7 novembre 2015

5 2 0
                                    

Je n'ai pas eu le courage ni la force d'annoncer la maladie à mes amies Juliette et Emma. Du coup, c'est Louise qui s'est en chargée pour moi. C'est difficile de redire toujours les mêmes choses, enfin ce genre de choses. On a jamais très envie. Qui plus est, ce n'est pas le genre de nouvelles qu'on a envie de crier sur les toits. Dès qu'elles l'ont su, elles m'ont appelée et nous avons convenu de nous voir ce samedi. Cette rencontre tombe au bon moment car je suis encore présentable, mes cheveux étant encore bien vissés sur ma tête. C'est fou comme je n'arrête pas de les toucher en ce moment, un peu comme si je voulais encore profiter d'eux, le peu de temps qu'il nous reste à passer ensemble.
« Comment vas-tu ?, me demande Juliette
- Pour l'instant ça va, regarde mes cheveux ne m'ont pas encore abandonnée
- Tu es très bien, franchement, qui pourrait deviner ce que tu vis, me dit Emma
- Non, personne ne peut le savoir effectivement enfin du moins pas pour l'instant. La maladie est encore invisible aux yeux de tous. Le jour où l'on ne perdra plus ses cheveux, on aura fait de grands progrès en chimiothérapie. Quoique certaines chimios n'entraînent pas d'alopécie mais ce n'est pas mon cas...
- Ahhh...
- C'est comme cela, il faut faire avec. C'est un mauvais moment à passer...
- On a pensé à toi d'ailleurs, me dit Emma
- Ah oui ? ».
Elles me tendent alors chacune un cadeau que je m'empresse d'ouvrir.
« Merci pour le livre Juliette, c'est très sympa. Au moins je ne pourrai pas m'ennuyer durant ces longues journées d'hiver. Je vais avoir de quoi m'occuper. Et puis ça m'intéresse de lire le parcours de cette jeune femme atteinte d'un cancer du sein à 30 ans. Il n'y a pas beaucoup de témoignages sur ce sujet. C'est bien qu'elle ait fait ce livre... Encore merci...
- Je t'en prie ».
Je m'empare alors du second paquet :
« Des produits de beauté, un puzzle, tu m'as gâtée Emma !
- C'est normal, il faut aussi te faire du bien !
- Oui j'ai désormais tout mon temps pour penser à moi. Et puis ce n'est pas parce que je vais perdre mes cheveux et que la chimiothérapie m'épuise qu'il faut que je me laisse aller. Dès que je le peux, je me lève le matin, je m'habille et je me fais belle car je ne veux pas que la maladie soit le centre de ma vie...
- Cela ne peut que t'être bénéfique
- Oui j'essaye également d'avoir des activités pour m'éviter de penser tout le temps à la maladie
- C'est bien tu es active
- Ca me donne l'impression d'être toujours dans la vie. Tu connais la chanson de Sandrine Kiberlain ?
- Laquelle ?
- Tu sais celle où elle chante qu'elle se fait du bien en s'envoyant des fleurs et en se coulant un bain
- Non je ne le connais pas...
- Et bien moi aussi, je me fais du bien, dès que je le peux en lisant, en regardant des séries TV, en me baladant dans Paris...
- Tu as bien raison
- Désormais j'apprécie encore plus les plaisirs simples de la vie...».  

A quel prix ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant