"Si je reste"

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-17 novembre 1645-
Lever du jour.

Je me réveille en un léger frisson. Les draps sont abaissés à mes chevilles, mes cheveux sont éparpillés sur mon oreiller et mes bras et mes jambes s'étendent sur toute la surface du lit. Edward est parti depuis longtemps, son côté est froid. Sans pouvoir contrôler quoi que ce soit, je sens une grande inquiétude monter en moi.
Je me précipite vers le berceau et soupire de soulagement en voyant Amund agiter joyeusement ses bras et ses jambes. Je le caresse tendrement en souriant puis je le prends dans mes bras. Je le presse contre moi en lui murmurant des mots doux à l'oreille.

Dans mon dos, la porte s'ouvre et je me sens sursauter brièvement. Je me retourne et croise le regard d'Edward. Il me jette un regard gêné. Je comprends directement qu'il ne désirait pas me retrouver dans sa chambre en revenant. Je me mords la lèvre inférieure discrètement en reposant mon fils dans son berceau.

- Pardonne-moi... Je comprends que... ce qui s'est passé hier soir... ou plutôt cette nuit enfin, je... que cela ne signifiait rien pour toi, je balbutie d'une faible voix en triturant nerveusement mes doigts. Je tenais tout de même à... à te remercier pour ce que tu as fait pour... pour moi. Sans toi, je...

Je ne finis pas ma phrase, trop honteuse de parler de cela. Je baisse tristement le regard en allant prendre le châle bordeaux posé étrangement sur une chaise. Je me couvre avec et m'efforce de lui sourire avant de le dépasser et de poser ma main sur la poignée de la porte.

- Ne pars pas..., lâche-t-il d'une voix si fragile que je doute d'avoir bien entendu. 

- Q-quoi ? dis-je lentement, incompréhensive.

- Reste avec moi, lance-t-il en se rapprochant de moi. Si tu t'en vas, tu ne reviendras jamais.

Je plonge mes yeux dans les siens, hésitante, tentant de déceler une quelconque ironie à travers ses paroles. Mais il demeure sérieux tandis qu'il entremêle ses doigts avec les miens.

- Combien de temps cela durera-t-il avant que tu ne te lasses de moi ? je demande faiblement.

- Je ne me lasse jamais de toi..., murmure-t-il avec un sourire en coin sur son visage.

- Je t'en prie, ne me dis pas cela..., dis-je en souriant amèrement à mon tour. Ne me laisse pas espérer...

- Je ne te laisse pas espérer, chuchote-t-il tandis que nos nez se frôlent d'une lenteur insupportable. Je suis à toi... Maintenant, tu décides si tu restes ou si tu pars.

- Si je reste... Cela durera combien de temps entre nous avant que notre amour ne se brise en de milliers de morceaux ? je demande doucement, abasourdie par ses propos hallucinants.

- Au moins toute une vie, susurre-t-il en déposant ses lèvres contre les miennes.

Je profite de cet instant précieux en le pressant un peu plus contre moi. Je ne parviens pas à me rendre compte de ce qui en train de se produire... Je ne pensais pas que cela pouvait arriver un jour : lui et moi, réconciliés et amoureux.

- Jure-moi que tu n'auras pas changé d'avis d'ici demain, je murmure en appuyant mon front contre le sien. 

- Je ne changerai jamais d'avis..., souffle-t-il en approchant ses lèvres des miennes afin de reprendre notre étreinte passionnée mais je recule en souriant doucement. 

- Pourquoi maintenant ? dis-je lentement. Tu m'as laissée de nombreux mois mais... maintenant tu réclames mon amour. Qu'est-ce qui a changé ?

- Rien n'a changé, murmure-t-il en me caressant la joue. Je n'ai pas cessé de t'aimer, je... j'étais simplement anéanti par ce que tu as organisé dans mon dos et par l'humiliation que j'ai subie suite à cela. Je n'avais plus confiance en toi... en nous. 

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