6 octobre 2015 (suite...)

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Ma journée à l'hôpital n'est pas encore terminée car je dois encore faire connaissance avec un oncologue, un médecin spécialisé dans les traitements du cancer. C'est lui qui va m'annoncer le programme des réjouissances pour les prochains mois. Totale découverte. Dans la salle d'attente je remarque que la plupart des personnes sont plus âgées que moi. Des femmes de 40 ans je n'en vois pas ce matin
« Madame O. ?
- Oui
- Venez avec moi ».
Quelques instants plus tard, je me retrouve dans un nouveau bureau face à une jeune médecin un peu stressée.
« Comme on a déjà dû vous le dire, vous allez faire de la chimiothérapie. Vous suivrez 2 protocoles qui comprennent chacun 3 cures, soit 6 au total ».
Elle se saisit alors d'une feuille de papier sur laquelle elle dessine une frise chronologique.
« Chaque traitement aura lieu toutes les 3 semaines. A l'issue des 3 premières chimiothérapies, vous débuterez vos séances d'immunothérapie. Il y en aura 18 au total, soit une cure toutes les 3 semaines
- La première chimiothérapie aura lieu quand ?
- D'ici la fin du mois
- Je vais également faire de la radiothérapie ?
- Oui, après la chimiothérapie mais vous allez avoir un rendez-vous avec le radiologue à ce sujet prochainement
- Si je comprends bien, le traitement va durer jusque fin 2016
- Oui, sans oublier l'hormonothérapie pendant 5 ans. Voici un document à ce sujet mais on vous en reparlera plus tard. Pourriez-vous faire une échographie cardiaque avant de démarrer la chimiothérapie ?
- Oui ».
Je lui pose alors la question qui fâche et qui m'obsède :
« Est-ce que mon taux de récidive est élevé ?
- Vous êtes venue à temps...
- Ah oui...Je voulais aussi vous demander si j'allais perdre mes cheveux ?
- Il y a une forte probabilité pour qu'ils tombent, d'ailleurs voici une ordonnance pour que vous puissiez bénéficier d'une prothèse capillaire
- Non je vous remercie, je ne souhaite pas porter de perruque
- Prenez là, on ne sait jamais vous pourriez changer d'avis
- Ok mais cela n'arrivera pas
- Il faut aussi que je vous dise, il se peut que le traitement entraîne une ménopause...
- Définitive ?
- Oui c'est une possibilité étant donné votre âge ».
C'est ce qui s'appelle se prendre une belle claque en pleine figure. Vite que je sorte de cet hôpital car je ne me sens pas bien. Dans la rue, j'inspire et j'expire fortement pour me calmer. De toute façon, cette ménopause est une possibilité, alors attendons de voir. Ce qui m'intrigue c'est cette phrase « Vous êtes venue à temps ? ». Pourquoi m'a-t-elle dit cela ? Je ne comprends pas. De retour chez moi, je parcours de nouveau les conclusions de l'analyse de ma tumeur. Il s'agit d'un carcinome canalaire infiltrant de grade 3 possédant le statut HER2+. Lors de notre première entrevue, le chirurgien avait évoqué ce grade et son agressivité. Je savais qu'il était élevé mais après quelques recherches sur internet, je découvre qu'il s'agit du grade le plus élevé, ce qui signifie que la tumeur est très agressive, que son évolution est rapide et que les risques de propagation sont élevés. Gloups. Quant au statut HER2+, le chirurgien m'en avait déjà parlé en me précisant que je devrai suivre un traitement spécifique, plus précisément une thérapie ciblée. Ce matin, il m'a simplement confirmé ce que j'avais déjà lu sur la toile et que m'avait déjà dit un autre médecin : ce cancer était de mauvais pronostic avant l'arrivée de l'immunothérapie il y a 15 ans. Mais alors pourquoi suis-je venue à temps selon l'oncologue ? Cette question m'obsède. Aujourd'hui le chirurgien m'a annoncé que ma tumeur est localisée à mon sein droit et que les ganglions ne sont pas touchés. Je sais par ailleurs que le bilan d'extension n'a pas révélé la présence de métastases. Voulait-elle en fait tout simplement me dire que j'ai été diagnostiquée à un stade précoce (le stade 1) car la tumeur n'a pas eu le temps de se propager à d'autres parties de mon corps ?  

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