6 octobre 2015

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Trois semaines sont passées depuis l'opération. La première semaine aura été la plus difficile mais désormais je vais beaucoup mieux. Aujourd'hui je vois le chirurgien qui va m'annoncer les résultats de l'analyse de la tumeur et du ganglion sentinelle. J'espère que cela va bien se passer. Je l'espère de tout cœur. Dans la salle d'attente où je patiente avant ce rendez-vous important, une femme m'interpelle :
« Vous attendez vous aussi pour voir le chirurgien ?
- Oui, oui
- Il est spécial vous ne trouvez pas
- Disons que la diplomatie n'est pas son fort
- Vous savez quoi, je le trouve très brutal, très dur, avec les patients
- Ce n'est pas faux
- C'est un vrai dragon, n'est ce pas ?
- Un peu parfois », lui dis-je en rigolant.
Il est vrai que, face à un malade atteint d'une pathologie grave, faire preuve d'un peu d'empathie, un tout petit peu, me paraît essentiel. Pour le patient c'est difficile de se retrouver en face d'un technicien dont la mission principale consiste à vous sauver la vie. La personne malade ressent aussi parfois le besoin de se sentir écoutée, ne serait-ce quelques minutes. Mais alors que nous discutons, mon tour arrive enfin. Comme je m'y attendais l'entretien est une nouvelle fois expéditif :
« Votre tumeur est uniquement localisée à votre sein. Le ganglion analysé n'est pas atteint. Déshabillez-vous que je regarde votre cicatrice »
Soulagée, je prends une grande respiration, puis je m'exécute. Il m'ausculte alors très rapidement :
« Ok. Tout va bien. Je vous avais dit que vous alliez faire de la chimiothérapie?
- Oui, oui je l'ai bien en tête ».
Tout en me rhabillant, je lui demande alors :
« Je voulais savoir si j'allais forcément perdre mes cheveux ?
- Oui, oui...
- Ok. Dites-moi, est-ce que les personnes qui ont un cancer travaillent ?
- Certaines oui, d'autres non, c'est une décision très personnelle. Vous savez ce n'est pas une maladie honteuse
- Et j'avais encore une autre question : suis-je de bon pronostic ? »
Son regard devient alors fuyant :
« Oui, oui... ».
A ce moment-là, je me demande s'il me dit vraiment la vérité pour ne pas me faire peur ni me décourager. Je sais qu'il possède des statistiques qui lui donnent des indications quant aux chances de survie d'une personne. Qui sait, peut-être que je suis de mauvais pronostic. Je continue alors :
« J'ai cru comprendre qu'il y a 20 ans, on ne savait pas soigner le cancer HER2+
- J'ai connu le cas d'une patiente qui souffrait du même type de cancer que vous il y a 15 ans. Elle traînait cela, on lui a alors proposé un traitement d'immunothérapie et elle s'en est sortie
- On peut donc remercier la recherche
- Oui, tout à fait. Vous savez que vous avez ensuite rendez-vous avec votre oncologue, qui va vous annoncer votre protocole de chimiothérapie. Vous verrez, elle est très bien ».
A ma sortie, je suis tellement soulagée parce que je viens d'apprendre. Non le cancer n'a pas eu le temps de se propager aux ganglions. Je suis soulagée, tellement soulagée. Néanmoins j'ai trouvé cette attente interminable. Il m'aura fallu 2 mois pour connaître la progression exacte de la maladie. 2 mois, c'est long, c'est très long...  

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