12 novembre 2015

4 2 0
                                    

A mon réveil, je retrouve des myriades de cheveux sur mon oreiller. Une fois debout, ils continuent de tomber sur mes épaules, ce qui me fait comprendre que c'est vraiment la fin. Je n'ai plus le choix, il faut que je fasse quelque chose là maintenant tout de suite pour remédier à ce problème capillaire. Je pars alors en quête de ma tondeuse, celle que Louise m'a prêté en cas d'urgence. Quelques minutes plus tard, j'entreprends de me raser la tête car une petite égalisation s'impose. L'opération est terminée en 5 minutes. Dans le miroir, ce n'est plus moi que je vois mais le cancer. Ça y est, il est là devant moi et je ne peux plus le cacher. Quel étrange sentiment que de se voir sans cheveux. Je sais qu'il faut en passer par là pour guérir mais je sais aussi qu'il va me falloir du temps pour m'y habituer. La seule fois où je n'ai pas eu de cheveux dans ma vie, c'était au moment de ma naissance. Sans le vouloir, je me retrouve à nouveau dans cette situation, comme si finalement j'étais en train de naître une deuxième fois. Comme si finalement je remettais les compteurs à zéro et que je démarrais ma deuxième vie. Je remarque également que mon crâne est plutôt bien dessiné, chose que j'ignorais complètement avant de me raser la tête. Je décide de garder en souvenir quelques mèches pour m'aider à faire le deuil de ma féminité ces prochains mois. Je sais que c'est provisoire car ma crinière si enviée, renaîtra un jour plus belle et plus chatoyante que jamais. Ce n'est qu'une question de temps. J'envoie ensuite une photo de ma nouvelle coupe à Louise et Julien :
« Très punk », me répond-on.
Je préviens également ma mère :
« Tu comprends j'ai préféré me débarrasser de mes cheveux pour anticiper les effets des traitements, lui dis-je alors
- Mais pourquoi as-tu fait cela ?
- Et bien ça me laisse du temps pour m'habituer à ma nouvelle tête ».
En lui annonçant aujourd'hui la perte de mes cheveux, elle va pouvoir se préparer tout doucement à l'idée de me retrouver à Noël sans cheveux. Selon le planning que nous avons établi avec Marie, Julien et Louise, mes parents savent seulement depuis quelques semaines que je suis malade. Je leur ai annoncé par téléphone très rapidement sans jamais prononcer le mot cancer. J'ai finalement eu beaucoup de facilité à leur dire, sans être dans l'émotion, ce qui m'a permis d'en parler calmement et sereinement. Pour eux, l'opération a eu lieu fin octobre et je n'ai pas encore débuté la chimiothérapie, le démarrage « officielle » du traitement étant prévu pour le 7 décembre prochain. Ce qu'ils ne savent pas non plus c'est que cette cure sera en fait déjà la troisième et non pas la première. Comme nous en avions convenu, j'ai préféré leur annoncer que la chimio se résumerait à 4 cures en tout et pour tout...  

A quel prix ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant