A quel prix ?

3 novembre 2015

Avant ma prochaine cure, j'ai rendez-vous avec mon médecin généraliste pour une séance d'acupuncture afin d'atténuer les effets secondaires de la chimiothérapie. Elle m'est d'un grand soutien psychologique, prenant le temps de m'écouter et faisant preuve d'une certaine empathie, une qualité rare de nos jours. Nous rions aussi beaucoup lors de nos entrevues et pour moi cela vaut tous les antidépresseurs du monde. Aujourd'hui, elle évoque avec moi cette capacité qu'ont certaines personnes à triompher des épreuves de la vie :
« Vous savez, me dit-elle, vous faites preuve de résilience...
- C'est-à-dire ?
- Vous avez cette force qui vous aide à surmonter ce cancer
- Vous savez, je ne cherche pas à être une wonder woman, loin de moi cette idée. Tout ce que je veux c'est m'en sortir car je suis encore jeune. Et puis je ne suis pas du genre à rester les bras croisés à attendre que cela passe, à être une victime passive, vous voyez. Ce n'est pas moi
- Tant mieux
- Finalement cette épreuve me donne encore plus la rage de vivre
- C'est bien
- Du coup j'utilise tous les moyens possibles pour lutter contre cette maladie, à commencer par la chimiothérapie. Je ne pourrai pas m'en vouloir de ne pas avoir essayé. Dans la vie mieux vaut avoir des remords que des regrets
- Je vous comprends
- Parfois il m'arrive encore de pleurer. Cela me fait du bien mais après je me dis que cela ne va rien à changer à ma condition de malade. Il faut aller de l'avant et se battre. Les gens ne se rendent pas compte comme la vie est belle quand on est en bonne santé. C'est quand vous vous retrouvez au bord du précipice que vous en prenez encore plus conscience
- C'est vrai. Dans tous les cas, vous êtes résistante je vous l'assure. Dites-vous aussi que le mental joue beaucoup dans la guérison
- Il paraît que c'est 50 % de la guérison alors je préfère rester positive même s'il m'arrive aussi parfois d'avoir des idées noires et de penser à la mort, c'est normal après tout ? C'est humain... Toutes les personnes qui vivent la même chose que moi, y pensent à un moment donné. Enfin j'imagine que cela doit leur effleurer l'esprit...
- Ne dites pas cela, vous allez vous en sortir
- En tous les cas, je fais tout pour. Et surtout je n'ai qu'une hâte, c'est que la chimiothérapie se termine rapidement. Il faut que je tienne encore 3 mois.
- Cela va vite passer, vous allez voir. Et vous allez guérir, ne vous inquiétez pas ».
Comme à chaque fois, je ressors boostée et confiante de ce rendez-vous, prête à affronter une nouvelle cure de chimiothérapie et finissant même par penser que ce lourd traitement ne sera plus qu'un mauvais souvenir d'ici quelques mois....