La soirée d'hier a été difficile, je n'ai pas cessé de pleurer. La nuit, je n'ai quasiment rien dormi. En me levant ce matin je n'arrive toujours pas à réaliser ce qu'il m'arrive. Est ce que je ne serai pas en train de rêver ? Visiblement non. Est ce que j'en parle autour de moi ? Le mieux pour l'instant c'est de rester discrète sur ma nouvelle situation médicale et d'aller travailler. Dans mon bureau, le dos bien calé sur mon siège, j'essaye de me concentrer sur un dossier. On ne peut pas dire que je sois très efficace ce matin. J'ai même beaucoup de mal à faire quoique ce soit préoccupée que je suis par le rendez-vous de ce soir. A un moment donné, je me demande même si je ne serai pas mieux chez moi et j'hésite à rentrer. Vers 17h00, ne tenant plus, je quitte mon bureau. Le rendez-vous avec le médecin n'étant pas avant 18h00, je décide d'y aller à pied. Une heure plus tard, j'arrive à son cabinet et je m'installe dans la salle d'attente. Quelques minutes passent et le médecin finit par me recevoir.
« Vous verrez, cela n'est pas grand chose, me dit-elle. On va vous opérer pour vous retirer cette tumeur puis vous suivrez des séances de radiothérapie
- Vous savez je me doutais que ce n'était pas bon. Quand j'ai fait ma mammographie, la radiologue m'avait déjà dit à demi-mot que c'était un cancer du sein
- Elle n'avait pas à vous dire cela, c'est au médecin traitant de vous annoncer les résultats de votre biopsie. Personne d'autre. Vous imaginez si vous tombez sur une personne fragile, elle pourrait avoir envie de se jeter dans la Seine...
- Effectivement, c'est une idée qui peut vous effleurer l'esprit dans un moment pareil
- Pour vous soigner je vous conseille un hôpital à Paris spécialisé dans le traitement des cancers du sein. Vous verrez, il se trouve dans un beau quartier de la capitale, c'est important vous savez d'être entourée de belles choses surtout quand on est confronté à une épreuve comme celle-ci
- Oui et surtout lorsque l'on a que 41 ans. Je me dis que cela n'est vraiment pas de mon âge tout cela mais bon c'est comme ça. Le cancer touche malheureusement tout le monde, y compris les enfants
- Oui, c'est vrai. Dites-moi comment va Julien ?
- Il est choqué, il ne comprend pas ce qu'il nous arrive
- Je comprends, l'important, c'est qu'il vous soutienne dans cette épreuve. Si vous en êtes d'accord, je vais appeler l'hôpital et prendre rendez-vous
- Oui, faisons comme cela
- Je vous tiens au courant, tenez bon, vous allez vous en sortir
- Oui il le faut absolument
Je retrouve Julien à la sortie qui est venu me chercher :
- Je ne comprends pas, franchement je ne comprends pas, me dit-il
- Moi, non plus. Je suis sous le choc
- Oui, moi aussi. Que t'a dit le médecin ?
- Elle va prendre rendez-vous pour moi dans un hôpital spécialisé dans le traitement de ce type de cancer
- Tu vas l'annoncer à tes parents ?
- Non pas tout de suite, laisse-moi du temps, c'est encore trop tôt. Il faut d'abord que je digère, je ne suis pas prête
- En attendant, allons manger quelque chose dans le quartier, ça nous fera le plus grand bien
- Oui tu as raison, j'ai besoin d'un verre
- Moi aussi, voir même deux ou trois !".
Nous décidons alors de nous rendre dans un restaurant vietnamien où nous commandons quelques verres d'alcool, histoire de nous détendre un peu. Durant le repas, Julien me pose des questions mais je ne l'entends pas car je suis ailleurs, perdue dans mes pensées : Suis-je vraiment malade ? Non, tu ne peux pas être malade. Pas toi. Une fois rentrés, je ne peux pas m'empêcher de regarder à nouveau ma dernière mammographie. Elle est classée ACR5, ce qui veut dire qu'il existe une anomalie évocatrice d'un cancer (cette anomalie se trouve dans mon sein droit et fait presque 2 centimètres). Les conclusions de la biopsie n'ont fait que confirmer le diagnostic : il s'agit d'un carcinome canalaire infiltrant de grade 3, les récepteurs aux œstrogènes et à la progestérone sont positifs (l'intensité du marquage étant fort), et la tumeur surexprime la protéine HER2 (3+). Qu'est ce que cela veut dire ? Je n'en ai pas la moindre idée. Il y a 2 ans, j'avais déjà effectué cet examen pour la première fois de ma vie. Tout était parfaitement normal. Comment est-il alors possible que cette tumeur se soit développée en si peu de temps ?
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A quel prix ?
AlteleJe m'appelle Camille et en août 2015 à 41 ans, j'apprends que je suis atteinte d'un cancer du sein agressif de grade 3, un cancer que l'on ne savait pas soigner il y a 15 ans. Cette maladie je vais devoir la combattre avec des traitements lourds dur...