~1 mois plus tard~
-3 juin 1642-
Ma blessure ne me fait presque plus mal mais la cicatrice reste là pour me rappeler ma seule journée passée avec le prince. Est-ce cela qu'il veut ? Que mon seul souvenir de lui soit cette journée ?
Enfin, ce n'est pas important...
- Eléonore !
C'est Natasha qui m'appelle, j'ai passé toutes mes journées à discuter avec elle, c'est une femme vraiment amusante et surprenante ! Elle est surtout ravissante, je comprends pourquoi le prince a succombé. En pensant à cela, j'ai une pointe de jalousie qui fait surface au fond de moi... Et pourtant, je ne l'aime pas et ça j'en suis certaine.
Elle m'a raconté l'enfance du prince et m'a parlé des gens de la Cour, elle m'a présentée.
- Eléonore, toujours en train de lire ces petits papiers, rit-elle.
- Toujours, je réponds simplement.
- Venez avec nous faire une promenade, la Reine n'y invite que peu de personnes. Alors, il y aura vous, moi, elle et heu... Kristen et Rebecca et bien sûr le duc Henri de Solberg.
Kristen est la cousine de la Reine et Rebecca est sa fille. Toutes deux ne sont pas très sympathiques et plutôt hypocrites. Le duc de Solberg est un vieil homme qui possède de nombreuses terres et qui fût veuf plus de trois fois, dans sa vie. Kristen veut absolument marier sa fille à cet homme mais évidemment Rebecca n'en a pas envie. La pauvre...
- Allez, accompagnez-moi, sinon je vais m'ennuyer.
- Alors demandez aux servantes de me préparer et annoncez à la Reine que j'irai avec vous.
- J'y cours !
Une seconde plus tard, les servantes sont là et m'habillent élégamment d'une robe rose, très à la mode. Je suis coiffée d'une sorte de chignon enroulé d'une tresse. Avant de partir, je me poudre un peu le nez.
Les autres sont dans le jardin, ils m'attendent alors je presse le pas. En me voyant, ils se lèvent et démarrent une ballade dans l'immense jardin du château.
La Reine Ingrid et Kristen partent devant et discutent quant à Rebecca, elle esquive les avances du duc de Solberg. Natasha et moi sommes à l'arrière de la troupe et parlons de tout et de rien quand elle s'arrête et me fait un large sourire.
- Pourquoi me regardez-vous de cette manière ? je demande en souriant franchement.
- J'ai une nouvelle qui ne vous laissera pas de marbre.
- Abrégez, vous me torturez là, je m'exclame.
- Le prince arrive demain soir, un messager est venu annoncer son arrivée ce matin à la Reine et elle a jugé bon de me le dire. Vous savez, j'ai une immense confiance en la Reine. Elle peut peut-être paraître froide au premier abord mais c'est une femme très compréhensive. Enfin, je ne m'attarde pas plus sur le sujet !
Il faudra que vous vous fassiez toute belle pour son arrivée, je vais vous aider à trouver une robe digne de la Reine de Norvège ! J'ai tellement hâte.- Je ne sais pas si je pourrais... Je ne suis pas du genre à me pavaner pour charmer !
- Vous plaisantez ?! Toute la France pourrait témoigner que vous vous mettez parfaitement en valeur que ce soit pour des événements ou pour rien, vous aimez attirer le regard !
- Comment savez-vous ? je demande, surprise.
- Ça se voit à des kilomètres, princesse, que vous aimez prendre soin de vous.
Et puis tout le monde sait que vous charmez n'importe qui se mettant dans votre passage... Même si vous ne faites pas exprès, s'empresse-t-elle d'ajouter.- Mais je ne peux pas le critiquer pendant un mois pour le draguer à sa simple venue. Puis il se doutera de quelque chose...
- Vous n'avez pas compris..., rigole-t-elle. Vous n'irez pas le charmer directement. Écoutez, vous vous habillerez de façon à attirer l'attention mais vous n'irez pas lui parler. Laissez le venir vers vous. Faites comme si qu'il vienne ou pas vers vous, vous indiffère.
Ça le rendra fou. En bonus, vous pourriez aussi aller voir d'autres hommes et leur parler de manière assez... provocatrice mais faire comme si vous ne faisiez pas exprès ! Vous saisissez ?- Oui je commence à comprendre...
- Bien, je vous apprendrai d'autres petites astuces comme cela pour le charmer. Ce petit jeu commence à me plaire, dit-elle, satisfaite.
Nous continuons de marcher dans les jardins et admirons les plantes de ma future propriété. Personne ne parle.
- Natasha ?
- Oui, princesse, elle se tourne vers moi.
- Est-ce que vous sauriez si quelqu'un me veut du mal au château ? Comme une raison pour laquelle je devrais m'y tenir loin...
- N... non. Quelqu'un vous veut du mal ? demande-t-elle, intriguée.
- Eh bien, d'après le prince, il pourrait devenir veuf.
- Je suis navrée, je n'en savais rien. Je vais faire plus attention à vous maintenant... Après tout, nous sommes amies, non ?!
Je lui souris.
- Évidement ! Mais vous me le diriez si vous apprenez quelque chose à ce sujet ?
- Bien sûr, si je peux faire quoi que ce soit pour vous.
Nous terminons la balade vers la fin de la journée. Après avoir dit au revoir à tout le monde, je m'apprête à rentrer dans les appartements quand la Reine m'interpelle.
- Éléonore ?
- Oui ?
- Je... je voulais juste prendre des nouvelles de votre blessure...
- Eh bien, le traitement marche beaucoup mieux que ce que j'espérais mais il ne faut pas que j'appuie dessus.
- Je voulais aussi vous dire que le prince arrive demain soir...
- Natasha m'en a touché quelques mots.
- Je voulais aussi savoir si notre marché tient toujours ?
- Oui si vous m'assurez que je pourrais bien rentrer chez moi.
- Évidemment... Aussi, je voulais vous conseiller de ne pas vous prendre au jeu de mon fils.
- Je ne comprends pas.
- Il est probable qu'il veuille vous séduire mais ne prenez pas cela trop personnellement. Ils aiment savoir qu'il plaît aux femmes alors ne vous entichez pas d'un homme comme lui...
- D... D'accord, de toute façon ce n'est pas dans mes plans de tomber amoureuse... On sait tous très bien que ce mariage n'a rien de passionnel.
- Je suis heureuse de l'entendre de votre bouche. Bonne nuit, Eléonore.
- Bonne nuit, Ingrid, dis-je avant d'emprunter les escaliers pour rejoindre ma chambre.
Le comportement d'Ingrid est très étrange, et me laisse parfois perplexe. Dans sa manière de parler, par exemple. J'ai l'impression qu'elle me veut du mal et pourtant elle est tout ce qui se rapproche d'une deuxième mère pour moi, alors qu'est-ce qui ne va pas chez elle ?
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Secrets Royaux
Historische RomaneFrance, 1642. Le royaume fait faillite à cause d'une guerre perdue... À cette époque, les mariages arrangés sont de coutume alors c'est la solution que l'on juge la plus raisonnable pour sauver la France. C'est malheureusement la cadette de la fami...