"Qui était-ce ?"

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-15 juin 1645-
Deux mois plus tard.

- Héléna, fais-je tendrement. Héléna, ne t'éloigne pas trop !

Je la regarde suivre un petit papillon jaune dans les jardins du palais. Elle s'est parfaitement remise de son étrange maladie, pour mon plus grand bonheur. Nous sommes assises dans l'herbe et je la suis du regard pour vérifier qu'elle ne parte pas trop loin.

- Maman, s'énerve Astrid, à mes côtés, en tirant sur ma robe de sa petite main pour attirer mon attention. La poupée...

- Oui, mon ange. Que veux-tu ? Jouer à la poupée ?

Je déplie un petit napperon que je dépose sur l'herbe et la laisse installer maladroitement la petite vaisselle de poupée. Je dépose de l'eau dans les petites tasses.

- Fais-lui boire du thé à ta poupée, lui dis-je tendrement. Comment s'appelle-t-elle ?

Elle relève ses yeux brillants vers moi en faisant bouger ses bouclettes blondes adorables. Mais elle semble ne pas comprendre.

- Elle a un prénom, ta poupée ? je répète tranquillement.

- Ebba, acquiesce-t-elle, fièrement.

- Mais Ebba, c'est le prénom de la dame qui s'occupe de toi, ris-je en lui embrassant la joue. Tu ne veux pas lui donner un autre prénom ?

- Bianca ? propose-t-elle, hésitante.

- C'est un très joli prénom, ta poupée va être très contente de s'appeler comme cela !

Puis j'entends des pleurs enfantins s'élever bruyamment, un peu plus loin. Je comprends que c'est Héléna qui a dû tomber en se précipitant à la poursuite du petit papillon.

- Attends-moi là, je murmure à Astrid. Reste sage !

Elle acquiesce tranquillement en installant sa poupée devant sa dînette. Je me relève et constate, surprise, qu'elle est dans les bras de son père qui l'embrasse tendrement sur le front en la consolant. Je suis touchée devant cette petite scène qui se déroule devant mes yeux mais où je ne peux intervenir. Puis quand son regard croise le mien, son sourire se mue en une expression impénétrable et je le vois murmurer quelques mots à notre fille. Quand elle acquiesce gentiment de la tête, il se penche en avant et la laisse me rejoindre avant de tourner les talons et de s'en aller froidement.

- Alors, dis-je en la prenant dans mes bras, tu es tombée ?

- Oui..., répond-elle.

- Que t'as dit ton père, à l'instant ? ne puis-je m'empêcher de demander après cette scène.

- Plus tomber, sourit-elle.

- C'est tout ? fais-je, déçue.

Elle hausse les épaules et je devine qu'il a dû lui autre chose qu'elle n'a pas compris. Je me rassieds à la place où j'étais et la prends sur mes genoux.

- Regarde, on jouait à la poupée avec A-

- Votre majesté, m'interrompt un garde, veuillez me pardonner pour ce dérangement mais un homme désire vous voir, il est français, il me semble...

- Vous a-t-il dit son nom ? dis-je impassible.

- Non, mais je crois avoir compris qu'il est le roi de France... Il vous attend dans le salon où vous recevez vos invités.

- Il fallait le dire plus tôt, lui souris-je. Appelez une servante pour qu'elle puisse s'occuper de mes petites filles, je vous prie.

Je m'éloigne rapidement et atteins le château. J'entre dans la pièce où mon frère est censé se tenir.

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant