La voiture s'arrêta net, me tirant tout aussi brusquement du sommeil. Je tressaillis et ouvris lentement les yeux. Ma tête était toujours sur le torse du prince, mais mon bras droit n'entourait plus son cou : il était retombé et ma main reposait sur sa cuisse. Je bougeai légèrement et sentis la main d'Aaron dans mes cheveux, qu'il caressait doucement. Gênée, je me décollai de lui et m'assis.
— Vous vous sentez mieux ? s'enquit-il.
Je hochai la tête et mes cheveux tombèrent contre ma nuque. Je fronçai légèrement les sourcils.
— Vous avez détaché mes cheveux, constatai-je, encore endormie.
— Oui, c'est mauvais de dormir avec les cheveux attachés. Je ne voulais pas que vous ayez mal au crâne en vous réveillant.
— Merci pour tout, et pour m'avoir laissé...
Je m'interrompis, ne sachant pas comment terminer cette phrase.
— Pour vous avoir laissé m'utiliser comme oreiller ? suggéra-t-il avec un petit sourire en coin.
— Je ne l'aurais pas dit comme ça, mais oui. Merci.
Il ouvrit la portière et je l'imitai de mon côté. Nous sortîmes.
— Il n'y a pas de quoi, me dit-il par-dessus la voiture. Vous êtes adorable quand vous dormez : vous faites des petits bruits très mignons.
Je rougis et claquai la portière.
— N'importe quoi ! Je ne fais aucun bruit en dormant !
Il rit.
— Si vous le dites.
Il passa de mon côté et nous nous dirigeâmes vers le palais.
— Je le dis, marmonnai-je.
Il secoua la tête et me tendit mon élastique. Je refis rapidement mon chignon. Il regarda mes mains d'un air curieux et s'en saisit quand j'eus fini. Je remarquai que mes articulations et le bout de mes doigts étaient couverts d'égratignures ; en prenant en compte les tiraillements dans mes jambes, je devinai que mes genoux devaient être dans le même état. Je baissai les yeux et grimaçai en voyant mes collants déchirés. Aaron suivit mon regard.
— Vous ne vous êtes pas ratée, commenta-t-il.
— Ouais, répondis-je en retirant doucement mes mains des siennes. Ce n'est rien, il faut juste que je désinfecte et que je me change.
Il acquiesça.
— Vous savez, je peux me passer de vous pour cet après-midi, si vous avez besoin d'un peu de temps pour vous reposer suite à ce qui s'est passé ce matin.
— Je vous remercie, votre Altesse, c'est très gentil, mais je préfère me remettre au travail.
Il respecta ma décision. Je me dépêchai d'aller désinfecter mes petites plaies et de changer de collants, puis je retournai auprès de lui. Les quelques heures suivantes se déroulèrent rapidement, que ce soit le déjeuner puis le rendez-vous de ce matin reporté en début d'après-midi. A certains moments, et pour à peine une seconde à chaque fois, Aaron me regardait, soucieux, comme s'il craignait que je m'effondre à nouveau. Je sentais qu'il avait envie d'aborder le sujet, mais qu'il n'osait pas. C'était curieux et dérangeant, considérant le fait qu'en général, il ne se gênait pas pour exprimer le fond de ses pensées. Et puis après tout il était le prince donc il pouvait bien se le permettre sans rien risquer. Là il hésitait ; mais la curiosité finit malgré tout par prendre le dessus.
On était en fin d'après-midi, dans sa chambre. Il était installé à son bureau – plus petit que l'autre, qui se trouvait dans son vrai cabinet de travail, dans lequel il bossait la plupart du temps -, occupé à je ne sais pas quoi. Je venais de repasser son linge dans la buanderie et j'étais donc occupée à le ranger minutieusement dans ses placards. Je l'entendis se lever mais n'y prêtai pas attention. Il s'écoula un court moment puis il prit la parole :
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Le Prince et la Panthère
RomanceLui, Aaron, se prépare à devenir roi d'un pays déchiré par des conflits de plus en plus violents. Le peuple se révolte, les rebelles se font de plus en plus nombreux et organisés. Aaron, coureur de jupons invétéré et arrogant, mais très bon combatta...