31 décembre 2015

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Je crois que je n'ai jamais autant apprécié ce Noël, si particulier cette année. Entourée de mes proches, j'ai tout fait pour en profiter au maximum même si mon état actuel me fragilise. Pour finir l'année en beauté, je dois aller aujourd'hui à l'hôpital pour ma quatrième chimiothérapie. J'aurai bien aimé déplacer la date de cette cure, mais le protocole reste le protocole. Le cancer ne me laisse pas de répit, même en période de fêtes. C'est lui qui gouverne ma vie et non pas l'inverse, enfin tout du moins pour le moment. Histoire d'amener un peu de gaieté dans le service de chimiothérapie, j'ai décidé de venir à l'hôpital avec un bonnet de Noël. Ce jeudi je démarre le deuxième protocole qui comprend un médicament anti-cancéreux à base de docétaxel. Je vais également avoir une injection d'anticorps, le fameux trastuzumab car mon cancer est HER2 positif. Ce type de tumeur a la particularité de présenter à la surface de ses cellules cancéreuses une quantité très importante de protéines HER2 : on dit de ce type de tumeur qu'elle surexprime HER2 ou qu'elle est HER2 positive. Près de 20 % des femmes atteintes d'un cancer du sein, présentent cette particularité. Autant la chimiothérapie détruit tout sur son passage, en tuant les cellules cancéreuses mais aussi en s'attaquant aux cellules saines autant cette thérapie ciblée, va bloquer plus spécifiquement cette protéine HER2, qui a la propriété de favoriser la croissance des cellules. Ce traitement d'immunothérapie fait que l'on va devoir mesurer ma tension régulièrement pour vérifier ma tolérance à ce produit dont le principal effet secondaire est le risque de toxicité pour le cœur. On peut vraiment dire que ce « remède » a nettement augmenté le pronostic de ce type de cancer du sein, qui avait auparavant mauvaise réputation vu son agressivité. Il y a 15 ans, on m'aurait considéré comme un cas désespéré car j'avais de grandes chances de récidiver et d'être emportée par la maladie. Dieu merci, nous sommes en 2015 et j'ai la chance de pouvoir en bénéficier.
Avant de démarrer cette nouvelle cure, j'ai comme à chaque fois un entretien avec un médecin, à qui je fais part de ma réaction allergique suite à la prise de cet anti-nauséeux:
« J'ai eu l'impression d'être dans un film d'horreur. C'était très sympa, je vous assure de voir sa tête tourner toute seule, vous voyez un peu comme dans le film L'exorciste...
- Ah oui, me dit-elle, effarée
- Rassurez-moi les nausées, c'est terminé ? Parce que l'effet gastro en continue, je n'en peux plus
- A priori non. Avec ce nouveau traitement, vous aurez plus la sensation d'être grippée
- Ah merci, je préfère de loin la grippe ».
Cette cure me contraint de rester une bonne partie de la journée en chimiothérapie. Ce que j'apprécie c'est que le personnel soignant est toujours attentionné dans ce service, prenant toujours le temps de parler aux patients. Je me demande même parfois comment font les infirmières, les aides-soignantes et les médecins pour endurer toute cette souffrance au quotidien. Sincèrement je les admire car je serai moi-même totalement incapable d'exercer leur métier.
Une fois sortie, je décide, cette fois encore, de me procurer des médicaments anti-vomito à la pharmacie. Ceux que je supporte. On ne sait jamais. A ma grande joie, aucun signe de nausées n'apparaît dans la soirée, ce qui me procure un profond soulagement. Par contre, une intense fatigue m'envahit quelques heures plus tard, j'ai froid et je frissonne dans mon lit à cause de la fièvre qui s'est abattue sur moi. C'est un peu comme si je tombais malade d'un coup et que j'avais attrapé une « fausse grippe »...  

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