Sa chute me parut incroyablement longue et en même temps si rapide ! Je voulus crier, mais le son resta bloqué dans ma gorge. Les sons autour de moi – les cris des nobles présents, ceux des serviteurs, les hennissements apeurés du cheval qui continuait à cabrer et menaçait à tout instant d'écraser le prince – étaient assourdis. Mais mon cœur, lui, je l'entendais battre à tout rompre dans ma poitrine. Ce fut lui qui me dicta ce que je fis ensuite, et qui était tout sauf rationnel.
Avant que Logan, pétrifié, n'ait le temps de saisir mon bras, je courus me placer entre le prince et les dangereux sabots qui n'arrêtaient pas de brasser le vent et de défier le ciel. Tétanisée, je ne pouvais pas en détacher mon regard, et je restai immobile. Je ne pus donc éviter un coup de sabots qui m'atteint au bras droit et me fis tomber à mon tour, juste à côté du prince, dont les yeux clos m'apprirent qu'il était inconscient. Du sang coulait de son front. Curieusement, je ne ressentais aucune douleur, alors que je savais que j'aurais dû avoir mal, vu l'état de mon bras qui bleuissait déjà. Tout comme j'aurais dû avoir peur. Mais je me sentais juste engourdie, et la scène me paraissait se dérouler au ralenti. Devant moi, l'animal avait blessé deux gardes qui tentaient de s'avancer pour protéger leur prince.
Ce qui était étrange, c'était que le cheval ne tentait pas de s'enfuir, il restait devant nous, ses yeux s'agitant furieusement. Des dizaines de personnes nous encerclaient, à une distance raisonnable de l'animal fou. Des nobles, avides de tout ce qui les sortait de leur monotonie, des serviteurs inquiets ou ravis du divertissement, et des gardes qui ne savaient pas bien comment réagir, et qui, vu la foule, ne pouvait pas tirer sur la bête au risque de blesser quelqu'un. La situation était au point mort, et n'allait sans doute pas tarder à dégénérer, car je compris que si le cheval ne bougeait pas, c'est qu'il avait peur. Probablement plus de nous que nous de lui. Le problème, c'est qu'il était encerclé, et que tout animal qui se sent piégé réagit. Il attaque.
Ce fut donc logiquement ce qu'il fit. Un nouveau cri lui fit littéralement perdre les pédales et il cabra de nouveau. Ses sabots retombèrent lourdement à deux centimètres de ma tête. Je déglutis.
— Kat ! cria quelqu'un.
C'était probablement Logan, mais je ne pris pas le risque de tourner la tête pour le vérifier. Le cheval recula un peu et cabra encore. Il était maintenant au-dessus d'Aaron. Encore une fois (ça commençait décidément à faire beaucoup) je réagis à l'instinct et me jetai sur lui pour faire rempart. En retombant, l'un des sabots heurta mon épaule. Si je n'avais pas bougé, il aurait atteint la poitrine du prince.
Cette fois-ci je ressentis une violente douleur et criai. Mon engourdissement sauta et je pus également sentir la brûlure de mon bras. Je pus également penser plus clairement en dépit de la douleur qui s'infiltrait insidieusement en moi. Je me levai, prenant appui sur mes deux bras malgré ma blessure, et fis face à l'animal. Ce dernier piaffa, frappant la terre avec ses sabots, s'apprêtant à recommencer ses acrobaties.
— Calme-toi, lui intimai-je doucement mais fermement.
Ses oreilles se dressèrent vers moi, prouvant qu'il m'écoutait, mais il ne réagit pas plus que ça et continua à bouger nerveusement. Mon père m'avait appris que les chevaux réagissaient à l'oreille, et que leur parler doucement était parfois le seul moyen de les ramener au calme, alors je ne me décourageai pas.
— Je sais que tu as peur, d'accord ? Je le sais bien. Ton maître est mort, et on vient de te faire parcourir je ne sais combien de kilomètres pour t'emmener dans un endroit qui t'est totalement inconnu. Tu es fatigué, et je sais que tout ce monde t'effraie. Mais tu ne dois pas avoir peur, tu entends ? Personne ne va te faire de mal. Personne.
Cela fonctionna. Le cheval se calma progressivement, cessant de cabrer à tout bout de champ. La tête droite, ses yeux ne quittaient pas les miens. Je m'approchai lentement et pris la longe en main. Il me laissa faire, en confiance.
— Là, tout va bien.
Les gardes saisirent l'occasion et avancèrent, leur uniforme, partiellement en cottes de mailles, cliquetant bruyamment. Cela suffit pour agiter de nouveau l'animal qui hennit et recula, plaquant les oreilles en arrière. Je raffermis ma prise sur la longe et fis signe aux gardes de ne pas s'approcher. Voyant que la situation manquait de dégénérer de nouveau, ils ne bougèrent pas. J'eus toutes les peines du monde à calmer la bête et usai de mots doux et de caresses. Quand je sentis qu'il était apaisé, je reculai en lâchant la longe et m'agenouillai vers le prince et le secouai doucement. Il était incroyablement pâle, et la plaie sur son front détonnait avec la blancheur de son visage.
— Votre Altesse !
Il papillonna des cils et ouvrit à moitié les yeux. Il semblait à peine conscient.
— Il faut m'aider votre Altesse, murmurai-je en passant un bras dans son dos. Allez levez-vous.
Il se redressa et put se lever avec mon aide. Il gémit de douleur en s'appuyant contre moi, et je dus m'aider de mes deux bras et de toute ma force pour ne pas fléchir. Il était vraiment lourd ! Je nous dirigeai lentement vers les gardes les plus proches, tout en gardant un œil prudent sur le cheval, qui ne fit pas un geste. Les gardes réceptionnèrent le prince et je pus revenir vers l'animal. Je pris à nouveau la longe, lui parlai encore un peu pour le calmer, et tentai de l'amener aux écuries. Il ne bougea pas d'un iota, refusant de me suivre. Il y avait trop de monde alors je demandai aux gardes de faire évacuer la zone, ce qu'ils acceptèrent, soulagés que la situation soit à peu près sous contrôle. Une fois les lieux dégagés, je pus emmener le cheval jusqu'à sa stalle, dans laquelle il entra sans broncher. Dés que le loquet de la porte fut abaissé, je vis débouler Logan, qui me prit violemment dans ses bras. Un peu surprise, je lui rendis son étreinte. Il était tremblant.
— Ne me refait plus jamais ça, tu entends !
Il s'écarta et pris mon visage entre ses mains. Je lui souris.
— Plus jamais.
Il m'embrassa longuement, puis, se rendant enfin compte que j'étais blessée, me prit par la main pour m'emmener consulter le médecin personnel de la famille royale. Situation exceptionnelle car d'habitude, seuls les membres de la famille royale ainsi que les nobles de passage avaient le droit de consulter ce médecin. Les serviteurs, eux, devaient se rendre en ville, ou appeler une ambulance si c'était grave. Logan m'expliqua que le médecin était un très bon ami d'Aaron, et qu'en apprenant ce que j'avais fait, et surtout que j'avais été blessée en le protégeant, il avait exigé que je vienne le voir pour qu'il puisse m'ausculter. Nous prîmes donc le chemin du palais.
Bouiah mes chouchou d'amours de ma vie à la crèmeuhhhh (le contrecoup de la canicule vous en faites pas ça va passerrrr)
Comment ça va dans les chaumières??
Moi ma foi je me sens biennnnnn même supra hypra méga biennnn parce que je gère côté histoire héhé et que je suis genre hyper contente de moi et de ma motivation de ces deux derniers jours desBref dites moi ce que vous pensez de ce bout de chapitre
Bisousssss
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Le Prince et la Panthère
RomanceLui, Aaron, se prépare à devenir roi d'un pays déchiré par des conflits de plus en plus violents. Le peuple se révolte, les rebelles se font de plus en plus nombreux et organisés. Aaron, coureur de jupons invétéré et arrogant, mais très bon combatta...