A quel prix ?

8 septembre 2015

Journée en dehors de l'hôpital. Ça me permet de souffler un peu et de voir mes collègues Chloé, Raphaël et Alexandre. On nous appelle « l'équipe de choc », un surnom qui nous va bien je trouve. On se connaît depuis plusieurs années et avec le temps une certaine complicité s'est installée entre nous. Le matin on a l'habitude de se retrouver dans le bureau de Raphaël pour prendre un café. Tout cela va me manquer, moi qui suis désormais arrêtée. Je leur ai déjà annoncé que j'étais malade. Tout du moins, j'ai prévenu Chloé, qui elle-même a prévenu Raphaël, qui lui s'est chargé de le dire à Alexandre. Ce soir, nous avons décidé de nous retrouver dans un bar de la capitale, un bar à champagne plus précisément car nous sommes tous des fans inconditionnels de cette boisson alcoolisée.
« Je suis contente de vous voir, franchement ça me fait plaisir », leur dis-je au moment de les retrouver.
Quelques instants plus tard, gagnée par l'émotion, j'éclate en sanglots :
« J'espère vraiment que je vais m'en sortir
- Mais oui Camille, tu vas guérir, répond Raphaël
- Ça va aller, ne t'inquiète pas, me dit Alexandre
- Je me le souhaite sincèrement mais le grade de la tumeur est élevé, c'est méchant, très méchant. Je ne me suis pas loupée, je n'ai pas fait les choses à moitié
- Ecoute tu es entre de bonnes mains dans un hôpital réputé, répond Chloé
- Et si on buvait un peu ? Champagnette ! Une bouteille de champagne monsieur s'il vous plaît, on en a bien besoin ce soir, rétorque Alexandre
- Oui champagne ! J'adore ça. Et puis autant en profiter car d'ici peu je ne pourrai plus boire avant un long moment
- Oui, on adore, n'est-ce pas Raphaël ?
- Tu sais bien qu'il ne faut pas trop me forcer pour le champagne. Chloé tu es aussi partante ?
- Bien sûr, on ne dit jamais non aux petites bulles ».
Le serveur finit par nous apporter ce précieux breuvage, chacun attendant avec impatience que le bouchon saute. Une fois nos verres remplies, nous trinquons tout en entrechoquant nos verres.
« Santé tout le monde !, dit Julien, qui nous a rejoint entre temps
- Oui, à ma santé et qu'elle dure encore quelques années ! ».
Nous enchaînons les verres toute la soirée, buvant plus que de raison. Nous rions aussi beaucoup. J'avoue que je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis plusieurs semaines. C'est un peu comme si je revivais l'espace d'une soirée, comme si ces quelques heures passées en leur compagnie me permettaient d'oublier cette dure réalité...