Je soufflai, soulagée. Lola était ma seule amie ici et presque ma seule amie tout court. Je réalisai seulement maintenant qu'elle comptait pour moi, et que la perdre était ce que je ne voulais pas ; ce que ma stupide fierté et ma stupide indépendance avaient failli entraîner. Lola était importante à mes yeux et je voulais que notre amitié continue encore longtemps, je voulais pouvoir partager d'intenses et uniques moments avec elle : le but même de toute amitié. Et, au fond, peu importait qu'elle soit pro-souveraine ou non : la personne, indépendamment des opinions politiques (sujet épineux que nous n'avions pas encore abordé) m'intéressait malgré tout. Son caractère, sa joie de vivre, bref sa personnalité entière faisait que je l'appréciais de jour en jour.
- Tant mieux, lui souris-je, parce que sinon, qui m'aurait aidé à re-décorer ma chambre ?
Elle sauta de joie. Après avoir vu ma chambre il y a quelques temps - triste à mourir, selon elle - elle n'avait cessé de me tanner pour que je change la décoration. Jusque-là, par flemme et manque d'envie et de temps, je m'y étais fermement opposée.
- Quoi ! s'écria-t-elle, me brisant les tympans au passage avec sa voix stridente. Tu veux bien qu'on change la déco ?!
- Pourquoi je te dirais ça si je ne voulais pas ? ris-je.
Ses yeux pétillèrent comme si je venais de lui offrir le plus beau cadeau dont elle puisse rêver.
- Tant mieux, parce que j'ai déjà regroupé des idées et des magazines, même si t'avais dit non au départ, m'avoua-t-elle d'une traite. Alors ! pour les rideaux, j'avais pensé à un...
Je laissai échapper un petit rire et ne prêtai qu'une oreille distraite à tout ce qu'elle me dit ensuite : pour ma décharge, étant nulle en déco, c'était un vrai charabia, qui continua jusqu'au dîner. Nous mangeâmes en effet toutes les deux et j'eus bien du mal à la faire taire. A la fin, je la menaçai de revenir sur ma décision ; j'eus ainsi droit à un peu de répit.
Après le repas, nous nous quittâmes en nous donnant rendez-vous dans la chambre des garçons un peu plus tard. Je devais en effet aller remettre mon rapport au prince. Seulement, je me tapai trois étages pour rien : il n'était pas dans ses appartements. Je tentai bien de négocier avec les deux mufles qui gardaient la porte, mais ils refusèrent de me laisser entrer pour déposer mon rapport. Au comble de l'exaspération, je leur lançai :
- Oh mais oui, c'est vrai que me laisser entrer deux secondes nuirait gravement à la sécurité nationale ! Qui sait ? Je serais capable de faire exploser la pièce avec mes supers doigts radioactifs !
Ils ne bronchèrent pas. Je levai les yeux au ciel.
- Est-ce que vous savez au moins où se trouve le prince ?
L'un haussa les épaules ; l'autre grogna un « non » dans sa barbe. Je soupirai et tournai les talons.
- Vous hommes, moi femme, grommelai-je à voix basse en m'éloignant. Bonjour l'évolution de la race humaine !
Je m'arrêtai un peu plus loin pour réfléchir à l'endroit où pouvait bien se trouver cet idiot de prince ; et à qui pouvait bien le savoir. J'étais tentée de lui envoyer un message avec mon téléphone de service, mais c'était fortement déconseillé et malpoli - pour un employé envers un noble - de s'en servir sans raison valable ; et curieusement, je sentais que celle-ci n'en était pas une bonne aux yeux de tout le monde. Je redescendis donc au rez-de-chaussée pour y chercher Anna. Je la trouvai dans le salon en compagnie de plusieurs serviteurs, dont cette pétasse de Laurine, avec qui elle conversait. Je m'avançai, interrompant sans vergogne leur discussion :
- Excuse-moi Anna. Sais-tu où se trouve le prince ?
Laurine ne lui laissa pas le temps de répondre et intervint en croisant les bras et en me jaugeant du regard :
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Le Prince et la Panthère
RomanceLui, Aaron, se prépare à devenir roi d'un pays déchiré par des conflits de plus en plus violents. Le peuple se révolte, les rebelles se font de plus en plus nombreux et organisés. Aaron, coureur de jupons invétéré et arrogant, mais très bon combatta...