Secrets Royaux

« Nous nous sommes fiancés »

-29 septembre 1643-

Cela doit faire une bonne heure que la soirée a commencé et je suis accompagnée de Natasha.
Nous discutons tranquillement quand je vois ma sœur au loin, se diriger vers nous.
J'accours vers elle, ravie.
Puis, plus elle s'approche de moi, plus je la vois, fulminante.
Elle a l'air très en colère !
Je la regarde craintivement, ne sachant pas si je suis la cause de sa colère.
Elle se poste en face de moi.

La gifle résonne dans toute la salle.
Je frotte ma joue.
Que me veut-elle ?!
Les invités se sont tus.
Ils ont formé un cercle autour de nous. Je vois des larmes dégringoler le long de ses joues.

- Viens par là, je murmure en la prenant par le bras.

Nous nous éclipsons pendant que des chuchotements se créent.
Je l'entraîne dans une pièce sombre.

- C'est quoi ton problème ! dis-je, énervée. Tu es au courant que tu m'as humiliée devant des centaines de personnes, là !

Elle me lance un regard des plus meurtriers.

- Qu'est-ce que tu lui as dit ?! hurle-t-elle.

- À qui ? je lance, sèchement.

- À Simon !

- Mais... à propos de quoi, Isabelle ?!

- De moi... de Natasha ! parvient-elle à dire.

Ses yeux sont embués de larmes.
Je comprends immédiatement ce qu'elle veut dire.

- Je ne lui ai rien dit ! Je lui ai dit de te demander.

- Il est venu me voir en me disant que j'avais quelque chose à lui avouer..., se confie-t-elle, plus calme.

- Il m'a dit qu'il n'arrivait pas à aimer Natasha alors je lui ai dit que c'était mieux comme ça, finalement.
Il m'a, évidemment, demandé pourquoi. Alors, je lui ai dit de te demander.

- Tu n'aurais jamais dû, souffle-t-elle.

- Je sais, pardonne-moi.

Elle hoche la tête douloureusement.

- Tu lui as dit, alors ? je demande, timidement.

Elle me regarde étrangement.

- Tu n'y penses pas ! Je lui ai simplement dit que je ne voyais pas de quoi tu parlais. Mais tu sais...
Je ne pense pas qu'il comprendrait.
Il est très gentil et sage mais il ne me verrait plus comme avant et ça, je ne le désire pas. Il ne sait pas ce que c'est et il m'en voudrait, je pense. Ne lui dis rien, je t'en prie.

- Bien... Et le prince d'Italie ?

- Le frère du Roi ?

- Oui.

- Eh bien, j'y suis fiancée. Et il ne désire pas briser nos fiançailles.
Il est adorable... mais je ne l'aime pas. Je sais que je vais finir ma vie, enchaînée à lui, mais je m'y suis faite... Évidemment, je ne pourrai pas vivre la vie dont je rêvais mais je m'estime assez chanceuse comme cela.

- Que tu es bonne, ma sœur. Comment peux-tu penser, un seul instant, que tu es heureuse dans ses bras ?

- Je n'ai pas dit que j'étais heureuse. Je dis juste que c'aurait pu être cent fois pire...

Je hoche tristement la tête.

- Tu veux revenir avec moi, dans la salle de bal ? je lui demande gentiment.

Elle secoue la tête. Puis se retourne.

- Je n'ai pas le cœur à faire la fête, murmure-t-elle en s'en allant.