pour le réveiller. Je pliai les vêtements qu'il m'avait prêtés puis sortis dans le salon. Le garde était toujours posté devant la porte. Je l'interpellai à voix basse, pour que l'autre bouffon reste à pioncer :

- Le confinement est levé ?

Il hocha la tête et se décala pour me laisser passer.

- Merci.

Je me rendis dans ma chambre où je me débarrassai de l'uniforme de soirée pour mettre celui de tous les jours. En mettant l'autre au sale, j'eus l'impression de me défaire des souvenirs de la veille, mais tout se bousculait encore dans ma tête, en particulier la nuit passée auprès d'Aaron. Je m'étais endormie tôt, alors qu'il était toujours sur son téléphone, mais j'avais dû me réveiller une ou deux fois, du moins somnoler, car j'avais quelques souvenirs confus, dont un particulièrement troublant et agréable qui ne me revenait que maintenant. Il me semblait qu'à un moment de la nuit, où j'étais déjà collée contre lui, il m'avait caressé les cheveux avec délicatesse pendant longtemps, sans doute jusqu'à ce qu'il s'endorme. Le pire, c'était que ce souvenir était loin de me déplaire. Je secouai la tête et me fis ma queue de cheval. Puis, comme je n'avais rien à faire jusqu'à sept heures, je me rendis discrètement dans les douches pour voir si on ne m'avait rien laissé dans la cache. Il y avait un mot sur une petite feuille : « Bravo ! » dans un langage inventé de toute pièce, codé par Dan et moi. Ce qui voulait donc signifier que ce message était de lui et qu'il l'avait fait parvenir au Passeur. Mon cœur tressauta dans ma poitrine. Dans était comme un père pour moi depuis mes treize ans et ses félicitation me faisaient chaud au cœur. Il était celui en qui j'avais le plus confiance - et c'était d'ailleurs, je le rappelle, la seule personne au monde à savoir que j'étais la Panthère. Même les chefs rebelles (que je n'avais jamais rencontrés en tête à tête) ne connaissaient pas mon identité, et pensaient comme tous les autres que j'étais un homme. Pour tous les rebelles, du moins ceux qui me connaissaient, j'étais juste Katarina Ivanova, une espionne de terrain lambda dans la moyenne avec Dans pour superviseur (il supervisait des centaines d'agents, ce qui rendait impossible toute identification d'un agent spécifique comme étant la Panthère). Pourquoi les leaders avaient-ils ainsi acceptés d'être mis sur la touche ? Et bien, Dan étant quelqu'un de très influent dans le milieu, il s'était tout simplement octroyé le droit de ne pas leur laisser le choix. Un jour, il était allé les voir, alors que j'avais seize ans ; après, il m'avait souvent raconté ce qu'il leur avait dit. Un truc du genre :

- Il faut que je vous dise que depuis trois ans, j'entraîne une jeune personne terriblement douée. Un être blessé que j'ai recueilli à la mort de sa famille et qui nourrit une haine immense et impérissable contre le pouvoir qui nous asservit. Il est en passe de devenir l'un des plus grands agents de notre organisation.

Le Prince et la PanthèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant