« Je ne veux pas te perdre... »

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-26 mai 1643-

Mes mains sont, désormais, attachées à mon ventre. J'ai, comme, l'impression que je ne dois pas le lâcher. Je suis terrifiée à l'idée qu'il lui arrive du mal.
Je rejoins Edward dans notre chambre. Il est assis sur le lit, pensif. Ses sourcils sont froncés. J'aimerais qu'il me parle mais il ne le fait pas. Il met sa tête dans ses mains.

- Edward ? Comment vas-tu ? Tu as l'air tracassé..., dis-je en restant à une certaine distance de lui.

Il se retourne brusquement. Surpris ? Il ne m'avait sans doute pas entendue. Il s'efforce de sourire mais je lis très clairement dans ses yeux qu'il ne se sent pas bien.

- Oui, mon amour, je vais bien.

- Edward... Je ne suis pas idiote, je vois que tu ne vas pas bien... Parle-moi.

- Je t'assure, Eléonore, je vais très bien !

- Je suis ta femme... Tu ne te rappelles pas ? Au début de notre relation, chacun avait ses petits secrets. Nous n'arrivions pas à se comprendre. Ça ne t'a rien appris ?! Je t'en prie, dis-moi...

Il soupire puis s'approche de moi.

- Je pense que les Suédois ne vont pas tarder à riposter encore une fois. Ils ont ce désir de vengeance que je ne supporte pas ! Nous les avons battus, certes, mais temporairement. Ce n'est qu'une histoire de temps avant qu'ils ne s'en prennent aux villages. Puis, à toi, et au bébé...

- Tais-toi, je murmure. Je ne les laisserai pas faire ! Je...

- Tu ne pourras rien contre eux... Ils sont beaucoup trop puissants...

- Mais pour le moment nous n'en sommes pas encore là. Sortons ! Cela te changera les idées. Nous pouvons aller voir les gens du peuple, les aider...

- Arrête avec cela ! s'écrie-t-il. Nous ne pouvons pas sortir de l'enceinte du palais, nous ne pouvons pas nous permettre de nous exposer à d'éventuels meurtres ou... On pourrait nous enlever et demander une rançon ! Certains pourraient t'humilier en pleine rue ! Nous n'avons rien à faire dehors ! Et encore une fois, ce n'est pas un travail de reine ! Quand est-ce que tu comprendras...

Je le regarde, déboussolée et apeurée. Je recule tandis que lui réalise ce qu'il vient de me dire. Il s'approche de moi, hésitant, sachant très bien qu'il vient de m'effrayer. Il essaye de ne pas faire de gestes brusques. Je me tapisse dans un coin de la chambre et m'accroupis. Des larmes perlent sur mes joues et ma tête est enfouie entre mes genoux.

- P-pardon... je ne voulais pas...

Il pose une main sur mon épaule mais je le repousse violemment.

- Va-t-en, j'ai compris maintenant !

- Non, je...

- Va-t-en ! Je ne veux plus te voir !

Il ne se fait pas prier et sort de la chambre. Je m'effondre sur le sol et sèche mes larmes. Je décide de décomposer la situation. Je suis allongée sur le sol, les cheveux éparpillés, la robe, relevée jusqu'à mes genoux et la main sur mon ventre. Je suis seule dans la pièce car je viens de me disputer avec mon mari. Il n'aime pas la manière avec laquelle je protège mon peuple. Il ne veut pas que je m'approche de ces gens. Il a peut-être raison, mais il y a des gens mauvais comme des gens bons sur ces terres. Il ne faut pas voir le mal partout.
Il faut que je prenne en compte aussi le fait qu'il est tendu. Il a peur de me perdre... Moi et l'enfant que je porte. Il a peut-être besoin de plus d'affection. Pourtant j'ai l'impression de lui en donner assez...
Mais je suis moi-même, étrange en ce moment. L'envie de pleurer grandit en moi de jour en jour, je me sens mal, j'ai l'impression de toujours faire les mauvais choix, de ne servir à rien et pour couronner le tout, de ne plus plaire au roi. Ce sentiment, aurait-il un lien avec la grossesse ? Sûrement... Il ne faut pas que je le laisse s'en aller. 

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant