Le Prince et la Panthère

Chapitre 12 : Le jardin secret (4)

- Pourquoi ? protesta Lola.

- Je suis curieuse c'est tout, éludai-je. Promis, si je me fais prendre, je prendrai toute la responsabilité sur moi.

Ils hésitèrent. Je leur servis ma tête de chien battu. Logan céda en premier, suivi de Lola.

- Bon. Trouvez un moyen de distraire tout ce beau monde.

Heureusement, cette fois-ci, ils surent se montrer un tantinet plus réactifs. Lola hurla en pointant le doigt vers le groupe de pétasses:

- Ah! Une souris!

Laurine fit un bond de deux mètres en poussant un cri strident, et buta contre une pile de cartons qui s'écroulèrent et participèrent à la pagaillle qui s'installait. Laurine et ses copines hystériques couraient en tous sens sans cesser de beugler, et les gardes ainsi que les experts intervinrent pour tenter de les calmer.

Quant à moi, j'en profitai pour ouvrir le premier carton. J'y trouvai des choses... intéressantes. Des choses dont je doutai que la reine puisse vouloir se débarrasser un jour. Un gros paquet de photos tout d'abord, où se trouvaient principalement Aaron et sa mère. Je n'eus pas le temps de les détailler alors je passai à la suite. Il y avait plusieurs babioles sans grand intérêt puis des petits cadeaux visiblement fabriqués par Aaron quand il était enfant, dont plusieurs bijoux délicatement façonnés avec du métal ou des pierres précieuses, qui démontraient déjà un grand savoir-faire et créativité. Jamais je ne me serais douté que le prince avait des doigts de fée.

Puis je tombai sur un épais journal à la reliure en cuir. Je l'ouvris. Il s'agissait du journal d'herboriste de la reine, rempli et illustré avec délicatesse et amour. Je le feuilletai rapidement. Il s'y trouvait des conseils en tout genre, des détails sur des dizaines de fleurs ainsi que des anecdotes et des dessins très précis de son jardin tel qu'il était auparavant. Je voulais bien révéler mon identité au monde entier si la reine désirait réellement jeter ce précieux livre au feu.

- Dépêche-toi, Kat! me pressa Logan.

Je levai les yeux ; le tumulte s'apaisait progressivement. Je profitai que mes amis aient le dos tourné pour sortir les photos, les objets faits par Aaron ainsi que le journal de sa mère, du carton. Je repérai un petit espace entre deux briques du mur. Les joints étaient si vieux qu'ils s'effritaient. Je fus donc en mesure de décoller quelques briques pour révéler un profond trou qui ferait office de cache. J'y dissimulai les objets et remis les briques en place, avant de refermer le carton, juste à temps. Le calme rétabli, les gardes reprenaient leur place en dardant sur notre groupe un regard méfiant; bien évidemment, personne n'avait trouvé de souris.

Lola haussa les épaules, un air si innocent plaqué sur le visage qu'on pouvait presque apercevoir une auréole scintiller au-dessus de sa tête.

- J'étais pourtant sûre de l'avoir vu...

Laurine la fusilla du regard et je pouffai. Logan, un sourire amusé aux lèvres, se tourna vers moi tout comme Lola.

- Alors? me questionna-t-il.

Je haussai les épaules.

- Alors rien. Ils ont raison y a rien que des babioles sans intérêt.

Lola pouffa un profond soupir, faussement déçue.

- Tu veux dire que j'ai flanqué la frousse à Laurine et sa clique pour rien? Quel dommage!

Nous éclatâmes de rire.

Nous fûmes relevés de cette tâche vers dix-neuf heures trente. Bien que loin d'être achevée, nous devions gagner les cuisines pour terminer de préparer le banquet de ce soir - et ranger le grenier constituait une tâche secondaire ayant pour but de nous occuper pendant la longue cuisson des aliments. À présent il fallait dresser les nombreuses assiettes ainsi que nettoyer l'immense cuisine, qui avait souffert des dernières heures et était terriblement encrassée. Je fus affectée au nettoyage avec Logan et deux autres de nos collègues, et nous passâmes l'heure suivante à nous rompre le dos et les bras à la tâche. Heureusement nous fûmes récompensés de nos efforts intensifs.