27 octobre 2016

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Quinzième cure d'immunothérapie à l'hôpital. Comme à chaque fois, je patiente avant de rejoindre la salle des soins du service de chimiothérapie. Ce matin je profite de cette attente pour discuter avec une patiente :« Vous savez, me dit-elle, je suis un traitement depuis sept ans car mon cancer du sein est métastatique
- Vous voulez dire qu'il s'est propagé à d'autres parties de votre corps ?
- Oui, à mes poumons. Je viens à l'hôpital toutes les trois semaines pour mon traitement. Je prends du trastuzumab, un produit qui permet de stopper la prolifération des cellules cancéreuses
- Moi aussi je prends du trastuzumab
- Ah oui ? Vous avez aussi des métastases ?
- Non ma tumeur était localisée uniquement à mon sein droit et ce médicament sert dans mon cas à prévenir la rechute. Ce n'est pas trop contraignant de venir toutes les trois semaines depuis si longtemps ?
- Vous savez, je m'y suis habituée, c'est devenu une routine. Et puis sans ce médicament, je ne serai plus là. La science a fait des progrès énormes dont je peux bénéficier aujourd'hui
- La recherche nous permet à vous et moi d'être toujours en vie
- Effectivement, sans ce traitement, on ne serait probablement jamais rencontrées
- C'est certain
- Grâce à ce produit miracle je mène une vie quasi normale
- Tant mieux. Vous le supportez bien ?
- Ça va, je ne me plains pas. Et vous ?
- Mon coeur montre quelques signes de faiblesse en ce moment
- Ah mince, vous allez devoir l'arrêter ?
- Pour l'instant, non. J'espère pouvoir le suivre jusqu'au bout. Normalement la dernière injection a lieu le 29 décembre prochain
- Je vous le souhaite en tout les cas ».
En écoutant cette femme, j'ai compris qu'on pouvait vivre avec un cancer à un stade avancé pendant de nombreuses années. Moi-même, je ne pensais pas que c'était possible car le chirurgien m'avait dit qu'on ne guérissait pas d'un cancer qui s'est propagé à d'autres parties du corps sous forme de métastases. J'imaginais alors que toutes les personnes concernées n'avaient aucune chance de vivre très longtemps. Je me trompais. On a fait d'énormes progrès qui permettent à cette femme d'être toujours là et de mener une vie presque normale depuis sept ans. Personne ne pourrait deviner qu'elle est malade tant elle paraît en forme. Elle a toujours ses cheveux, ce qui me fait me dire que le cancer est parfois invisible aux yeux de tous. Dans tous les cas, c'est grâce à la recherche que cette femme et moi sommes toujours en vie. Cette recherche est indispensable et il faut continuer à la soutenir pour qu'on parvienne un jour à venir à bout de ce crabe, pour qu'on le mette à terre, pour toujours...  

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