Secrets Royaux

Marianne

-13 décembre 1643-

Je sors du carrosse, le regard illuminé par la splendeur de la demeure de Léon.
Ma robe effleure l'herbe, tandis que j'aperçois Léon sortir de sa grande maison, tout sourire. Je souris à mon tour. Je prends mes filles avec moi et me retourne vers lui. Je donne mes filles à une servante.
Astrid se remet à pleurer alors qu'Héléna embrasse toute la belle propriété de ses grands yeux bleus.
Il accourt vers moi, me prend par la taille et me fait un baiser sur chaque joue. Cela faisait une éternité. Oui, une éternité...

- Cela fait longtemps que j'attendais votre visite, murmure-t-il.

- Pardonnez-moi, mon bon Léon.

- Ne vous en faites pas... Vous avez maigri, je me trompe ?

- Je l'ignore.

Je pose ma tête sur son épaule. Une présence si réconfortante, si familière. Je tourne mon regard vers la maison, puis aperçois une femme dans l'encadrement de la porte, un petit garçon à quatre pattes entre ses jambes.
Une grande peine traverse son regard. Je me décolle, alors, de Léon, me rendant compte que c'est totalement inapproprié. Je ne suis qu'une amie... Comment sa femme va-t-elle me voir à présent ?

Il ne comprend pas mon geste si brusque. Il regarde alors dans la direction que je regarde avant de s'exclamer :

- Pardon ! J'en oublie les convenances !

Il se précipite vers la femme qui doit être la sienne. Il prend ma main m'entraînant vers eux.

- Marianne, je te présente Eléonore, tu sais, je t'en avais parlé...

Elle hoche la tête, souriante. Les cheveux bruns comme Léon mais les yeux verts. Très jolie, sans surprise.

- Eléonore, voici ma femme, Marianne.

- Enchantée, Marianne, dis-je, m'efforçant de sourire.

- Ravie de vous connaître princesse, souffle-t-elle. On m'a... beaucoup parlé de vous.

Je souris de plus belle avant de me pencher vers l'enfant assis sur le sol.

- Et ce bout de chou ? C'est Antoine ?

A l'entente de son prénom, le jeune garçon relève la tête.

- Exactement, sourit sa mère. Il a déjà treize mois... Et vous, vous en avez aussi, je me trompe ?

- Non, elles sont dans les bras d'une servante, devant le carrosse.

J'appelle la servante en question qui vient vers nous.

- Elles sont toutes belles...

- Merci, la brune s'appelle Héléna. La blonde s'appelle Astrid, dis-je en essayant de la calmer. Elles ont...

Je marque une pause, faisant le calcul des mois qui ont suivi.

- Trois mois et demi. Et... leur père, mon mari est absent pour quelques temps, je m'empresse de dire pour ne pas recevoir la question.

- J'aimerais avoir une fille, murmure alors Marianne.

Léon sourit tendrement et lui embrasse la tempe. Elle plonge son regard vert dans le sien tandis qu'il récupère Antoine dans ses bras.
Moi, je me contente d'être spectatrice de la scène. Et pourtant, j'aimerais pouvoir faire la même chose avec mon mari...
Nous quittons l'entrée pour aller dans une autre pièce où nous mangeons.

- Vous ne reprendrez pas de lapin, demande doucement Marianne.

- Non, je m'en excuse... J'ai un peu perdu l'appétit depuis quelques mois.