Chapitre 9 : L'enquête (6)

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Je réfléchis.

- Un truc bizarre. Quelqu'un d'aussi consciencieux qu'un général ne laisserait pas ses clés à l'intérieur de son appartement, il n'oublierait pas de fermer la porte. Ce qui veut dire que les cambrioleurs avaient la clé, donc qu'il avaient au préalable réussi à lui subtiliser.

Aaron, appréciateur, hochait la tête à chacune de mes conclusions.

- A quel moment ? me demanda-t-il.

- Entre la dernière fois qu'il a quitté son appartement et l'heure du meurtre.

- Excellent, me complimenta-t-il, une parfaite enquêtrice sommeille en vous (je ris et il me détailla, les yeux pétillants). Maintenant, la question, c'est... ?

Je réfléchis quelques secondes.

- Si les cambrioleurs avaient la clé, alors pourquoi ont-ils forcés la serrure ?

- Exactement. Pourquoi, à votre avis ?

- Ils ont dû d'abord entrer avec la clé, puis décider de faire croire à un cambriolage (sans doute parce qu'ils n'avaient pas trouvé ce qu'ils cherchaient) et donc forcer la serrure pour renforcer la piste du cambriolage. Faire croire que tout cela n'était que l'œuvre de petites frappes et non de professionnels.

- Ce qui semble exclure les rebelles, renchérit-il. Eux ne cachent pas leur implication, au contraire de ce ou ces types.

- Alors pourquoi laisser la clé ?

- Justement parce que ce n'est pas le travail d'un professionnel.

Il me montra le second sachet.

- Plusieurs tickets de caisse, m'apprit-il. Ce mois-ci, il a notamment acheté plusieurs bouquets de fleurs, ainsi que des bouteilles de champagne et de vin de qualité, des bijoux et il y a plusieurs notes de restaurant très chics pour des tables pour deux. En sachant qu'il est marié et n'a pas revu sa femme depuis des mois, qu'est-ce que ça nous dit ?

- Qu'il a une maîtresse. Mais comment savez-vous que sa femme ne lui a pas rendu visite ces derniers temps ?

- Il est marié à Johanna Morrisson, médecin réputé et bénévole de Médecins sans frontières. Elle est actuellement en mission humanitaire au Kenya et n'a donc pas pu revenir voir son mari. Je le sais car son départ a fait le buzz sur les réseaux sociaux, elle est très réputée et appréciée. Son départ a donc suscité de nombreuses réactions de soutien.

- Donc il a une maîtresse.

- Oui, conclut-il. Reste à savoir de qui il s'agit. Il n'y a aucun indice apparent ici. Je vais quand même demander à l'équipe scientifique de venir inspecter les lieux, chercher des empreintes, de l'ADN..., mais ça m'étonnerait qu'on aboutisse à quelque chose de concret... On a fini ici, allons-y.

Je me rendis compte que nous venions de partager notre premier moment de pure complicité, sans prise de tête, juste en discutant et plaisantant. C'était vraiment agréable, et je pouvais toucher du bout des doigts une facette de ce prince si compliqué qui était des plus appréciables. Inutile de me leurrer plus longtemps, il y avait une part de lui qui me plaisait de plus en plus...

Une fois dans le salon, il rangea tous les sacs dans sa mallette tandis que je récupérai mon carnet et nous partîmes, après qu'il eut assigné l'un de ses gardes à la surveillance du coffre-fort jusqu'à l'arrivée des techniciens. A l'accueil, il demanda au gardien de l'immeuble de nous montrer les images des caméras de surveillances, mais nous n'y vîmes pas la maîtresse mystère. Nous apprîmes seulement que le comte avait pour la dernière fois quitté son appartement hier soir à vingt heures trente, juste avant le bal, ce qui signifiait qu'on avait sûrement dû voler sa clé pendant la soirée. Et malheureusement, il n'y avait pas de caméras dans la salle du bal, alors nous n'avions presque aucune chance de découvrir qui lui avait prise. Nous n'aperçûmes pas non plus les voleurs, car les caméras étaient bizarrement tombées HS entre une heure et deux heures ce matin, avant de se remettre à fonctionner normalement, et le gardien ne se souvenait pas avoir vu d'individu suspect. Chou blanc, sur ce coup-là.

Le Prince et la PanthèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant