Chapitre 14 : L'étalon rebelle (3)

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J'obéis et poussai doucement la porte pour pénétrer à l'intérieur. Le prince n'était pas dans une position très glorieuse et on sentait qu'il le regrettait amèrement : il était à moitié couché et rehaussé par quelques oreillers dans son dos qui le maintenaient en position mi-assise, et sa tête était enveloppée d'un épais bandage. Il n'avait pas l'air très en forme, et prêt à gerber au plus petit mouvement qu'il ferait.

J'avançai timidement pour entrer dans son champ de vision. Son regard se posa sur mon bras puis effleura mon visage sale et éraflé (comme il s'agissait de plaies superficielles, le médecin avait seulement désinfecté).

— Comment vous sentez-vous ? lui demandai-je poliment.

— Ça peut aller, hésita-t-il. Je suppose que ça aurait pu être bien pire, si vous n'aviez pas été là. Et vous alors ? Vous êtes blessée ?

Son ton inquiet et concerna m'arracha un petit sourire, autant que sa question à la réponse évidente au vu de mon état. Mais je ne lui fis pas remarquer, car cette attention me toucha néanmoins.

— Rien de grave.

Il hocha la tête pensivement, les yeux dans le vague, puis il se prit la tête dans les mains.

— Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Du moins tout est flou. Je sais que j'ai reçu ce coup sur la tête et qu'ensuite je suis tombé dans les vapes. Après c'est le trou noir, mais je me souviens que vous êtes tombée à côté de moi... et pour ce qui est du reste, le garde qui vient de sortir m'a narré le déroulé des évènements.

Il se tut quelques secondes et je respectai son silence.

— Vous m'avez vraiment sauvé la vie. Merci.

Je ne dis rien et il tapota faiblement le matelas à côté de lui.

— Asseyez-vous.

J'obéis après un moment d'hésitation, m'assis et continuai à regarder le prince. Il me prit la main et la caressa délicatement.

— J'ai été très pris cette semaine, alors je n'ai pas eu l'occasion de... m'excuser pour ce que j'ai fait. Pour le baiser. Non pas que je regrette de vous avoir embrassé, bien au contraire (je levai les yeux au ciel), mais je regrette beaucoup de l'avoir fait dans le but de vous humilier devant vos collègues. Je suis désolé.

— Merci. Pour vos excuses... Par contre si vous vous avisez de me refaire un coup pareil, je vous frappe si fort qu'il vous faudra vous déplacer en fauteuil roulant pour le restant de vos jours, c'est clair ?

— Il n'y a que vous pour avoir le cran de menacer un membre de la famille royale et vous en tirer totalement indemne, rit-il dans un souffle.

Je souris.

— Je dois aller travailler, murmurai-je.

— Je sais, mais là j'ai vraiment envie de vous garder tout près de moi, avoua-t-il sans détour avec une franchise qui me déconcerta.

— Vous ne pouvez pas, soulignai-je, je ne suis plus votre servante personnelle.

Il fronça les sourcils sous mon ton légèrement narquois et il se redressa, prenant appui sur son coude, pour rapprocher son visage du mien.

— Ah, fit-il, mais je peux tout. Je suis le prince.

Il étrécit les yeux et me fixa comme si j'étais la huitième merveille du monde. Il leva la main et me caressa la joue. J'eus l'impression que mon cœur se remettait à battre pour la première fois depuis une semaine. Je me détournai pour combattre ce sentiment et me levai. Le prince soupira et se cala de nouveau dans le lit. A la façon dont il gigota, je compris qu'il n'était pas à l'aise alors je l'aidai à remettre ses oreillers en place. Il me remercia et je sortis. A l'extérieur, Logan rongeait son frein en m'attendant. Il faut dire aussi que se trouver seul dans la même pièce que la princesse et la reine ne devait pas être hyper confortable pour lui. Quand il me vit, il me fit un sourire éclatant et s'approcha.

— Ça s'est bien passé ? me demanda-t-il à voix basse.

Saisissant l'implicite de la phrase, je souris tendrement et répondis d'une voix égale :

— Très bien. Dans l'état où il est il serait incapable de draguer ne serait-ce qu'une libellule.

Bon j'exagérais un peu, certes, mais ce que Logan ignorait ne pouvait pas lui faire de mal.

— Tant mieux, grogna-t-il en entourant mes épaules d'un geste possessif.

Je lui souris tendrement. Loti s'avança et me fit un câlin oui la reine, à ma grande surprise, demanda à me voir en privé un instant. Légèrement agacé, même si, pas fou, il n'en montra rien, Logan resserra un peu son étreinte. Je le rassurai du regard : après tout la reine était bien plus aimable que son mari et son fils, il n'avait pas à s'en faire. Je lui souris et suivis la souveraine dans le cabinet de son fils. Elle prit soin de bien fermer la porte derrière nous. Un court silence s'installa, qu'elle rompit après m'avoir détaillé des yeux :

— Je tenais à vous adresser quelques mots en privé.

Je hochai la tête et attendis. Elle passa une main dans ses longs cheveux aubrun et laissa tomber le masque. La reine majestueuse fit place à la mère inquiète : les jambes soudain flageolantes, elle s'assit sur le canapé derrière elle et me fit signe de la rejoindre. Je m'assis à côté d'elle et profitai qu'elle ait le visage plongé dans ses mains pour l'observer plus en détails.

La reine était vraiment une femme magnifique. Agée d'à peine cinquante ans, le temps n'avait pas encore laissé trop de traces sur sa peau lisse et douce qui ne souffrait de presque aucune ride. Seuls ses yeux – bleus comme ceux de son fils – laissaient transparaitre toutes les souffrances et les moments pénibles qu'elle avait endurés auprès du roi pendant toutes ces années. Même si je ne pouvais les voir pour le moment, je devinais qu'ils étaient fatigués et recouvert du voile de tristesse qui ne la quittait jamais. Elle jouait néanmoins son rôle à la perfection et tout en elle confirmait son statut de reine de France, que ce soit son impeccable tailleur, ses ongles parfaitement manucurés, ses escarpins ou sa coiffure compliquée.

Je songeai à tout ce qu'elle avait pu subir – et subissait sans doute encore – sous la coupe de son effroyable mari. Alors qu'elle était d'une grande douceur, le roi, lui, était cruel, méprisant, hautain et tyrannique. Beaucoup de rebelles détestaient la reine au même titre que le roi et le prince. Certains ne réfléchissaient pas vraiment, se contentant de la haïr au même titre que toute la famille royale et la majorité des nobles. Quant aux autres, ils ne l'aimaient pas car ils lui en voulaient de ne pas s'opposer à son mari et de le laisser mettre le pays à feu et à sang. Comme on dit : « Derrière chaque homme influent se cache une femme », ils pensaient qu'elle avait de l'influence auprès du roi et qu'elle était une femme de pouvoir. Je pensais exactement pareil avant de commencer cette mission, et je savais à présent que je m'étais lourdement trompée sur son compte. Le roi était un mégalomane cinglé que personne ne pouvait raisonner, même avec toute la bonne volonté du monde, et surtout pas avec le doux caractère de la femme qui se trouvait à côté de moi.

Je me rendis compte que même si je pensais (et sans doute à raison malgré tout) que je pensais par moi-même depuis que j'étais enfant, les idées, les idéaux et la façon de penser des rebelles avaient néanmoins ancré leur empreinte en moi et impacté (impactent toujours d'ailleurs) mon propre système de réflexion. Ce qui est un phénomène et processus normal de la vie, puisque tout ce qu'on voit, entend, sent et ressent s'imprime en nous et vient se greffer dans nos pensées, comme si elle en avait toujours fait partie. Mais j'avais jugé la reine, et bien d'autres choses d'ailleurs, sans avoir pris la peine d'analyser les situations, et ça ne me plaisait pas. J'y ferais plus attention désormais.

Coucou et désolée de poster si tard mais j'ai eu certains problèmes personnels qui m'ont coupé l'envie d'écrire, je vous passe les détails lol

donc je me suis remis à l'écriture cet aprèm, mais je promets rien pour la date de la prochaine partie, on verra

bref, je vous souhaite une bonne lecture, et, comme toujours, j'attends vos pitites étoiles et vos commentaires ^^

Bisous bisous mes amours!

Le Prince et la PanthèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant