L'après-midi passa en un éclair. Je passai plusieurs heures à m'affairer aux cultures puis m'installai dans un coin de la cuisine pour déplumer quelques poulets. J'avais à peine commencé que je vis débarquer une petite tête blonde. Loti me chercha un instant du regard, puis se dirigea vers moi. Elle plissa le nez, un instant dégoûté par le pauvre poulet mort que je m'échinais à déplumer, puis s'accouda à la table.
— Tu sais, je suis vraiment désolée pour tout à l'heure, souffla-t-elle.
Je lui souris.
— Je sais, oui.
Je me replongeai dans mon activité. Loti resta là sans bouger et se mordilla les joues en m'observant.
— Qu'y a-t-il, petite princesse ?
— Tu m'en veux pas, toi ?
— Non. Du moment que tu comprends la leçon.
— Je la comprends.
— C'est bien alors.
Je lui souris et réfléchis un instant, puis lançai :
— Je finis ça et après je te montre quelque chose.
— C'est quoi ? s'enquit-elle, impatiente.
— Tu verras, répondis-je, mystérieuse.
Je terminai de déplumer les quelques poulets qui se trouvaient sur la table, alors que Loti attendait à côté, sans rien faire pour cacher son impatience. Quand je me levai, elle sautilla sur place et m'emboîta joyeusement le pas en glissant sa main dans la mienne. Je l'emmenai dans ma chambre.
— Assieds-toi et ferme les yeux.
— Pourquoi ?
Je ris et lui fis signe de m'obéir. Elle soupira et fit ce que je lui demandais. Je sortis une petite malle de mon armoire et la posai devant la petite.
— Tu peux ouvrir les yeux, murmurai-je.
Elle les ouvrit doucement et désigna la boîte de la tête.
— Y a quoi dedans ?
Je me penchai vers elle et murmurai :
— Un secret. Il faut le dire à personne, d'accord ?
Elle inclina la tête, les yeux rivés sur la boîte.
— Tu comprends Loti ?
Elle hocha gravement la tête.
— Même pas à Rony ? tenta-t-elle.
— Non, répliquai-je fermement. C'est un secret. Il ne faut le dire à personne. Pas même à ton frère, du moins pas pour le moment. D'accord.
Elle hésita longuement puis me sourit.
— D'accord. C'est notre secret. Alors, y a quoi dedans ? Dis !
Je souris et ouvris la malle pour en sortir les affaires que j'avais récupérées au grenier. Loti m'observa en écarquillant les yeux.
— Ce journal, lui expliquai-je, appartient à ta mère, ainsi que les photos et les petits objets. Je sais pas le pourquoi du comment, mais ça s'est retrouvé au grenier. Ton père... le roi, voulait les faire brûler, mais...
— Pourquoi ?
— Parce que... oh et puis zut marre de la pommade. Parce que ton père n'est pas quelqu'un de bien, voilà.
— Ouais. Je sais. Il est méchant.
Elle n'avait même pas l'air triste, juste résignée, un peu comme si tout ça ne l'atteignait pas. Elle prit le journal en main et le feuilleta, grandement intéressée.
VOUS LISEZ
Le Prince et la Panthère
RomanceLui, Aaron, se prépare à devenir roi d'un pays déchiré par des conflits de plus en plus violents. Le peuple se révolte, les rebelles se font de plus en plus nombreux et organisés. Aaron, coureur de jupons invétéré et arrogant, mais très bon combatta...