-4 avril 1645-Je relève la tête et constate qu'Edward se tient devant moi.
- Le conseil est terminé ? déduis-je simplement.
- À l'instant, murmure-t-il. Comment se fait-il que tu sois si triste ? Il s'est passé quelque chose ?
- Non..., dis-je en me frottant lentement la tête. Ce... doit être les aléas de la grossesse.
- À propos de cela, ta grossesse devient chaque jour plus visible, il serait peut-être temps de l'annoncer officiellement.
- Je le ferai. En temps voulu.
- Bien, conclut-il, heureux. Allons manger.
Je m'assieds lourdement sur ma chaise et sens de nouveau ma tête tourner. Je me concentre sur l'assiette devant moi et tente d'avoir l'air en bonne forme.
Le repas est servi et je fais mine de m'intéresser aux sujets de conversation, un sourire forcé plaqué sur mes lèvres.- Tu ne manges pas ? soupire Edward, à ma droite.
- Si, je prononce en saisissant une fourchette.
Je prends un morceau de viande et l'apporte à ma bouche. Je déglutis avant de mâcher longuement l'aliment.
A peine avalé, je vomis mon précédent repas. La salle se mue en un silence et je sens mes joues pâlir. Des servantes sont appelées et je suis rapidement reconduite à ma chambre et lavée.
Vegard arrive immédiatement et sourit en comprenant.- Je ne suis point malade, me plains-je en me redressant sur mon lit.
- Pour sûr, affirme-t-il. Ce n'est que la grossesse.
- Je le sais bien, alors pourquoi me renvoyer dans ma chambre ?
- Vous avez besoin de repos et de force.
- Je ne peux me permettre de me reposer en ces temps-ci, dis-je fermement en me relevant. J'ai beaucoup trop à faire.
- Prévenez donc tout le château que vous attendez un enfant. Ainsi, ils seront rassurés de votre état et vous pourrez vaquer à vos occupations tranquillement.
Je lâche un soupir. Un silence pesant s'installe avant que je me décide à reprendre la parole.
- Comment va Héléna ?
- Un peu mieux. Le médecin Iversen s'occupe très bien d'elle. J'espère la revoir sur pieds très prochainement.
- Serait-ce possible ?
- Tout est possible, ma reine. Il faut simplement y croire, susurre-t-il.
- Faites... Faites-moi appeler lorsqu'elle sortira de son lit, dis-je, troublée par son ton ferme.
- Je n'y manquerai pas, acquiesce-t-il en s'éclipsant.
Je le regarde s'en aller, puis sors à mon tour de la chambre et me rends dans la salle du piano où j'entreprends de jouer quelques accords. Mes doigts glissent sur les touches blanches et noires tandis que ce que m'a soufflé Vegard tourne en boucle dans ma tête : « Tout est possible, il faut simplement y croire. ». Ma respiration se calme. Les partitions défilent sous mes yeux jusqu'à ce que l'on m'interrompe.
- Tu joues toujours du piano, déclare Edward en entrant dans la pièce.
- Oui... Ça fait passer le temps pour une femme comme moi, et j'y prends un certain plaisir, une satisfaction.
Il m'observe malicieusement en souriant. Il ferme la porte derrière lui et s'approche de moi.
- Ne crois-tu pas que tu devrais te reposer ?
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Secrets Royaux
Historical FictionFrance, 1642. Le royaume fait faillite à cause d'une guerre perdue... À cette époque, les mariages arrangés sont de coutume alors c'est la solution que l'on juge la plus raisonnable pour sauver la France. C'est malheureusement la cadette de la fami...